Médecins de la Grande Guerre
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Mary Borden créa des
hôpitaux durant la Grande Guerre mais aussi durant la Deuxième Guerre
Mondiale ! Mary Borden Incroyable Mary Borden ! Cet adjectif résume la vie impressionnante de Mary Borden qui fit, avec audace et courage tout au long de sa vie, des choix de vie extrêmement atypiques pour une femme de sa génération. Née en 1886 aux Etats-Unis dans une famille fortunée tant du côté paternel que du côté maternel, Mary, que nous nommerons désormais par son diminutif « May » grandit à Chicago dans une immense maison bourgeoise située sur la célèbre avenue « Lake Shore Drive » bordant le lac Michigan. May connut là une jeunesse favorisée au milieu de ses quatre frères. Lake shore Drive était encore à ce moment fort peu peuplé et les plaisirs de la vie au grand-air étaient nombreux. Sa vie était rythmée par les promenades, le patin sur glace en hiver, la natation, l’équitation. May excella dans tous ces sports mais devint aussi une lectrice passionnée grâce à l’immense bibliothèque paternelle et c’est très tôt, que May se découvrit une vocation d’écrivaine.. Une enfance perturbée par une mère devenue obsédée par le péché. Vers l’âge de huit ans, son enfance fut cependant fort perturbée par la conversion de sa mère aux enseignements de l’église fondamentaliste fondée en 1864 par le pasteur Lyman Moody. Convaincue de culpabilité, obsédée par le péché, la maman de May transforma petit à petit l’ambiance joyeuse de la maison en une atmosphère austère et sévère. May, pour garder sa sérénité, apprit progressivement à relativiser les croyances que sa mère essayait de lui inculper à tout prix. Elle y parvint au prix de beaucoup d’efforts et de crises tout en trouvant dans l’écriture un précieux exutoire. Agée de 15 ans, Mary fut envoyée dans une école privée, le « Ry Seminary » située à New-York et tenue par les deux sœurs Stowe. Elle y reçut une éducation classique très soignée qui se termina à 17 ans par un passionnant voyage de fin d’études en Europe. Elle fut ensuite admise au « Vassar college » situé dans la vallée de l’Hudson, à 100km de New-York. Cette institution était la première institution américaine à offrir aux femmes un enseignement académique complet. Le « Vassar College » forma quantité de femmes émancipées comme, par exemple, Alice Huyler Ramsey qui fut la première femme à traverser en voiture tous les Etats-Unis en 41 jours en ayant usé 11 jeux de pneus. A cette époque, confirmant ainsi ses goûts littéraires, Mary devint la présidente de la « Dramatic Society » du collège. Le séjour de May au collège fut hélas assombrit, en avril 1906, par le décès de son père adoré. Son chagrin fut immense malgré l’héritage impressionnant qu’elle reçut et qui la rendit financièrement indépendante ! La première chose qu’elle fit avec son argent fut un acte généreux ; elle attribua au « Vassar College » une bourse permettant chaque année d’offrir à une étudiante peu nantie un voyage d’une année entière en Europe. Un tour du monde qui se termina par un mariage May termina ses études l’année suivante. Elle désirait voyager et accepta le compromis dicté par sa mère : un tour du monde « religieux » pour visiter les missions de la « Moody Church ». En mars 1908, après un séjour à Yokohama, May séjourna à Lahore en Inde, et c’est là qu’elle rencontra Douglas Turner, un jeune missionnaire d’origine écossaise qui appartenait à la « Young Men’s Christain Association ». Huit jours après leur rencontre, les deux jeunes gens se fiancèrent. Une décision d’une rapidité surprenante ! Que voulait réellement May ? Vraisemblablement, la jeune femme était mue par le désir de devenir rapidement indépendante. A cette époque, en effet, seul le mariage permettait de se défaire de l’autorité parentale. May se voyait ainsi libérée de la mainmise que sa mère imposait à sa vie tout en lui donnant en « cadeau », un beau-fils comme elle en rêvait, un homme religieux consacrant sa vie à l’église missionnaire. De Lahore, May continua son voyage vers l’Inde et puis l’Egypte. Cinq mois après ses fiançailles, elle retrouva Douglas, en Suisse et se maria le 28 août à Lausanne. Le premier chapitre de sa vie venait de se conclure. Les premières années d’un couple mal assorti. En septembre 1908, May retourne avec son mari à Lahore et en août 1909 donne naissance à son premier enfant, une fille nommée Joyce puis, en août 1910, à sa seconde fille nommée Comfort. La même année, paraît deux courts récits de sa plume se déroulant en Inde avec un contexte religieux important. En février 1911, le couple voyage en Europe et loue une maison à Tours où Mary peut se reposer. Elle écrit alors un roman complet « the Mistress of Kingdom » sous le pseudonyme de Bridget Mclagan. Ce roman se base sur sa propre expérience. Il raconte les tourments d’une jeune fille face à une mère convertie à l’église évangélique puis l’échec de son mariage avec un époux missionnaire. A la fin de 1912, May et Douglas Turner retournent à Lahore avec l’intention d’y achever leur terme et de liquider leurs avoirs avant de retourner définitivement en Europe. En mars 1913, on les retrouve à Londres où Douglas a trouvé du travail dans une organisation religieuse luttant contre la pauvreté. En avril 1913, May doit cependant quitter sa famille pour aller soigner son frère au Caire, missionnaire comme son mari Douglas, et qui venait d’être hospitalisé pour une méningite. May resta deux semaines à ses côtés avant qu’il ne décède. De retour en Angleterre, elle fit paraître en 1913 sa deuxième nouvelle « Collision » toujours sous le même pseudonyme, sans aucun doute employé par crainte des réactions de sa mère devant ses opinions très peu conventionnelles. Ce récit se passe en Inde et révèle les problèmes multiples des autochtones confrontés à la civilisation occidentale. L’héroïne du roman est l’épouse d’un administrateur anglais qui renonce à sa vie facile mais superficielle après avoir retrouvé une amie militant pour l’égalité des sexes. Les deux jeunes femmes voyagent alors ensemble dans la colonie tout en se mêlant intimement à la population locale. Bientôt, elles rêvent de libérer et d’éduquer les Indiens... Un chemin qui sera parsemé de nombreuses embûches. En automne 1913, May se fit remarquer parmi les suffragettes en lançant durant une manifestation devenue célèbre, une pierre contre la fenêtre du Treasury building. Elle fit alors cinq jours de prison. Malgré les différents de plus en plus grands entre les deux conjoints, May et Douglas entreprirent en décembre 1913, une traversée de l’Atlantique pour aller passer les fêtes de Noël dans la famille de May. De retour à Londres, May engagea un artiste Wyndham Lewis pour décorer sa maison. La vie conjugale avec son mari Douglas devenant de plus en plus décevante, May s’éprit de cet artiste et une relation amoureuse clandestine et compliquée se maintient quelques mois entre les deux amants durant l’été 1914. May, volontaire à la Croix-Rouge française malgré ses trois jeunes
enfants La guerre éclata et Douglas s’engagea dans les London Scottish Territorial Régiment. May donna naissance à sa troisième fille nommée Mary le 29 novembre. Impatiente d’offrir sa contribution à l’effort de son pays, May résolut de se porter volontaire à la Croix-Rouge Française. Malgré qu’elle fût mère de trois jeunes enfants dont un nourrisson (elle confia ses enfants à une nourrice) et qu’elle fût sans aucune expérience dans le métier d’infirmière, May s’embarqua pour la France en janvier 1915 et commença un travail de nurse dans le casino de Malo-les-Bains transformé en un hôpital militaire français. Elle écrivit plus tard cette première expérience au contact des blessés dans un court récit « The beach ». Rapidement, May, manifestement douée, acquit expérience et connaissance dans l’art infirmier. Il faut dire qu’elle ne se ménagea pas et qu’elle accepta les taches les plus rebutantes afin de connaître toutes les facettes du métier. Après seulement quelques semaines, May rentra en conflit avec la directrice du nursing, Mlle Jacquier qui refusait le travail de nuit aux infirmières. Les malades étaient laissés sous la garde d’un brancardier alcoolique, May et ses collègues anglaises entamèrent, malgré l’interdiction, un rôle de garde nocturne. Mise au courant, Mlle Jacquier prit des mesures disciplinaires et renvoya May. May prit alors l’initiative de proposer par écrit au général Joffre de subsidier elle-même une ambulance qu’elle mettrait au service des soldats français à la seule condition d’en être nommée la directrice du nursing et de pouvoir recruter elle-même ses propres infirmières en Angleterre. Les besoins en soins étaient immenses et l’offre de May fut acceptée. May estima la dépense à 4.000 livres et l’entretien de l’hôpital à 200 livres par mois. Elle rassembla le matériel acheté et engagea le personnel infirmier en Angleterre. Elle disposait de 12 cabanes démontables dont une était consacrée à la salle d’opération, une à la cuisine et aux magasins et deux comme dortoirs mis à la disposition des infirmières et du cadre français. 9 véhicules étaient prévus pour transporter l’hôpital et servir d’ambulances. May parvint à convaincre Douglas de déménager à Paris pour qu’elle puisse se rendre plus souvent et plus facilement auprès de ses enfants. May Borden à la tête d’une ambulance mixte franco-britannique à Beveren.
May auprès de son chariot de soins.. En juillet 1915, Mary voit ses efforts couronnés de succès. Son hôpital, l’hôpital chirurgical mobile N°1 est installé à Beveren en Belgique derrière l’Yser pour offrir des soins aux soldats français épaulant les Anglais dans la saillant d’Ypres. L’hôpital n°1 est situé non loin de l’hôpital militaire belge tenu par le Dr Derache. Le staff de l’hôpital comptait 70 personnes. Les infirmières anglaises étaient sous l’autorité de May aidée par une matrone américaine, Agnes Warner. Dans ses premiers mois d’existence, l’hôpital se fit remarquer avec un taux de mortalité extrêmement bas (5%) qui faisait la fierté de May. Le Roi Albert et la Reine Elisabeth vinrent en visite et remirent plusieurs décorations aux blessés. En janvier 1916, l’hôpital se fit adjoindre une section chargée de parfaire l’instruction des futurs chirurgiens militaires français. A la fin du mois de juin 1916, l’hôpital comptait 8 baraques de plus dont deux consacrées à la chirurgie et une à la dentisterie. Cependant après un an d’activité, l’hôpital voyait son activité se réduire peu à peu suite à l’effectif décroissant des soldats français sur le front de l’Yser. May crée un deuxième hôpital à Bray-sur-Somme L’infatigable May imagina alors de se rapprocher du front de la Somme où se préparait une terrible bataille. Elle proposa de mettre 200.000 francs dans la création d’un deuxième hôpital dans cette région. Après un nombreux courrier, des insistances répétées auprès du Général Joffre, May parvint à ses fins et se vit confier un hôpital d’évacuation de 2.000 lits à Bray-sur-Somme le 8 octobre 1916. En quelques semaines l’hôpital fit son plein de blessés. Pour fournir, l’habillement et le couchage à tant de blessés, May créa en Amérique une association, la “Borden-Turner Hospital Fund for financial aid and gifts”. Son nouvel hôpital ne comptait que 12 infirmières anglaises et bientôt, il apparut qu’il fallait qu’elle revoie ses ambitions à la baisse. La décision fut prise que son unité ne s’occuperait plus que d’un quartier de l’hôpital, surnommé le « Grand Quartier », celui réservé aux 800 cas les plus lourds. May passait la plupart de ses journées dans le bloc de réception dans lequel se trouvait notamment un lit chauffé par des cerceaux de bois munis de lampes électriques et destiné à accueillir des entrants semi-comateux. Durant certaines nuits, celles des bombardements, sa baraque se remplissait de blessés attendant sur leurs brancards les premiers soins puis leurs affectations dans l’hôpital. Il fallait alors que ses mains puissent rapidement reconnaître les soldats qui avaient une chance de survivre avant de se battre pour eux. May, employant le vocabulaire militaire disait que ce job était une véritable « contre-offensive de vie ». Quand on lui dit qu’il fallait qu’elle s’attende à un taux de mortalité de 30%, May mit tout en œuvre dans son Grand Quartier pour diminuer ce chiffre terrifiant. Malgré tout, son travail était d’une grande tristesse tant était impressionnant le nombre de blessés qui mouraient alors qu’elle était agenouillée parmi leurs brancards. Comme pour meurtrir encore plus le cœur des infirmières, ces hommes s’excusaient sans cesse pour la peine qu’ils donnaient et beaucoup pleuraient après leur mère … Le travail de guerre de May lui fit accéder à d’immenses responsabilités mais cela ne l’empêcha pas d’avoir un sentiment de culpabilité envers ses enfants laissés à Paris et confiés aux soins de son employée, Mrs. Harrison. Au début de 1917, son hôpital d’évacuation fut fermé et les infirmières de May furent transférées dans un hôpital de campagne à Villers-sur-Condon en préparation de la bataille du « Chemin des Dames ». Mais l’Etat-Major lui fit l’insulte de désigner une infirmière-chef française. May dut à nouveau faire valoir tous les services déjà rendus à la nation française pour retrouver ses droits à commander les infirmières anglaises dont elle payait les frais…. En dépit de tout son travail d’organisatrice et d’infirmière, May ne cessa pas d’écrire et termina sa troisième nouvelle « The Romantic Woman » publié fin 1916 et qui décrit, en la critiquant, la haute société de Chicago. Au milieu de la guerre, May tombe amoureux d’un officier anglais, Louis Spears[1]. Louis Spears May trouva aussi le temps de tomber amoureuse d’un jeune officier anglais, le capitaine Louis Spears. Leurs chemins se croisèrent à Bray-sur-somme alors qu’il recherchait un de ses compagnons disparu durant la bataille de la Somme. Ils se revirent en janvier 17 puis à partir d’avril s’échangèrent un courrier quotidien. Louis Spears était anglais mais avait été élevé en France par un père nommé inspecteur général à la Sorbonne Doué pour les langues, le « War office’s intelligence Department », le nomma officier de liaison entre les forces anglaises et françaises. C’est en fréquentant l’Etat-Major anglais qu’il rencontra pour la première fois Winston Churchill qui devint pour lui un ami qu’il servira toute sa carrière. De retour en Belgique à l’hôpital chirurgical N°1 et décorée de la Croix
de Guerre. En mai 17, l’offensive du chemin des dames se termine et May décide de retourner dans son premier hôpital en Belgique. Elle y subira le 5 juin un terrible bombardement qui blessa une de ses infirmières qui dut être amputée d’un pied. Le18 juin, le général Pétain vint la décorer de la Croix de guerre. Elle était ainsi la première des deux femmes américaines à recevoir cette médaille. Quelques jours après, May est hospitalisée en urgence à Dunkerke et y subit deux interventions. Elle passera ensuite sa convalescence sur un brancard dans son bureau de son hôpital N°1 d’où elle donnait ses ordres pour préparer son personnel à l’offensive que Haig organisait et qui deviendra la bataille de Passchendaele. Mais après quelques temps, il s’avéra qu’elle ne récupérait pas ses forces et sa santé et elle reçut l’ordonnance médicale d’un repos à mieux observer. May partit alors à Paris, à L’hôtel Crillon, puis aménagea l’appartement qu’elle venait d’acheter au Trocadéro et qu’elle destinait au nouveau couple qu’elle comptait former bientôt avec Louis Spears. May participe ensuite à la vie de son hôpital pendant la bataille de Passchendaele. Elle vécut à nouveau des moments pathétiques et fut particulièrement émue par un brancardier-prêtre nommé Guérin qu’elle avait appelé auprès d’un mourant et qui partagea si bien sa foi et sa tendresse que le soldat s’en alla, la paix dans l’âme « comme s’il avait été transporté au-delà de la rivière sur le dos de ce jeune prêtre ». May se sentait soutenue pendant son travail par son amant mais au mois de septembre, Douglas, son mari, reçut une lettre anonyme qui l’avertissait que son épouse était l’amante du colonel Louis Spears. Tout devenait maintenant plus compliqué. En octobre 17, elle convint d’un rendez-vous à Londres avec Douglas et lui demanda le divorce. Finalement Douglas y consentit et le 18 décembre, le tribunal de Paris reçut la demande en vue de la dissolution du mariage. Quant à la garde des trois enfants, Douglas accepta, après maintes discussions, que jusqu’à la fin de la guerre, elle soit assurée par May. May épuisée par son travail d’infirmière mais aussi par les complications de sa vie familiale tomba malade d’une pneumonie qui nécessita un mois de repos. Finalement, elle et Louis se marièrent le 30 mars 1918 au consulat britannique de Paris. Les années d’après-guerre d’une écrivaine
« libre-penseuse » Quand l’armistice survint, May et Louis spencer pouvaient espérer quelques années de bonheur. Louis fut d’abord représentant du War office à Paris avant de demander sa démission et de devenir le directeur de la British Corporation of Mine and Steamship in Russia. Quant à Douglas, le premier mari de May, il avait trouvé un travail à la Ligue des Nations Unies. Il reçut ses filles en congé scolaire durant l’été 1920 et alla les conduire chez un couple de ses amis, les Gretton à Oxford. Après les vacances, il fit part à May de sa volonté de garder ses trois enfants. La situation se compliqua d’autant plus que Mary, la plus jeune des trois filles, commença à traiter madame Gretton comme sa « Mamie ». Il s’en suivit des années de conflits juridiques entre les deux parents pour le droit de garde de leurs trois filles. Le 2 mars 1921, May donna naissance à son fils Michael. Le baptême de l’enfant eut lieu à St Martin-in-the-Fields et ce fut Churchill en personne qui parraina le petit Michaël. La même année, May publia un nouveau livre, « The Tortoise ». Dans ce roman en partie inspirée par son expérience, May raconte l’histoire d’une Anglaise, mariée à un riche homme d’affaires, qui tombe amoureuse d’un officier français. Quand la guerre éclate, elle est sur le point de quitter son mari mais décide de travailler d’abord dans un hôpital militaire. En contact avec les blessés, elle s’aperçoit petit à petit combien ses sentiments envers son amant était superficiels… Louis Spears décida de tenter sa chance aux élections parlementaires dans le parti Liberal. May ne ménagea pas ses efforts pour le soutenir. Ayant un lourd handicap pour s’être marié avec une femme divorcée, Louis ne fut cependant pas élu. En août 1923, May voyage seule à Venise et publie peu après sa cinquième nouvelle, « Jane Our Stranger » qui remporte un très grand succès. C’est l’histoire d’une jeune fille américaine propulsée dans la noblesse française par une mère qui possède les plus hautes ambitions pour sa fille. Mariée à un marquis, elle sera finalement très déçue de sa vie et laissant sa fille à la garde de son mari, retournera en Amérique dans sa maison natale. Louis élu, May devenue écrivain célèbre, le couple est regardé comme très « Glamour ». Il occupe une maison luxueuse à Londres et reçoit fréquemment la meilleure société anglaise. En 1924, May et son fils voyagent en Amérique. Pour May, c’est un retour au pays natal triomphal car elle est accueillie comme une célébrité. A New-York, elle accentuera encore son renom de femme militante car, contrairement à l’usage qui veut à cette époque qu’une femme ne parle pas de politique, May ose devant les journalistes blâmer le Labour party anglais pour ne pas être assez soucieux de la détresse des chômeurs. Louis viendra retrouver son épouse et son fils aux Etats-Unis. L’année suivante, May remporte à nouveau un succès littéraire conséquent avec son roman « The Pelgrims and a Tinker » publié en octobre 1924. Cette fois, c’est l’histoire d’une femme, Marion et de Jim, son troisième mari. Marion, a quatre enfants (de l’âge de ceux de May) dont elle doit assumer seule la responsabilité car son mari est très souvent absent. Un jour, elle rencontre le capitaine Waring, un homme cynique qui n’a pas eu jusqu’à présent beaucoup de chances… Cet homme l’attire cependant ! C’est ce roman qui fit de May la nouvelliste la plus lue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ! May retourna d’ailleurs en Amérique, rendit visite à sa sœur et à sa mère et écrivit sur place une adaptation théâtrale de « Jane Our Stranger » qui fut joué à Brodway sans connaître cependant le succès escompté. May écrivit alors sa nouvelle suivante « Jericho Sands » dans laquelle elle revient une nouvelle fois sur les dommages psychologiques causés par un puritanisme exacerbé. L’affiche de la pièce de théâtre Dans les années suivantes, les livres se succèderont encore régulièrement avec notamment « The Verdict », véritable réquisitoire contre la peine de mort lorsqu’une personne est accusée de meurtre pour avoir facilité le suicide d’une personne aimée et après avoir ensuite raté le sien... En 1927, Louis pu enfin se représenter au parlement. May soutint à nouveau son mari en faisant parfois même des visites de propagande parfois insolite comme au fond d’une mine de Coalville. May ne se sentait bien qu’en écrivant. « Flamingo » fut publié en 1927. Elle y parle de la difficulté pour une femme, devant soutenir son mari et ses enfants, de mener sa propre carrière. « Jehovah’day », son livre suivant, fait la part belle à la théorie de Darwin. May décrit la destruction de la planète à cause de l’exploitation trop intensive des ressources naturelles faites par l’homme. En juin 29, on la voit encore infatigable soutenir son mari pour des élections au parlement. Après un nouvel échec électoral, le couple s’embarqua sur leur bateau pour une croisière le long des îles anglo-normandes. May publie alors son livre le plus connu « Forbidden zone » qui relate son expérience de la guerre 14-18. A la fin octobre 1929, elle refit un voyage dans sa famille américaine et, infatigable, fit paraître dans son pays natal « A woman with white eyes ». En 1932, May se joint à un groupe d’auteurs féminins pour écrire un essai collectif sur les hommes et intitulé « Man Proud Man ». C’est un réquisitoire pour l’égalité des droits. Un peu plus tard en 1933, elle publie “The technique of Marriage “ qui crée la controverse car May y plaide pour faciliter le divorce et rendre le mariage plus réfléchi ! Dans ce livre comme dans beaucoup d’autres, May, terriblement en avance sur son temps, insiste une nouvelle fois que le mariage n’est pas une option naturelle qui va de soi... A 46 ans, May écrivit la nouvelle « Mary of Nazareth » dans laquelle elle examine les rapports mère-fils et dans laquelle, aussi, elle fustige la virginité mariale. La parution de ce livre, comme on pouvait s’y attendre, déchaîna les passions et le journal « The Catholic Herald » accusa May de tous les péchés… ce qui la poussa à menacer le journal d’une action en justice. Finalement, un compromis fut trouvé et May reçut une lettre d’excuses. En 1934, May dut affronter de grandes tristesses.. Son fils manqua de mourir (il souffrait sans doute d’une tuberculose osseuse) et sa fille aînée Joyce décéda à l’âge de 23 ans en ayant attenté à sa vie après une malheureuse histoire d’amour ! L’année suivante, elle publiait « The king of Jews ». En 1935, May créa avec ce livre une nouvelle polémique. C’est la vie du Christ racontée comme celle d’un homme exceptionnel et non comme celle du fils de Dieu. May espérera en faire un film et un contrat est même conclu avec le célèbre réalisateur Korda qui aurait voulu en faire sa première réalisation en technicolor. Il renonça peu après à ce projet devant les polémiques que suscitait le scenario. May fut terriblement déçue mais comme toujours elle canalisa son énergie de façon positive en reprenant la plume. « Action for Slander » fut publié en 1936 et relate un procès dans lequel un jury doit décider d’un verdict pour un acte de tricherie commis par un officier alors qu’il jouait avec un de ses supérieurs. Ce livre fut à nouveau un best-seller. Couverture de son livre May, célèbre, devait cependant faire face à de multiples problèmes familiaux. Son fils Michael restait en effet en très mauvaise santé et son mari se détournait progressivement d’elle au profil de sa secrétaire Nancy Maurice. Vis-à-vis de cette femme, May resta prosaïque. Elle finit par considérer qu’elle avait quitté son premier mari pour Louis Spears et que, quoi qu’il fasse maintenant, il fallait à tout prix qu’elle ne retombe pas dans les affres d’un divorce. L’entente intellectuelle entre May et Louis était bien présente, May s’en contenta. Elle résolut de continuer à soutenir son mari et s’obligea à fermer les yeux sur la liaison que celui-ci entretenait avec sa secrétaire. May et Louis constituaient donc un couple peu banal trouvant cependant des terrains où ils pouvaient agir ensemble. Ils soutinrent notamment à cette époque l’organisation des « Cecil Houses », foyers où les femmes et enfants abandonnés pouvaient trouver un refuge provisoire. Louis, comme parlementaire, introduisit aussi un amendement à la loi de vagabondage pour ne plus considérer comme criminel quelqu’un devenu sans domicile parce qu’ayant perdu ses moyens de subsistance. May, dans un article paru dans l’ « Evening Chronicle » en juillet 38 préconisa des allocations familiales et, en 1939, publia « Passport for a Girl » qui évoque sa fille suicidée dans une nouvelle critiquant amèrement le laisser-aller des nations envers l’Allemagne envahissant l’Autriche. Passeport for a Girl était son 19ème livre et May avait alors 53 ans. May crée en janvier 40 l’ambulance Hadfield-Spears qui échappa de justesse à l’avancée allemande. Quand l’opinion s’aperçut qu’on allait vers la guerre, May immédiatement voulut se remettre au service des soldats.. Son amie de la première guerre mondiale, Lady Hadfield lui donna l’assurance d’une aide financière pour un projet commun. Aussitôt elle repensa créer une ambulance destinée à la France. Quelques jours plus tard, May dînait avec le Général Lelong, chef de la mission française à Londres. Ce rendez-vous fut positif et May s’en alla sans tarder visiter l’Etat-Major du Service de Santé à Paris qui, se souvenant de ses actions lors de la Première guerre Mondiale, accepta son offre. Sa nouvelle unité médicale fut agréée et désignée pour la 4ème armée commandée par le Général Réquin. Au début de l’année 1940, May réglait les derniers problèmes avec le chef de son détachement médical, le chirurgien Jean Gosset. L’unité comprenait 4 chirurgiens, un spécialiste radiologue, 12 chauffeurs militaires et les inévitables infirmières anglaises accompagnées de chauffeurs anglais volontaires … Quatre mois après que le plan de May fut accepté, l’unité Hadfield-Spears était prête à rentrer en action. Celle-ci débuta en février 40, la colonne de véhicules quittant Paris pour St Jean Le Bassel où le Service de Santé avait réquisitionné une aile d’un couvent pour l’hôpital temporaire de May. C’est dans ce village qu’elle apprit que Louis avait été désigné comme représentant de Churchill en France. C’est là aussi qu’elle apprit la capitulation des belges le 28 mai et peu après l’ordre d’abandonner St Jean Le Bassel pour se rendre dans le village de Rosnay. Dès lors, commencera une fuite éperdue de l’unité Hadfield-Spears vers le sud tout en essayant en vain de se rapprocher le plus possible de la Quatrième Armée qu’elle devait normalement appuyer. May et son unité ne parvinrent jamais à « servir ». Le 16 juin, la France rendait les armes tandis que le convoi de May essayait de ne pas se retrouver aux mains de l’ennemi. Parvenus de justesse dans le Bordelais, ayant traversé toute l’Auvergne, May et ses volontaires anglais, infirmières et chauffeurs purent s’embarquer pour l’Angleterre, laissant tout leur matériel entassé dans leurs camions laissés au bord de la jetée d’Arcachon. L’expédition se termina précocement mais heureusement sans pertes humaines le 26 juin lorsque tous ses membres débarquèrent à Plymouth. Les journaux anglais n’omirent pas de mentionner l’échappée extraordinaire de l’unité Hadfield-Spears devant l’avance allemande. May retournée à la maison découvrit alors que son mari Louis était rentré de France, une semaine avant elle dans le même avion que le général de Gaulle. Menacé d’être arrêté après l’armistice, le général s’était rendu à l’aéroport prétextant devoir dire au revoir à Louis qui repartait en Angleterre. De Gaulle au dernier moment monta à bord de l’avion de Louis ! On sait ce qu’il advint de son choix capital ! Inspection par le général de Gaulle 32 heures après être rentrée, May se
trouva déjà en pleine action en ouvrant une cantine à l’Olympia à côté d’un
centre de recrutement ! Une semaine après, elle ouvrait une deuxième
cantine et peu après une troisième. En juillet, elle fut nommée conseillère au
bien-être dans le camp des forces françaises libres de Aldershot. L’infatigable May recrée à nouveau son unité Hadfield-Spear, cette fois au service de la France Libre. Peu après elle proposa au général de Gaulle d’équiper et d’organiser un hôpital de campagne au profil des forces Françaises Libres. May trouva un organisme américain, The British War Relief Society in New-York, qui accepta de subsidier sa nouvelle ambulance. Restait à trouver des volontaires... The American Field Service de New-York promis d’envoyer un groupe de chauffeurs et en Angleterre, The Friends ambulance Unit fit une promesse semblable. Le matériel fut acquis et May rassembla 15 camions Bedford, 5 ford V8s pour transporter le matériel et le personnel. 4 femmes chauffeurs et trois infirmières de la première expédition de May restèrent avec elle. Parmi les médecins, se trouvait la doctoresse Louise-Marie Asquin qui servait comme anesthésiste. Elle était accompagnée par son mari, médecin lui aussi. Autour de la fin de l’année 1940, May en discutant avec le général Le Gentilhomme, réalisa que, si son hôpital partait en Afrique du Nord, il était nécessaire de prévoir des camions citernes pour le transport de l’eau. May dut alors s’assurer de fonds supplémentaires pour leur acquisition. Le 22 février 1941 de Gaulle signa l’agrément de la nouvelle ambulance Hadfield-Spears dont les camions et chauffeurs rejoignirent Cardiff pour s’embarquer sur un steamer vers l’East Africa. Quant à May et ses infirmières anglaises, elles s’embarquèrent à Glasgow sur le SS Otranto pour un voyage de six semaines autour de l’Afrique. Sur le bateau, May constata avec désarroi que l’infirmière chef qu’elle avait engagée pour la seconder, Miss Fischer, ne lui était d’aucun secours pour maintenir une certaine discipline et un esprit de corps. Entre May et cette dame, la mésentente s’accentua durant la longue navigation et May dut se résoudre à lui demander sa démission. En plus de cela, l’aumônier de l’expédition « Father Kelly » fut trouvé deux fois saoul en escale et dut être ramené de force au bateau. Le 2 mai l’Otranto arriva au terme de son voyage en accosta à Suez. On annonça alors à May que son hôpital partait en support des forces françaises libres en Palestine. Il fallait en Syrie empêcher les soldats français de Vichy de céder leurs aéroports aux Allemands. May eut la surprise de rencontrer son mari Louis au Caire qui revenait de mission et s’apprêtait à rentrer à Londres. May rencontra aussi au Caire le General Catroux des F.F.L. et son épouse. Cette dernière se révéla particulièrement désagréable avec May car, se considérant comme ayant une grande expérience dans l’œuvre de la Croix-Rouge française, elle voulait absolument se mêler de l’organisation de l’hôpital temporaire de May. Elle heurta profondément May en lui conseillant de se défaire de ses infirmières anglaises qui ne convenaient pas, prétendait-elle, pour soigner des blessés français. Stressée par les débuts de l’expédition, May développa un abcès sur une épaule et dut être hospitalisée 4 semaines dans un hôpital anglais laissant son amie, l’infirmière Barbara la remplacer à la tête de l’unité Hadfield-Spears qui avait pu rejoindre la Palestine. Après son hospitalisation, May dut aller se reposer à Jérusalem au King David hôtel. Elle y rencontra à nouveau son mari devenu officier de liaison entre les Forces Françaises Libres et les Anglais. Pendant ce temps, son unité, en attente un ordre de mouvement, fonctionna sur une petite échelle avec trois baraques et une salle d’opération en Palestine jusqu’à la date du 7 juin où toute l’unité se mit en route vers la Syrie en passant à côté de Deraa où commençait la bataille de Deraa qui opposa Anglais et les Forces Françaises libres contre l’armée française de Vichy qui comptait pas moins que 35.000 à 40.000 hommes. May demanda à être médiatrice pour convaincre un groupe d’officiers français de Vichy prisonniers de joindre de Gaulle.Ce fut un échec cuisant et May dut convenir du fossé immense qui séparait les deux factions françaises. Mary Borden pendant la guerre 1940-1945 L’hôpital Hadfield-Spears
à Deraa et à Beyrouth L’unité de May reçut alors l’ordre de se replier à Deraa pour se préparer à recevoir les blessés de la bataille de Damas. Un couvent dont dépendait une école fut proposé pour abriter l’hôpital. Dès son ouverture un flux interrompu de blessés envahit les lieux faisant fonctionner la salle d’opération 24 heures sur 24 et cela durant trois semaines. Les religieuses donnèrent leur contribution en collectant chaque matin les couvertures tâchées de sang pour les nettoyer. Une après-midi, l’hôpital fut bombardé mais heureusement il n’y eut aucune victime. Quand Damas fut conquise, l’unité se rapprocha du front et prit ses quartiers dans un hôpital Italien pour recevoir les blessés de la bataille de Beyrouth. Beyrouth abandonné par les forces de Vichy, l’hôpital se mit encore une fois en mouvement et s’installa cette fois dans un ancien hôpital allemand. Encore une fois, Louis Spears se tenait non loin de son épouse puisqu’il était devenu le chef de la mission britannique des pays du Levant nouvellement libérés à Beyrouth. Le couple réuni de façon extraordinaire dut faire face à de nouvelles obligations sociales. Il s’agissait pour May d’accepter le rôle d’une femme de diplomate sachant accueillir les multiples hôtes de son mari. May, conformément à sa volonté de toujours soutenir son mari qu’elle que soient les circonstances parvint à se transformer en hôtesse malgré les tracas que son hôpital lui causait à quelques km de là. Elle était avantagée par le fait que Nancy, la secrétaire et amante de Louis était restée en Angleterre. Les contacts sociaux que May entretint pour son mari à cette époque lui donnaient cependant toujours des idées de projets à connotation humanitaire. Ainsi, les médecins syriens l’informèrent que dans les zones campagnardes, il y avait un besoin primordial en transport médicalisé. Aussitôt May suggéra à son unité de mettre des ambulances et des chauffeurs à la disposition de villages coupés de tout lien avec les hôpitaux. Rien n’était facile pour May. On se souvient que l’épouse du général français Catroux voulait absolument remplacer les infirmières anglaises par des infirmières françaises. Finalement May lui fit une concession en engageant deux infirmières françaises dans son hôpital de campagne. Mais aussitôt fait les ennuis commencèrent car ces deux dames refusaient de faire des gardes de nuit ! L’hôpital Hadfield-Spears
en Afrique du Nord. Mais tous ces ennuis disparurent quand l’ordre fut donné à l’unité de rejoindre le désert d’Afrique du nord pour se mettre à la disposition de la Première Brigade des Forces Françaises Libres commandée par le Général Koenig. Le convoi quitta Beyrouth pour Le Caire puis campa à El Daba sur la côte entre Alexandrie et Tobrouk puis voyagea dans le désert et à travers les tempêtes de sable pour finalement atteindre Tobrouk. Là, May se retrouva en pleine pagaille des forces alliées qui se préparaient à se replier devant Rommel tentant de reconquérir Tobrouk qu’il avait dû abandonner en décembre. L’Etat-Major de la huitième armée reçut May mais se montra très embarrassé de sa présence ainsi que de celle de ses 16 volontaires féminins. Ces femmes représentaient la seule présence féminine dans tout le désert et, à ce titre, les officiers anglais les considérèrent à ce moment beaucoup plus comme des charges à s’occuper que comme un renfort précieux pour leur secteur médical. Il leur fut donc conseillé de rester à Tobrouk pour fuir plus facilement la contre-attaque allemande. Ce n’était pas l’avis du Général de Larminat, le chef de la brigade française qui appuyait les Anglais. Ce dernier voulait que l’hôpital de campagne rejoigne les positions avancées tenues par ses hommes à Mekili. Finalement May, géra ces ordres divergents. Son unité s’installa à Tobrouk après avoir permis à un détachement chirurgical de rejoindre l’avant-poste des Français à Mekili. May visita l’avant-poste chirurgical installé à Mekili. C’est là qu’elle vu pour la dernière fois le jeune volontaire de 20 ans, Nick Alderson, chauffeur pacifiste Quaker. Ce jeune homme, May après l’avoir considéré comme un faible, appris à admirer son courage serein et sa bonne humeur. Quelques jours après sa visite à Mekili, le jeune chauffeur fut pris sous un bombardement et il fut décapité par une bombe. Le détachement de Mekili fut envoyé quelques temps après encore plus en avant à Bir Hacheim. Les Français tinrent ce poste avancé jusqu’au 11 juin 42, date à laquelle, après 17 jours de bombardements, ils parviennent pour la plupart à s’échapper de nuit. La plupart des membres du détachement de l’unité Hadfield-Spears avait dû être évacué deux semaines avant la reddition, seul restait le chirurgien Thibaux[2] avec un assistant et deux brancardiers. Le dernier jour, ce médecin héroïque avait opéré 21 soldats sous un bombardement continuel. Ces patients opérés avaient été rassemblés sur des brancards, prêts à être évacués. Malheureusement une bombe tomba sur leur endroit de rassemblement et les tua tous. Le chirurgien Pol Thibaux Tobrouk tomba aux mains de Rommel le 21 juin mais cette résistance permit aux Anglais de se regrouper et de mettre fin, le 1er juillet 1942, lors de la première bataille d’El Alamein, à l’avancée de Rommel vers l’Egypte. L’unité de May retraita et s’établit au camp Kilo 4 sur la route Le Caire-Suez puis à Heliopolis au moment où Rommel dut stopper son avance devant El Alamein. Cette transhumance s’avèrera être un exploit : l’unité ne perdit aucun équipement et pas un seul véhicule dans sa retraite. May retourna quant à elle à Beyrouth le 11 juin, ayant appris que Louis veniat d’être nommé ministre plénipotentiaire pour la Syrie et le Liban. Elle devait à nouveau figurer à côté de son mari diplomate pour représenter dignement l’Angleterre. En octobre, l’unité Hadfield-Spears fut installée dans le delta à Buselli au temps de la deuxième bataille d’El Alamein. A Beyrouth, May s’occupait aussi de ses cliniques mobiles répartis maintenant dans cinq centres permanents. Il lui vint aussi l’idée de créer une école d’infirmières à Damas pour les femmes musulmanes. L’unité partit ensuite en janvier 43 se déployer à El Adam à côté de Tobrouk. May alla séjourner quelques temps dans son unité. Elle en profita pour aller se recueillir sur la tombe du jeune Nick Anderson à Bir Hacheim maintenant pacifié. En mai 43, l’hôpital alla prendre ses quartiers à Sidi Bou Ali pour soigner les blessés de la campagne de Tunisie. Tunis tomba le 7 mai. L’hôpital eut fort affaire tandis que son avant-poste médical gagnait la croix de guerre et se distingua sous les bombardements, recevant pour son courage la croix de guerre. La situation de May à Beyrouth n’était pas agréable malgré le confort dont son couple jouissait. L’emprise de Nancy sur son mari augmentait et la faisait fort souffrir. Un gouvernement provisoire syrien et libanais furent formés en préparation de l’indépendance totale promise aux habitants par les forces d’occupations anglaises et françaises. Malheureusement, le 11 novembre, les Français arrêtèrent le nouveau président Libanais al-Khoury qu’ils accusaient d’être outrageusement pro anglais. May prit soin de la famille du président qui fut finalement libéré le 22 novembre. Cet évènement fut un des motifs de l’inimité grandissante entre de Gaulle et le couple Spears-Borden malgré le fait que Louis ait été un supporter de la première heure du général et de ses Forces Françaises Libres et que May ait consacré toute son énergie à créer et animer un hôpital de campagne au service des soldats français. L’unité Hadfield-Spears
en Italie En février 44, May rejoignit son unité dans la baie de Tunis essayent de remonter le moral du personnel qui se trouvait à ce moment inactif. En Mai, l’unité franchit la Méditerranée sur deux navires américains pour prendre part à la libération de l’Italie. May rejoignit son unité par avion. Cette fois l’hôpital de campagne eut fort affaire et suivit le front mouvant de très près. C’est en Italie, d’après May, que son unité fit le « meilleur de son job ». Le retour de l’unité Hadfield-Spears en France ; Le moment émouvant de rejoindre la France vint enfin. L’unité reprit la mer et remonta la France pour s’installer dans les Vosges puis au mois de juin à Trilport sur Marne. Le 18 juin, l’unité parada dans Paris mais dans le stand officiel, de Gaulle montra au général Koenig son mécontentement de voir l’unité Hadfield-spears défiler avec des drapeaux anglais en avant des drapeaux français. Le célèbre général montrait là un sentiment de non reconnaissance pour tout ce qu’avait accompli l’unité Hadfield-Spears. May souffrit beaucoup de cette injustice. L’après-guerre : May continue à écrire. May rejoignit l’Angleterre en juin 45. Elle eut le courage d’aider son mari à préparer sa candidature aux élections parlementaires. Il ne fut cependant pas élu et devint administrateur d’une société minière qui le fit voyager beaucoup et notamment en Afrique du sud. May l’accompagna d’ailleurs régulièrement. En 1949, elle écrivit sa première nouvelle de l’après-guerre, « 2 Shovel Street ». C’est l’histoire d’une veuve s’installant dans un quartier huppé pour donner à ses deux filles une chance de trouver un bon parti. La guerre vient casser tous ses projets, une de ses deux filles partant travailler dans le désert comme infirmière ! Il y aura encore d’autres livres écrits par May, notamment « For the record », véritable inquisitoire contre le communisme publié en 1950. Citons aussi « Martin Merriedew », nouvelle qu’elle écrivit à l’âge de 70 ans et qui exprime son souci d’essayer de trouver des preuves rationnelles à l’existence de Dieu. Ce n’est finalement qu’après avoir écrit 22 livres que May cessa d’écrire. Elle remplaça cette passion par une autre en se mettant à la peinture ! May n’eut pas une vieillesse tranquille, elle se tracassa tout le reste de sa vie pour son fils Michael qui en mauvaise santé connut bien des déboires. Les relations entre sa fille Emmy souffrant de dépression et d’alcoolisme aussi se dégradèrent. May décéda à l’âge de 82 ans quelques mois après avoir cassé sa hanche en tombant lors de la visite d’une mine avec Louis au Ghana. Sa vie est un véritable roman où nombre d’ingrédients de la vie humaine sont présents : les choix de vie douloureux à assumer, l’amour, l’idéal, les tragédies personnelles et sociétales, les grandes interrogations humaines. May fut aussi remarquable en vertu de son militantisme pour l’égalité des sexes et en vertu de son esprit critique, sa « libre pensée » dégagée du joug d’une éducation religieuse tyrannique et sans nuances. Cet article a été rendu possible grâce à la remarquable biographie de Mary Borden « A woman of two wars, the life of Mary Borden » de Jane Conway publié en 2010 aux éditions Munday Books. Dr Loodts P.
[1] Edward Louis Spears (source:Wikipeda) Edward Spears s'engage dans l'armée à seize ans au 3e Bataillon / Royal Dublin Fusiliers (Kildare Rifles Militia) [1881-1922] puis passe sous-lieutenant le 14 novembre 1903. Il est nommé sous-lieutenant d’active au 8th (King's Royal Irish) Hussars [1693-1958] en 1906, et transféré au 11th Hussars (Prince Albert's Own) [1715-1969] en 1910. Capitaine à titre temporaire en 1914, il est détaché dans le corps du renseignement militaire (l’Intelligence Corps). Sa maîtrise du français, qu'il parle sans accent, en fait un officier de liaison entre les forces armées britanniques et françaises, sur le front occidental, pendant la Première guerre mondiale. Blessé quatre fois, il reçoit la Military Cross le 18 février 1915 et la croix d’Officier de la Légion d’honneur en 1917. Capitaine, breveté lieutenant-colonel, il est chef de la mission militaire britannique en France de 1917 à 1919 avec le grade de général de brigade ; promu Commandeur de l’Ordre de l'Empire britannique (CBE) en 1919 et Commandeur de la Légion d’honneur en 1920. Général de brigade honoraire, il est nommé Compagnon de l’Ordre du Bain (CB) le 1er janvier 1921 et quitte l’armée pour entamer une carrière parlementaire, député libéral (1922-1924) puis conservateur (1931-1945). En 1940, colonel avec rang de général de division, il est le représentant personnel en France de Winston Churchill, dont il est un ami personnel depuis 1915. Officier de liaison entre les gouvernements français et britannique, mais aussi chef du MI6 en France, il participe aux réunions du comité suprême interallié dont les ultimes conférences de Briare et de Tours le 11 et 13 juin. Inquiet d'un possible armistice franco-allemand, Churchill confie à Spears la mission de prendre contact avec des personnalités politiques françaises opposées à l'armistice. Il rencontre alors différents chefs politiques dont : Georges Mandel, Jean Janneaury, Pierre Mendès France. Il tente aussi de gagner à la cause britannique Paul Reynaud mais sans succès. Il repart avec le général de Gaulle à Londres le 17 juin 1940 puis devient le représentant du gouvernement britannique à ses côtés. Chef de la mission britannique en Syrie en 1941-1942, il devient ministre plénipotentiaire en Syrie et au Liban de 1942 à 1944, promu Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE) en 1942. Il tente d’évincer les Français des pays du Levant après leur reconquête par les forces gaullistes de la 1re DFL en juillet 1941. En effet, selon la politique pan arabe britannique initiée pendant la guerre 1914-1918, si la menace principale dans la région est l'Allemagne, dans cette véritable chasse gardée que constitue pour eux le Moyen-Orient, les Français n'en demeurent pas moins des intrus malgré les termes des accords Sykes-Picot (1916) liant les deux pays. Spears se retire de la vie politique après son échec aux élections législatives de 1945. Il est fait Baron Spears de Warfield le 14 juillet 1953. Il décède le 27 janvier 1974 à l’âge de 87 ans à Heatherwood Hospital à Ascot. Lady Spears est décédée en 1975 à 75 ans. [2] Dr Pol Thibaux (source Wikipedia) Né le 20 juillet 1914 à Givet dans les Ardennes, Pol Thibaux s'oriente vers une carrière militaire et entre au Prytanée national militaire de La Flèche de 1925 à 1930. Commençant ses études de médecine en 1933 à l'école du service de santé des armées de Lyon, il en ressort docteur en juillet 1938 et suit les cours de l'école d'application du service de santé des troupes coloniales avant d'être affecté à Fréjus jusqu'à la guerre. Seconde guerre mondiale Affecté en Afrique-Équatoriale française en mars 1940 dans les rangs du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, il rallie les forces françaises libres lorsque celles-ci parviennent dans la région le 26 août 19404. Rejoignant l'antenne médicale sous les ordres de Henri Fruchaud, il participe avec lui à la campagne du Gabon. Les deux hommes sont ensuite mutés à la brigade française libre d'orient et opèrent en Érythrée à partir de mi-janvier 1941. Prenant part, du 15 au 18 mars, à la bataille de Keren, Pol Thibaux s'y distingue à la tête d'un poste chirurgical avancé avec lequel il sauve de nombreuses vie malgré la difficulté d'opérer sous le feu ennemi. Après avoir été promu médecin-capitaine en décembre 1941, il est affecté au printemps 1942 à l'ambulance Hadfield-Spears dont Henri Fruchaud vient de prendre le commandement. Assistant de celui-ci au sein du poste chirurgical avancé de l'ambulance, il participe à la bataille de Bir Hakeim où il opère de nombreux blessés dans des conditions particulièrement difficiles. Après la Libye, Fruchaud ayant été muté, Pol Thibaux prend sa place à la tête du poste chirurgical avancé de l'ambulance Hadfield-Spears qui est désormais commandée par Jean Vernier. Il prend alors part à la campagne de Tunisie et se distingue particulièrement lors de l'offensive de la 1re division française libre du 7 au 12 mai à Takrouna où il opère pendant 24 heures sans repos. Pol Thibaux participe à la campagne d'Italie à partir d'avril 1944 puis, le 31 août suivant, il débarque en Provence et participe à la libération de la France. Après-guerre Restant dans l'armée après la guerre, il est affecté à Madagascar où il exerce à l'hôpital mixte de Toamasina jusqu'en 19481. Il est ensuite muté en Nouvelle-Calédonie où, de 1950 à 1954, il est le médecin-chef du service de chirurgie de l'hôpital de Nouméa. Après une brève affectation en Indochine, il prend sa retraite en 1957 avec le grade de médecin-colonel. Devenu médecin de campagne au Dramont (Var), il est surnommé "le médecin des pauvres" . Pol Thibaux meurt le 8 décembre 1963 à Fréjus et est inhumé à Saint-Raphaël |