Médecins de la Grande Guerre

Suzanne Lippens-Orban (1887-1971) : une femme et une infirmière hors du commun.

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Quelques photos d'infirmières.

Suzanne Lippens Orban

Le cimetière d’Adinkerke. (photo dr Loodts)

Tombe de Paul Lippens, mari de Suzanne Orban. (photo dr Loodts)

Gros plan sur la plaque d’identification. (photo dr Loodts)

Madame Millerand. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Duchesse de Vendome. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Madame Macherez. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Madame Rousset. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Lady Hadfield. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Mademoiselle de Kermaingant. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Baronne Le Lasseur. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Marquise de Villedon. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Madame Archdeacon. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Madame Berthoulat. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Comtesse D’Oncieu De La Batie. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Princesse Marie d’Orléans. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 21 mars 1915.)

Mademoiselle Maffre, infirmière à Compiègne, a reçu du général Delarue la Croix de Guerre. Elle avait contracté une méningite cérébro-spinale au chevet de ses malades. (Tiré de « Le Miroir » du dimanche 27 juin 1915)

Les jolies cartes de l’époque.

Les jolies cartes de l’époque.

Les jolies cartes de l’époque.

Les jolies cartes de l’époque.

Les jolies cartes de l’époque.

Hommage au mari, de Suzanne Orban, qui était dans une Cie des projecteurs du Génie

Hommage au mari, de Suzanne Orban, qui était dans une Cie des projecteurs du Génie

Source :Eliane Gubin en Leen Van Molle, " Vergeten Pionniers "1994, Kabinet van Minister van Tewerstelling en Arbeiden en Gelijkekansenbeleid".

Suzanne Orban est née le 3 juin 1887 à Bruxelles. Son papa Alfred Orban était un philanthrope qui pendant de nombreuses années siégea au Conseil des Hospices de Bruxelles. Le 07 août 1906, âgée de 19 ans , elle se maria avec Paul Lippens (1876-1915) qui était âgé de trente ans. Par son mariage Suzanne Orban se lia à une grande famille libérale puisque son beau-père Hippolyte Lippens était sénateur et bourgmestre de Gand.

Deux ans après son mariage, Suzanne s'inscrivit aux cours pour devenir infirmière. Elle fut ainsi une des premières femmes à se conformer au nouvel Arrêté Royal (du 04 avril 1908) qui précisait que toute infirmière travaillant en hôpital ou chez des particuliers devait dorénavant posséder un diplôme d'une école officielle.

En 1914,son mari âgé de 38 ans s'engagea comme volontaire de guerre. Suzanne qui était une femme volontaire et énergique ne voulut pas moins faire que son courageux mari et après avoir placé dans de bonnes mains ses trois enfants en Suisse, elle rejoignit l'hôpital l'Océan à La Panne. Cet hôpital crée de toute pièce par le Dr Depage avec l'aide de la Reine Élisabeth prit une extension considérable et en 1917 il avait une capacité de 1.000 lits.

Entre 140 et 160 infirmières y travaillèrent dont une majorité d'Anglaises. Suzanne fut affectée d'abord dans le service de désinfection, puis à sa demande, elle obtint de travailler dans le Pavillon Everyman où étaient soignés et opérés les blessés de guerre.

En 1915, cette femme héroïque eut la grande douleur de voir arriver à l'Océan son mari blessé (1) qui malheureusement succomba à ses graves blessures le 20 août. Loin de se décourager, elle continua son travail d'infirmière . Vraisemblablement, le Dr Depage qui n'avait pas cesser de travailler malgré la perte de son épouse infirmière décédée à bord du Lusitania trois mois auparavant le 07 mai, fut un exemple pour Suzanne Lippens. Durant toute la guerre ,elle ne s'éloigna de son poste à l'hôpital l'Océan que pour de courts séjours en Suisse auprès de ses enfants. Son comportement admirable pendant la grande guerre lui valu d'être décorée de la médaille du souvenir 1914-1918.

Après la guerre, Suzanne continua a se montrer une femme hors du commun puisqu'elle fut l' infatigable militante de la première association d'infirmières belges appelée " La Famille de l'Infirmière " . Trois ans après la fin de la guerre, avec l'aide de Madame Rolin-Hysmans dont le mari ,le Ministre Paul Hymans (2), avait fondé pendant la guerre une maison de repos pour les infirmières en service, elle créa la " Mutualité nationale des infirmières et travailleuses sociales " dont la Comtesse d'Ursel devint présidente et dont Suzanne sera vice-présidente jusqu'à la fin de sa vie. Non contente de cette responsabilité, Suzanne s'occupa aussi activement de l'Amicale des Infirmières du Front 14-18 dont elle prit la présidence en 1945 après le décès de l'ancienne Présidente Pauline De Mot. Dans l'exercice de ses fonctions, elle organisa à son domicile de nombreuses réunions d' " anciennes " et se démena sans compter pour que " ses infirmières " obtiennent les pensions d'invalidité qu'elles méritaient. Suzanne collabora aussi activement avec la Croix-Rouge et elle devint membre en 1935 de son Conseil Général.

Pendant la seconde guerre mondiale Suzanne Lippens se mit d'abord au service des blessés puis devint membre des services de Renseignement et d'Action. Dans sa maison, elle cacha des enfants juifs ainsi que des résistants. Pour ses actions pendant la deuxième guerre, elle obtint la Croix de Guerre 40-45.

La vie de Suzanne Lippens ne peut se résumer à celle d'une glorieuse infirmière. Elle fut aussi une des premières femmes qui fit de la politique en Belgique. 

En 1921, elle est élue membre du Conseil Communal de Bruxelles et prêta serment devant le bourgmestre Adolphe Max. A cette époque, Suzanne était une veuve de 34 ans, mère de trois enfants. Ses interventions au Conseil communale ne passèrent pas inaperçues et concernaient surtout l'amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants (aide à l'œuvre de secours aux enfants russes de Belgique, modernisation des maternités etc..)

En 1937, elle deviendra membre-fondatrice du mouvement" Solidarité, Groupement social féminin libéral ".

Suzanne Lippens était aussi une infatigable voyageuse. Elle participa à de nombreux congrès dont celui de l'Alliance internationale pour le suffrage des femmes qui se tint en 1920 à Marseille. Plus tard, elle se prit de passion pour Israël qu'elle parcourut trois fois. En 1967, elle effectua un voyage en Inde et au Népal. Ce fut son dernier voyage. Après une vie très bien remplie, elle s'éteignit à 84 ans, le 17 octobre 1971.

Suzanne Lippens reçut en 1951 la médaille " Florence Nightingale ", la plus haute distinction que la Croix-Rouge internationale attribue tous les trois ans à 34 personnes de par le monde. 

(1) Lippens Paul, né le 11 septembre 1876 à Gand. Sous-Lieutenant auxiliaire. Ordre de Léopold ;Croix de Guerre. Dirigeant la section des projecteurs dans les tranchées avancées, au cours d'une attaque allemande, tomba glorieusement sous les balles ennemies, à Oudstuyvekenskerke, le 20 août 1915.

(2) Hymans Paul, né en 1865 à Ixelles, décédé à Nice en 1941.Docteur en droit et professeur à l'U.L.B, il est appelé au conseil des Ministres en 1916 et occupa de nombreuses fonctions ministérielles : les Affaires économiques (1917-1918), les Affaires étrangères (1918-1920; 1924-1925 et 1927-1934), la Justice (1926-1927), les Affaires étrangères et le commerce extérieur (1934-1935),il fut membre du conseil des ministres en 1935-1936. Il développa une activité diplomatique et internationale importante : premier plénipotentiaire belge à la conférence de Versailles (1919), il présida la première assemblée de la S.D.N (1920). Il publia des ouvrages d'histoire politique et parlementaire.



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