Médecins de la Grande Guerre
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L’hôpital militaire d’Hoogstade fut créé grâce aux
médecins et infirmières anglais ! Avertissement Cet
article a été rédigé avec comme source principale l’admirable livre « Op
naar de Grote Oorlog » écrit par Patrick Vanleene. L’auteur a fait un travail de recherche tout à fait remarquable. Ce livre, agrémenté d’une
iconographie de grande qualité, est
rédigé en néerlandais et est paru aux éditions De Klaproos à Koksijde
(info@klaproos.be) en 2001. A
Anvers, en septembre 1914, Les infirmières britanniques[1] se
portèrent avec un courage exemplaire au secours des soldats belges et français
dés le début de la grande Guerre. A côte de l’hôpital de Le
docteur Munro crée son Ambulance volante avec des femmes remarquables A côté des initiatives dépendant de La célèbre écrivaine
May Sinclair, auteur des
premiers romans dans lesquels la psychologie tenait une grande part, fut au
nombre de ces volontaires. A l’âge de 51 ans et désignée secrétaire de
l’expédition, elle eut à jouer un rôle important pour faire connaître l’œuvre
du docteur Munro et ainsi faire rentrer les fonds nécessaires à l’expédition.
Le Munro’s Flying Ambulance Corps
comportait initialement trois médecins (un quatrième médecin anglais s’ajouta à
l’expédition en Belgique), trois brancardiers, une véritable Lady, Dorothie Feilding, l’américaine Helen Gleason, une infirmière
chevronnée Elsie Knocker et une
toute jeune femme à peine sortie de l’adolescence et adepte de la moto, Mairi Chisholm. Les deux véhicules
ambulances Daaimler furent fournis par May Sinclair, en contact avec les réfugiés belges qui
avaient fui l’avance ennemie, prenait note de tous les récits de guerre qui lui
étaient racontés. Elle fut bientôt horrifiée de tout ce qu’avait vécu les
réfugiés et saisie d’une insurmontable angoisse qui empêcha le moindre sommeil !
Epuisée elle fut finalement considérée comme un poids pour la bonne marche de
l’expédition et finalement mise dans un bateau à destination de l’Angleterre.
May Sinclair publia ses notes de guerre dans une revue puis dans un livre
« Journal of Impressions in Belgium » dans lequel elle s’épanche avec
admiration sur le courage des Belges devant les épreuves de la guerre. Elle offrit
les bénéfices de son livre au Belgian
Relief Committee qui essayait de fournir une aide alimentaire à Helen
Hayes, professeur de musique et épouse du journaliste américain Artur Gleason qui couvrait la guerre
pour plusieurs journaux américains, resta plus longtemps au service du docteur
Munro que May Sinclair. Les premiers
contacts avec les soldats souffrants à Furnes lui fit perdre connaissance deux fois et
l’obligea à s’endurcir ! Elle conta son expérience dans un récit assez
romancé « With the First War
Ambulance in Belgium ». En
mars 1915 elle reçut du roi Albert la décoration de chevalier de l’ordre de
Léopold II. Elle devint ainsi la première américaine à gagner cette décoration.
Helen quitta définitivement L’ambulance du docteur Munro séjournait à Gand lorsque
l’Armée belge et les soldats anglais d’Anvers quittèrent Anvers à la fin de la
première semaine d’octobre pour se réfugier derrière l’Yser. Munro et son
équipe n’eut pas d’autre opportunité que
d’accompagner les soldats en retraite et
à son grand regret dût s’éloigner du front jusque Malo-les-Bains. Anvers abandonné, les deux installations médicales
britanniques qui s’y trouvaient se replièrent. Quant au British Field hospital, il put s’embarquer à Ostende avec ses
112 blessés au terme de trois nuits et trois jours sans repos ni sommeil.
Après à peine cinq jours de repos dans leur pays, la grande partie du personnel
de l’hôpital se réembarqua cependant
pour Dunkerke ! Le
British Field Hospital et Mi-octobre 1914 se retrouvait donc dans le
Pas-De-Calais en attente de nouvelles missions, le British Field Hospital for
Belgium (54 personnes dont 25 infirmières)
et l’ambulance du docteur Munro. Les deux organisations décidèrent alors
de fusionner et mirent en commun leurs moyens pour créer un Belgian Field
Hospital derrière l’Yser. Cet hôpital était attendu avec la plus grand impatience car les soldats Belges qui résistaient derrière
l’Yser n’avaient aucune structure médicale à leur disposition (l’hôpital
l’Océan à Le Belgian Field Hospital parvint à Furnes le 21
octobre au soir et s’établit dans les murs du Collège de la ville. Les médecins
et infirmières anglaises arrivaient juste à temps pour apporter
leurs soins aux soldats belges qui étaient engagés au plus fort des combats de la bataille de
l’Yser. Tout l’espace disponible du
collège fut utilisé pour recevoir immédiatement les centaines de soldats
blessés lors de percée allemande dans la boucle de l’Yser à Tervaete. La salle
d’étude servit d’abri pour cent
blessés tandis que la salle à manger en
abrita 50. Les classes furent transformées
en salle de soins ou d’opération. Les blessés reposaient sur des brancards ou sur de la paille. Il y
avait seulement 12 lits pliants et ils servaient à accueillir les blessés
graves devant être opérés. Une morgue fut établie dans une classe et ce sont deux jeunes
gens de 14 ans qui transportèrent les corps dans une charrette vers le
cimetière. Les ambulancières Elisabeth Knocker et Sarah Macnaughtan écriront
plus tard combien elles furent choquées par le sort affreux des jeunes blessés dans l’hôpital ! Le premier jour à Furnes fut un véritable jour d’enfer
pour les médecins et infirmières car l’afflux incessant des blessés surprit un l’hôpital qui n’était qu’en formation et quasi
inexpérimenté ! Partout fusaient les interpellations angoissées des
soignants qui restaient sans réponse : Où sont les brancards ? Où se
trouve le chloroforme ? Que devons nous faire avec les morts ? De surcroît, l’hôpital n’avait qu’un matériel rudimentaire car la
plupart des caisses avaient été perdues ou volées lors de la retraite d’Anvers.
Il n’y avait qu’une seule scie disponible pour les amputations et les trois tables d’opération se partageaient deux
scalpels, 6 pinces hémostatiques et six pinces hémostatiques ! Miracle ou
plutôt exploit, ces trois tables fonctionneront pourtant –sans interruption -pendant 4 jours et quatre
nuits ! Encore heureux que l’hôpital disposait d’assez de chloroforme et de
morphine ! Dans les salles, la gangrène était partout présente et il régnait une odeur fétide qui donnait la nausée même
aux plus endurcis ! L’obscurité tombée, l’infirmière apportait les soins
dans la grande salle d’études avec une bougie
ou une lanterne à paraffine. Cela rappelait à Elsie Knocker les peintures
qu’elles avaient vues dans son enfance et qui représentait Florence Nightingale, la
créatrice du métier d’infirmière oeuvrant dans la misère la plus totale de son
hôpital de Scutari. D’après le commandant du Belgian Field Hospital, le
docteur Perrin, près de un blessé sur dix succombera (9,3%). Ce ne fut pas le
cas pour le soldat belge Maurice qui fut emmené à l’hôpital une balle dans la
gorge. Sa convalescence fut longue et pénible mais il survécut. Quand on apprit
qu’il avait été chef coq à l’hôtel Métropole à Bruxelles, les Anglais
décidèrent de le nommer responsable de la cuisine de l’hôpital ! Il devint
très précieux et fut aidé dans sa tâche par 9 femmes dont 5 religieuses qui
avaient fui Louvain. Maurice savait cuisiner avec peu de choses des plats
exquis ! Quand il ne possédait plus d’huile, il se ravitaillait en huile
de ricin chez les médecins pour confectionner une succulente salade anglaise ! Le ravitaillement de l’hôpital se faisait par un
camion qui quittait Furnes pour Dunkerke chaque matin avec du courrier pour
l’Angleterre et qui revenait le soir avec ce que l’on avait pu trouver! Sarah
Macnaughtan se dévoue avec sa cuisine volante à la gare de Furnes puis à, la gare
d’Adinkerke Les blessés du Belgian Field Hospital étaient conditionnés
par les médecins pour devenir transportables puis
évacués en train pour un voyage de 14 heures qui devait les amener dans le Pas-de-Calais.
Après quelques jours passés dans l’hôpital, l’ambulancière Sarah Macnaughtan se
trouva plus utile à l’extérieur de l’hôpital qu’à l’intérieur ! Elle réalisa
en effet qu’il fallait soutenir les blessés[2] qui,
dans le froid, attendaient parfois de nombreuses heures, en gare de Furnes le départ de leur train sanitaire. Sarah
installa donc à la gare de Furnes, le 21 novembre une cuisine volante et avec l’aide de trois religieuses, distribua café et
soupe à des centaines de soldats blessés. Ce
service durait jusque tard dans la nuit et Sarah ne pouvait regagner son
logement que vers 1 heure du matin. En janvier 1915, suite à l’ouverture de l’hôpital
l’Océan à Quand
deux héroïnes anglaises quittent le Belgian field hospital pour tenir à elles
seules un poste de secours sur la ligne
de front à Pervijze L’infirmière Elsie Knocker avança l’idée qu’un poste
de secours muni d’un véhicule tout près du front serait un grand avantage pour les soldats blessés en
leur permettant d’avoir des premiers soins de qualité avant d’être transbahutés
jusqu’à l’hôpital. Le 5 novembre 14, elle expliqua son idée au docteur Munro
qui ne se montra pas très enthousiaste ! Malgré les oppositions, Elsie
Knocker et Mairi Chisholm quittèrent le Belgian Field Hospital pour créer un poste de secours avancé. Elles furent
aidées dans leur entreprise par le docteur van Der Ghinst qui était le médecin de bataillon du 9ème de
Ligne stationné à Pervijze. Fin novembre, les deux femmes s’installèrent dans
une villa abandonnée, une des rares maisons non en ruine, juste derrière la
gare de Pervijze. Chaque jour une ambulance de Furnes venait charger les
blessés soignés dans leur poste de secours appelé « cellar-house »
(maison-cave) mais cette collaboration
avec le Belgian Field Hospital cessa le
25 janvier 1915 avec le transfert de l’hôpital de Furnes à Hoogstade et avec l’incorporation du docteur Munro dans le
service de santé de l’armée anglaise. Les deux anglaises durent alors se
débrouiller pour obtenir les moyens matériels nécessaires à leur poste de
secours. Elles créèrent un « cellar-House Found » et purent grâce au major Gordon qui était
l’attaché militaire anglais auprès de la maison royale belge, publier à Londres
un livre reprenant des extraits de leur journal qui
était dédié aux « magnifiques soldats belges ». Cet ouvrage connut un
grand succès puisqu’il fut édité deux fois et fut distribué jusqu’aux Indes et
aux Etats-Unis. Grâce aux bénéfices de la vente de ce livre, la trésorerie fut alimentée. Les conférences qu’Elsie et
Mairi donnèrent une ou deux fois par an en Angleterre, en Ecosse et en Irlande
permettaient aussi de trouver des
ressources pécunières. En février 18, Elsie participa à un grand gala à
l’Alhambra à Londres qui rapporta L’hiver 1914-1915 fut très froid. La présence des deux femmes constitua un grand réconfort pour
les soldats qui surent apprécier leur courage et leur débrouillardise pour
soigner leurs blessés. Tout en inspirant le respect, elles représentaient une
note d’espoir et de douceur dans un paysage de ruines et de désolation. Après
quelques semaines, le poste de secours à cause des bombardements trop intenses
dut être transféré dans Elsie et Mairi rendirent d’innombrables services aux
soldats belges et devinrent de véritables vedettes à telle point que toutes
les personnalités civiles ou militaires
qui se rendait dans cette partie du front se devait d’aller rendre visite aux « miss » de Pervijze » ! Elles
furent sans doute les femmes les plus photographiées du front belge. Parmi les visiteurs illustres qu’elles
accueillirent dans leur abri, il faut mentionner Marie Curie, le bourgmestre de
Paris, l’actrice américaine Maxine Elliott, l’écrivaine américaine Mary Roberts
Rinehart, le ministre Vandervelde, le Général-médecin Mélis, chef du service de
santé belge, le général Drubbel, Sir Bertrand Dawson, chef du service médical
britannique, le colonel Maitland du Royal Flying Corps, Harry Delacombe, chef
du Royal Naval Air Service, le major Gordon, aide de camp du roi Albert, le
prince Alexander van Teck, frère de Coqueluches des officiers, les deux femmes connurent
donc de multiples prétendants. Elsie céda à l’un deux, le baron Harold de
T’serclaes de Rattendael qui était un pimpant officier du régiment des Guides.
Pour Elsie, la petite orpheline, Harold représentait le véritable prince
charmant qui allait lui permettre de
sortir de son humble condition sociale. Le mariage fut célébra à Le dimanche 17 mars 1918, durant l’offensive de
printemps lancée par les Allemands, la cellar-house fut bombardée par des
grenades à gaz. Elsie et Mairy furent intoxiquées et transportées à l’hôpital
l’Océan. Elsie fut évacuée par après vers Boulogne et puis vers l’Angleterre
tandis que Mairi moins atteinte put retourner à Pervijze. Un mois plus tard,
une deuxième attaque aux gaz obligea Mairi à déclarer forfait à son tour et les autorités
belges décidèrent de fermer le poste de secours définitivement. C’en était fini
de l’histoire au front des petites Anglaises ! Elles laissèrent dans le
cœur des soldats de nombreux souvenirs qui furent souvent l’objet de récits
divers et de poèmes comme celui paru dans « Là-bas, en 1914-18. Chansons
et déclamation » par Jean Petit Mineur Pervise Peut-être qu’un beau jour-je le crois, je l’espère- Environnés de gloire et de soleil, nos gars Rentreront de gloire et de soleil, nos gars Vaillants et fiers, entre eux, de nos combats
devisent ; Ils iront confiants vers l’avenir prospère Songeant qu’ils sont tombés, un soir, blessé et las, Et se sont réveillés, chez les « miss » à
Pervise. Qui étaient vraiment les héroïnes de Pervijze et que
devinrent-elles après la guerre ? Elsie Knocker, née en 1884 Elisabeth Mary Shapter fut
orpheline très tôt et adoptée par un
couple sans enfants de Folkestone. Elle suivit des cours d’infirmière à Sevenoaks.
Toute sa vie elle resta marquée par son enfance très peu heureuse. Mariée en
1906 avec Leslie Knocker qui l’emmena à Singapour. Après avoir donné naissance à un fils Kenneth, elle
se sépara de son mari qui décéda quelques temps après en 1908. Elle fut ensuite
engagée par son frère malade comme infirmière. Passionnée de moto, elle
s’acheta une Chater Lea et se fit membre du Gypsy motorclub. Qui éleva Kenneth
pendant la guerre alors que sa maman se trouvait au front ?
Vraisemblablement il fut placé en pension. Elsie se maria en 1915 avec un
officier belge le baron T’Serclaes mais le couple se sépara vers 1919. La
baronne de T’Serclaes écrivit ses mémoires en 1964. Mairi Chisholm est née en 1897 à Wimborne en Ecosse.
Issue d’un milieu très aisé, elle fut élevée assez librement par un père
passionné avant tout par ses deux autos
et, par une mère très occupée par sa vie
mondaine. Sans autre formation que de savoir conduire une moto, cette jeune
fille sportive, avec l’encouragement de son père, s’élança à 17 ans sur les
routes anglaises pour s’engager dans l’équipe du docteur Munro. Arrivée à
Londres, elle vendit sa moto pour payer son équipement personnel nécessaire
pour faire partie de l’expédition. Ayant des nerfs d’acier elle ne connaissait
pas la peur et pouvait s’endormir si on en lui donnait l’ordre ! Après la
guerre elle se fiança le 11 septembre 18 avec le capitaine W.T Hall de Que
devint Le Belgian Field Hospital dont nous avons suivi les traces jusqu’à
Hoogstade ? En janvier 1915, l’équipe anglaise du Belgian Field
Hospital fut forcée à cause de la menace d’une percée allemande de quitter
Furnes pour s’installer plus en arrière des lignes à Hoogstade. Les infirmières
et chirurgiens anglais furent alors
remplacés progressivement par des Belges
qui reprirent à leur entière charge l’hôpital le 15 mai 1916. Seules quelques
nurses anglaises restèrent après cette date à Hoogstade à leur propre demande.
C’est le chirurgien militaire belge
Willems[3] qui
reprit la direction de l’hôpital. Une infirmière anglaise anonyme a écrit un
très beau récit de ce que fut la vie du Belgian Fied hospital d’Anvers
à Hoogstade. Il s’agit du livre « A
War Nurse’s diary » paru aux Etats-Unis en 1918 aux éditions « The
Macmillan Compagny ». Pourquoi cette
infirmière anglaise garda t’elle l’anonymat ? Le mystère est entier et je
fais appel au lecteur providentiel qui pourrait m’éclairer ! Dans les photos qui
illustrent ce livre, une infirmière y apparaît souvent et je crois y
reconnaître Cora Mayne. Le livre a donc peut-être écrit par cette dame qui
curieusement porte le nom d’une écrivaine contemporaine ! Quoiqu’il en
soit l’auteur de ce livre nous livre un
témoignage de grande valeur sur la médecine de L’histoire
incroyable des soldats belges miraculés du Belgian Field Hospital d’Hoogstade ! Le premier de ces miraculés est mentionné comme étant
Joseph qui appartenait au Premier Guide. Il arriva à l’hôpital d’Hoogstade avec
une large plaie dans sa jambe. Son mollet était percé de part en part. La
gangrène s’installait et le chirurgien conseilla une amputation rapide !
L’infirmière, l’auteur du livre, demanda au chirurgien d’accorder à Joseph un
dernier sursis avant l’intervention, ce qui lui fut accordé. Elle nettoya alors
la plaie toutes les demi-heure avec une solution désinfectante au moyen d’une
d’une seringue tandis qu’ elle mit Joseph sur un lit à l’extérieur en veillant
à exposer sa plaie au plein vent et cela
malgré l’hiver. La thérapeutique
agressive connut le succès et la gangrène disparut mais un jour qu’il
était dehors on vint prévenir l’infirmière que Joseph était en train de perdre
tout son sang tant la plaie saignait. Tant bien que mal l’hémorragie disparut
avec un garrot et le chirurgien voulut alors procéder à l’amputation arguant
que l’artère principale avait été thrombosée
et que le membre allait se retrouver sans plus aucune circulation
sanguine ! Cora (c’est ainsi que nous l’appellerons désormais l’infirmière
anonyme) demanda encore une fois un sursis. Et un nouveau miracle
apparut : les artères collatérales augmentèrent leur débit et suppléèrent
à l’artère principale bouchée. Grâce à sa constitution et à la volonté de cora,
Joseph put finalement garder sa jambe. Il fut envoyé suivre un long traitement
de physiothérapie à Paris puis retrouva du travail dans un dépôt de véhicules
militaires comme mécanicien. Le deuxième miraculé s’appelait Eugène. Il était âgé
de 32 ans, marié et était père de deux enfants. Quand il arriva à l’hôpital, il
était entièrement couvert de boue et de sang et il présentait un énorme trou à l’arrière du
crâne par lequel ses méninges y
faisaient hernie. Il était paralysé de tout le côté droit et de plus souffrait d’une fracture compliquée (en
plusieurs morceaux) de son bras gauche. Tout son corps était pénétré par des dizaines de petits shrapnels. Eugène
fut trépané, le bras gauche mis dans une attelle et jour après jour on retira
de son corps shrapnel après shrapnel.
Eugène contre toute attente alla mieux de jour en jour. Il récupéra
complètement l’usage de sa jambe droite
et partiellement l’usage de son
bras droit par un traitement de physiothérapie
tandis que la fracture du bras gauche se consolida sans déformation. Le troisième miraculé s’appelait Ernst Handschutter Il
avait reçu une pièce métallique dans la paroi de son cœur. Les chirurgiens
parvinrent à exposer le cœur après avoir coupé une côte et à retirer le shrapnel
mais après quelques jours Ernst devient
tout bleu et froid. On le réopéra et le
chirurgien constata que le péricarde
s’était autour du cœur épaissi au point d’empêcher le cœur de battre
normalement. Il incisa le péricarde cicatriciel et Ernst se rétablit cette fois parfaitement ! Le quatrième miraculé
se nommait Jean Lassoux et ce Liégeois avait 37 ans. Une balle avait
traversé l’oeil gauche et endommagé le cerveau .Le chirurgien ne savait rien
faire et seul le repos avait été donné comme traitement ! Il était
inconscient et respirait par saccade. Un colonel vint le décorer sur son lit de
l’ordre de Léopold car il avait sauvé
deux personnes dans une habitation en feu et ultérieurement ramené en rampant un camarade blessé en le
tirant par sa ceinture ! C’est lors de ce dernier sauvetage qu’il fut
blessé. Quand Cora fut appelée à son
chevet il venait de recevoir de la morphine qui rendait sa respiration encore
plus déficiente ! Cora le voyant mourir car il ne respirait plus que trois
fois par minute, lui fit la respiration artificielle puis on lui appliqua sur
la poitrine pendant toute la journée des draps mouillés alternativement par de
l’eau glacée et de l’eau très chaude ! Le soir à 8 heures, quand Cora
termina son service, elle eut la terrible surprise de voir Jean se lever tout
un coup en voulant rejoindre les tranchées ! Il était sauvé mais présenta
des troubles commotionnels pendant plusieurs semaines et il fallut le lier dans
son lit. Quand il fut suffisamment rétabli, le Roi lui accorda la permission de
rester dans les forces combattantes malgré le fait qu’il soit devenu borgne. Jean
Lassoux avait demandé auparavant aux autorités médicales de pouvoir garder son
aptitude évoquant avec un certain humour
que de toute façon pour tirer on
fermait un œil ! De retour dans les
tranchées il entretint une correspondance soutenue avec son infirmière qui nous témoigne dans son livre que Jean était un poète exquis
et qu’il racontait merveilleusement de la vie de ses camarades soldats !
Dommage que nous n’avons plus de traces de ses lettres mais qui sait si
les descendants de Jean n’en possèdent pas encore quelques unes ! Dr
Loodts. P Août
2008 [1] Parmi les infirmières anglaises qui se trouvaient à Anvers, on ne peut
passer sous silence Violetta Thurstan qui
faite prisonnière par les allemands dut travailler dans un hôpital allemand.
Libérée, elle s’empressa d’aller porter secours aux soldats russes et termina
sa carrière comme « matron » de l’hôpital l’Ocean. [2] Au total ce fut
plus de18.000 blessés qui furent au cours de la guerre évacués par train à partir de Furnes. [3] Le docteur Willems était avant la guerre chirurgien en chef de l’hôpital
de Byloke à Gand. Au moment de la guerre des Balkans, il organisa une équipe
chirurgicale qui fonctionna en Turquie. |