Médecins de la Grande Guerre

Histoire du Docteur van der Ghinst

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Quatre heures chez l'ennemi racontées par le Dr van der Ghinst

Introduction au récit

Récit du Dr van der Ghinst, de l'ambulance militaire de Cabour (Adinkerke), complété par un compte rendu de Léon Deliens, soldat au 11° régiment de ligne. Ce récit  tiré du livre écrit par le baron Buffin ( Récits de Combattants, Librairie Plon, Paris, 1916) relate un épisode tragique de la bataille de l'Yser: la percée de nos lignes et de l'Yser par une compagnie de soldats allemands, à Dixmude. Cette infiltration de "nos arrières" par moins d'une centaine de soldats ennemis donna des sueurs froides au Colonel Jacques et à l'Amiral Ronarch qui commandait les fusillers marins français venus appuyer les Belges à Dixmude. La compagnie allemande parvint à franchir nos lignes par ruse, vraisemblablement en suivant de très près une de nos bataillon  qui quittait les tranchées pour être relevé. Heureusement pour les alliés, les Allemands ne surent pas exploiter rapidement ce cheval de Troie. Leur  prouesse se termina en catastrophe puisque seulement 25 jeunes soldats allemands survécurent à ce raid. 

Ce récit nous interpelle : on y découvre la montée progressive de la cruauté dans les rangs des soldats au fur et à mesure que le sentiment d'insécurité augmente dans leurs rangs. Les jeunes soldats allemands, pour la plupart étudiants ou universitaires fraîchement diplômés, parviennent dans un premier temps à convaincre leur chef de ne pas tuer les prisonniers qui ralentissent leur fuite. Mais quand la compagnie allemande s'aperçoit à l'aube qu'elle ne s'est pas rapprochée de ses propres lignes et que l'ennemi l'encercle,  l'ordre absurde de tuer les otages est exécuté. L'enchaînement de la violence, hélas, ne s'arrête pas à la reddition de la compagnie allemande puisque  sont  fusillés immédiatement, par ordre de l'amiral, ceux qui parmi les prisonniers allemands sont reconnus comme ayant exécuté les otages. 

Dr Loodts P        

Le Récit

24 octobre. Dixmude, le soir. A la lueur sinistre des maisons incendiées, des soldats belges, des fusiliers marins, se glissent à travers les décombres, au milieu des flammes qui rasent le sol. La face noire, l'œil hagard, la barbe hirsute, l'uniforme couvert de sang et de poussière, ils montent et dévalent le long des rues, franchissent les pierres, les poutres, les débris de toute sortes, sautent au-dessus des murs, projetant des ombres gigantesques qui augmentent la fantasmagorie du spectacle. De temps à autre éclate un schrapnell, vibrant dans l'air comme un diapason, ou bien, avec un grand flot de lumière, le fracas d'un obus brisant fait trembler les murailles lézardées.

 Dans notre poste de secours, jadis le brillant salon d'un notaire, des brancardiers apportent un blessé qui, tout en gémissant, raconte que les Allemands ont pénétré en ville. Invraisemblable nouvelle, nos tranchées formant un cordon ininterrompu. C'est le délire sans doute. Mais voilà qu'un second, puis un troisième blessé confirme le racontar. Un d'eux prétend même avoir aperçu le cadavre d'un Allemand sur la Grand Place, à 200 mètres du poste. Serait-ce la percée? Le combat dans les rues? Depuis deux jours déjà, les médecins français ont transporté leurs installations en deçà de l' Yser, il ne nous reste plus qu'à les imiter et à sauver nos blessés. Sans perdre un instant, je les charge sur une voiture d'ambulance qui traverse le pont, prend la route de Caeskerke et s'arrête à 400 mètres, devant un cabaret, autre poste de secours belge, où nous installons les blessés tant bien que mal. Pendant la nuit, je suis réveillé brusquement. C'est mon fidèle porte-sac qui me secoue et me crie: "Les allemands sont là." en un clin d'œil, je suis debout. Tous mes compagnons, médecins et brancardiers, sont réunis dans la principale salle du cabaret, plongée dans une obscurité profonde.

Que se passe-t-il? A voix basse, on m'explique qu'une sonnerie de trompète d'un timbre insolite vient de résonner, suivie de cris, de coups de feu, du bruit d'une trombe d'hommes passant en ouragan devant la porte dans la direction de Caeskerke, vociférant des "hourrah!" Mais alors, nos lignes sont enfoncées! Coûte que coûte, il faut se renseigner: tout plutôt que cette angoisse mortelle. J'ouvre la porte. Dehors, c'est la nuit noire, une nuit d'octobre froide et pluvieuse. Des gémissements partent de la maison d'en face. Le browning à la main, j'y entre et, à la lueur de ma lampe électrique, j'aperçois deux hommes étendus par terre, côte à côte, ne donnant plus signe de vie. Ce sont le lieutenant de vaisseau Richard et l'abbé Le Helloco; un troisième râle dans un coin de la pièce, c'est le docteur Duguet, médecin principal des fusillers marins. A mon appel, deux brancardiers transportent mon malheureux confrère à notre poste de secours.  "J'ai les reins brisés, " gémit-il. Je le rassure et il m'explique qu'en entendant des cris, les trois officiers, moins prudents que nous, s'étaient précipités sur le seuil de leur demeure; leur silhouette, se détachant dans l'encadrement de la porte, formait un formidable point de mire, et ils étaient tombés, frappés par la horde qui se rue en avant. Nous sommes atterrés; que va-t-il se passer ? Et notre état-major, établi dans une maison voisine, que devient-il ? Quel est le sort du brave colonel Jacques, du capitaine Philippron, de leurs camarades ? Je cours à leur habitation et frappe à la porte, qui s'ouvre aussitôt, laissant apercevoir, à la hauteur de ma tête, plusieurs canons de revolver. "Docteur van der Ghinst", criai-je. Au son de ma voix, les brownings s'abaissent. Malgré l'obscurité, je parviens à distinguer le colonel Jacques. "Que signifie cette blague mon colonel ? "

- Mais z'oui! fait la voix badine de notre chef l'Africain, des Boches ont passé. Vous ne pouvez pas rester ici, il faut chercher du renfort.

- Où y en a-t-il ?

- Il y a un bataillon à Caeskerke; qui se chargera de le prévenir ?

- Moi, la route semble libre. J'essaierai de franchir la distance qui nous sépare des réserves.

Me voilà en route; à ma demande, un marin français, qui chemine dans la même direction, se joint à moi. L'obscurité est complète. La tête en avant, nos yeux cherchent à percer la nuit. A peine avons-nous parcouru 200 mètres que des voix confuses s'élèvent. "Halte là!" distingue-t-on. Croyant avoir affaire à des Français, je réponds: "Médecin belge."

- Hand e hoch, commande une voix impérative. En obliquant vers la gauche, je distingue dans le fossé des casques à pointe ainsi que des baïonnettes dirigées contre nous. Il n'y a rien à faire, toute résistance serait vaine. Un pas de plus, nous sommes morts. Nous dûmes descendre dans le fossé où déjà se trouvent d'autres victimes. Je réclame en allemand et déclare que je suis médecin, ce qui me vaut de soigner un grand escogriffe d'officier teuton, blessé à la jambe. Peu à peu, je distingue autour de moi un certain nombre de prisonniers, parmi lesquels je reconnais Léon Deliens et Gaston de Marteau, soldats au 11° de ligne. Ils ont les mains liées derrière le dos, les bretelles coupées, le pantalon ouvert, pour rendre toute fuite impossible. On veut nous faire subir le même sort, ainsi qu'à mon compagnon d'infortune. Je proteste violemment en allemand, ce qui produit un effet magique. Un officier m'interroge et s'enquiert de la position des troupes à Dixmude. "Je suis médecin, lui répliquai-je, et ignorant des questions militaires. d'ailleurs, même si je le pouvais, je ne répondrais pas à de telles demandes qui sont contraires aux stipulations du traité de la Haye." L'officier n'insiste pas.

Dans la nuit obscure, règne un silence absolu, interrompu parfois par les commandements brefs du chef, un major à la voix enrouée nommé van Oidtmann. Une voiture apparaît sur la route. C'est une ambulance de la Croix-Rouge française capturée par les Boches, que le major envoie vers Dixmude, avec ordre d'atteindre les lignes allemandes et de lui rapporter des instructions. A l'arrivée de la voiture au pont, la sentinelle française crie: "Halte là! Qui vive?

- Rouge-Croix", répond le conducteur allemand. Vous pensez qu'en un instant, la voiture est entourée et que, l'un après l'autre les boches sont extraits.

Cependant dans le fossé, le major et ses lieutenants - ils sont trois - délibèrent. En écoutant leurs conciliabules, je comprends que 70 Allemands ont réussi à franchir nos lignes à la jonction d'une tranchée belge et d'une tranchée française, qu'ils ont traversé Dixmude, qu'ils ont franchi le pont, se sont élancés sur la route de Caeskerke, passant en trombe à côté des postes de secours, des états - majors et des réserves. Maintenant, cachés au fond d'un fossé, à 300 mètres de la gare, ils attendent le restant de leur bataillon, qui n'arrive pas. Un ou deux fusillers marins qui passent sur la route sont capturés; un cycliste qui refuse de s'arrêter est tué. Le temps passe et l'impatience gagne sans doute le Major, car tandis que je cause avec un de mes gardiens, je l'entends intimer l'ordre: "Die gefangene todt schiessen." Je proteste et, à mon vif étonnement, mon gardien proteste aussi: "Nein, man muss nicht unmenschlich handlenicht der dokter." Connaissant la sévérité de la discipline allemande, j'étais heureusement surpris de constater cet exemple d'individualité. Le jeune Allemand, d'ailleurs charmant, était étudiant en droit à Berlin et plusieurs de ses camarades de l'Université joignirent leurs protestations aux siennes et l'ordre ne fut pas exécuté. Bientôt les Allemands se lèvent et cherchent à avancer, mais la tête de leur colonne se heurte à une tranchée occupée par les fusillers marins, quelques coups de feu sont échangés et  alors, la troupe traversant un champ se dirige vers le chemin de fer. Là, nous faisons une nouvelle halte et une deuxième fois l'ordre est donné: "Die gevangene todt schiessen." Pourquoi l'exécution n'eut-elle pas lieu ? Sans doute grâce à l'intervention d'un médecin allemand, simple soldat, qui s'était présenté à moi pendant notre marche: "Docteur X...," et qui alla parler au major.

Les Allemands s'étaient rendu compte que leurs camarades n'avaient pu les suivre et que leur seule chance de salut était de retraverser l'Yser sur le pont de chemin de fer et de regagner leurs lignes. Nous passons au-dessus de la voie ferrée de Caeskerke à Dixmude, à vingt mètre du train blindé, qui n'est pas remarqué. En silence, nous marchons par deux entourés de nos geôliers; bientôt nous rejoignons un groupe de 15 allemands qui se tiennent derrière une meule et nous nous couchons tous sur le sol. Quatre shrapnells éclatent au-dessus de nous. Un petit marin a la jambe percée d'une balle. Deliens lui fait un pansement sommaire. Un Allemand dit d'un air moqueur : "Gute deutsche shrapnells." C'est vrai. Nous repartons et, pendant plus de deux heures, nous marchons à travers champs, sautant haies, fossés et ruisseaux. En évitant un cours d'eau de trois mètres de largeur à peine un Allemand demande : "Ist das die Yser?" Nous ne pouvons nous empêcher de rire. Nous sommes complètement égarés et pataugeons dans la boue, glacés jusqu'aux os. Les officiers cherchent leur route à tâtons; à la lumière d'une lampe électrique dissimulée dans leurs longues capotes, ils consultent la carte et la boussole. Entre le major et ses subordonnés, de violentes discussions s'élèvent sous la direction à suivre . Je constate alors la confiance des allemands dans leur chef. A chaque instant, on entend : "Wo ist der Major" et lui, par des ordres brefs criés d'une voix enrouée: "Passt auf die gevangenen dort!" maintient la cohésion parmi ce troupeau gris. Mes compagnons d'infortune, dont quelques-uns ont été détachés sur ma demande, s'entraident et par groupe se traînent péniblement. Le petit marin blessé, suspendu aux bras de Deliens et de De Marteau, trottine courageusement, sans se plaindre, laissant derrière lui une traînée de sang.

Plusieurs jeunes étudiants en droit et en théologie m'entourent et des dialogues en allemand s'engagent. Ce sont des volontaires du 202° régiment, arrivés fraîchement de Berlin et qui voient le feu pour la première fois. "Combien de temps croyez-vous que durera la guerre?       - Six mois, peut-être plus. - Oh non, ce n'est pas possible. L'Italie a déclaré la guerre à la France et nous venons de faire prisonnier 250.000 Russes. - Et vous croyez à toutes ces sornettes? - Nous devons croire ce que l'on nous raconte."

Lorsque je leur demande pourquoi ils ont attaqué la Belgique, je n'obtiens qu'une   réponse      " noth." A leur tour, ils s'étonnent qu'en Belgique tant de jeunes  gens ne soient pas sous les armes et ils s'enorgueillissent de leur patriotisme, qui, malgré le service obligatoire, a donné 2.000.000 de volontaires. "Nous avons 45.000.000 de soldats, " disent-ils. Un feldwebel me déclare d'un ton goguenard: "Wir sind durch, nicht wahr, herr Doktor?" J'esquisse un geste évasif.

Et nous marchons toujours, tournant dans l'obscurité avec la perspective de tomber devant une mitrailleuse qui fauche tout, amis et ennemis. De temps en temps, on nous groupe. Un soldat me pousse brutalement, je l'interpelle: "Bitte, ich bin offizier", et, ô discipline, il rectifie la position et s'excuse. Un autre veut me faire porter son sac, je refuse pour le même motif, et il n'insiste pas. Peu à peu, la nuit devient moins sombre, l'aube paraît, une aube pâle d'un jour pluvieux. A 700 mètres environ, nous distinguons dans la pénombre une femme et un enfant chargés de paquets et fuyant. Des coups de feu sont tirés: "Gute leute, " disent quelques hommes, et le feu cesse. La même scène se reproduit plus loin, où un homme et une femme apparaissent à la porte d'une ferme. Il fait clair, il est cinq heures et demie. Les ruines fumantes de Dixmude se dressent dans la brume et nous servent de point de repère. nous nous dirigeons de ce côté. Sera-ce le salut ? Sera-ce notre perte ? Une discussion s'élève entre le major et ses lieutenants.. Elle est coupée par un feu de salve qui soudain part d'une tranchée belge et abat cinq Allemands. Un ordre bref, demi-tour et au pas de gymnastique; baïonnette dans les reins, nous devons battre en retraite. Des coups de feu partent d'une ferme, des balles sifflent; nul doute, nous sommes dans la ligne des alliés. Le major ordonne de faire marcher les prisonniers en avant. A quinze, nous formons le premier rang. Mon compagnon de droite, le capitaine de frégate Jeanniot, m'explique qu'en apercevant les Boches, il s'est dirigé vers eux en parlementaire, ayant un soldat belge comme interprète, et qu'il les a invité à se rendre. On l'a fait prisonnier. "Ils tournent en rond, ils sont perdus," remarque un soldat de ligne. Notre position est périlleuse, de chaque ferme des coups de feu sont dirigés contre nous. Un Allemand tombe. Je me précipite, mais un ordre bref "Vorwaertz" et la menace d'un pistolet m'arrêtent. Et le malheureux, qui tend la main en implorant du secours est abandonné, sans un regard, sans un mot d'encouragement ni de réconfort. Décidément, ce major n'est qu'une brute. Nous passons à proximité de la batterie belge du major Hellebaut, où nous aurions été reçus à coups de mitraille, sans l'intervention du lieutenant de Wilde, qui a distingué - juste à temps - des uniformes alliés dans le groupe ennemi. La situation est critique, nos gardiens sont de plus en plus occupés à riposter au feu des nôtres. C'est le moment de jouer quitte ou double. Imité par mon brancardier et par le marin français que j'ai entraîné dans la bagarre, j'avance de plus en plus lentement, atteint l'arrière et me laisse choir dans une rigole peu profonde. Rien! personne n'a remarqué notre disparition. nous nous éloignons en rampant puis quelques bonds nous mettent hors de portée. Nous sommes sauvés !

Ce récit est complété par le soldat Léon Deliens: "A ce moment, rapporte ce dernier, un officier allemand crie: "Was mussen wir mit die gevangenenthum? " Un autre répond: " Todt schiessen." Un coup de feu est tiré sur le commandant Jeanniot, qui n'est pas atteint. C'est un moment terrible; nos geôliers nous pressent, nous bousculent; ils sont affolés et après avoir fait un crochet, se dirigent sur Dixmude. Tout à coup une fusillade nourrie éclate, semant la mort dans les rangs allemands. Le major rassemble ses hommes et quelqu'un - est-ce lui, est-ce un lieutenant, je ne puis le préciser - lance l'ordre: "Die gevangenen todt schiessen!" Chaque soldat choisit un prisonnier, des baïonnettes trouent des poitrines sans défense, des coups de feu à bout portant sont tirés; mon bourreau me vise, l'arme à la hanche; dans une culbute, je me jette à terre, la balle passe au-dessus de moi; d'un bond, je me relève, et les souliers enfonçant dans la vase, embourbé, je m'éloigne d'une quarantaine de mètres et retombe la tête dans la boue. Je dois avoir été manqué, car je ne me sens aucune blessure. Sous une pluie de balles terribles, je lève les yeux, je regarde: les Boches battent en retraite, le major commande toujours, de sa gorge ne sortent plus que des sons rauques. Je vois les Français se ruer à l'assaut, je suis entre deux feux. La terre vole en l'air, des blessés hurlent, nos pauvres camarades assassinés râlent. C'est une confusion d'uniformes bleus, noirs et gris. une colère folle me saisit; je me lève, m'empare d'un fusil allemand et brûle les trois cartouches que l'arme contenait .J'agite mon bonnet de police vers les Français qui accourent. Un d'eux tombe, je ramasse son fusil muni d'une baïonnette, et dans une rage folle indescriptible, animé d'une soif de vengeance irrésistible, je m'élance et me retrouve face à face avec le major von Oidtmann, criant toujours, tenant d'une main sa cravacher, de l'autre son browning, plus brave que jamais, il faut le reconnaître. Je lui enfonce ma baïonnette dans le flanc gauche, sous le cœur, et il s'effondre tout d'une pièce.

"Alors la scène change, les Boches se rendent, lèvent les bras, implorant, offrant de l'argent. Mon camarade De Marteau, épargné par hasard, - une balle a percé son bonnet de police -, et moi, emmenons quelques prisonniers et nous revenons, fort étonnés d'être sortis sains et saufs de cette échaffourée

"Par ordre de l'amiral Ronarc'h, les Allemands que nous reconnûmes comme ayant tiré sur les prisonniers furent fusillés. Des 70 Boches qui avaient passé le pont de Dixmude, 25 survécurent. Des 15 prisonniers qu'ils avaient faits, tous les français furent tués ou blessés, le pauvre petit marin blessé à la jambe fut achevé. Un soldat du génie belge fut massacré.

"Aujourd'hui encore, je ne pense pas aux heures affreuses que j'ai passées sans éprouver pour la patience stoïque, le silence méprisant, l'insouciance devant la mort du commandant Jeanniot et de tous mes infortunés compagnons." 



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