Médecins de la Grande Guerre
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Comprendre la grippe espagnole de 1918 : une nécessité
pour ne plus jamais connaître un drame
similaire. 1) La grippe espagnole
de 1918 Des soldats américains et une femme inuit, tous décédés en 1918 de la
grippe, ont permis de reconstituer le terrible virus de la grippe espagnole. Virus de la grippe espagnole. (image 8243 de Cynthia Goldsmith (domaine public) L’épidémie de grippe qui dévasta le monde en 1918 et 1919 fit deux à trois fois plus de victimes que la Grande Guerre. L’épidémie se propagea en trois phases : la première en avril 1918. La grippe fit à cette époque son apparition dans les camps de soldats surpeuplés de la côte d’Opale. Ce premier épisode de grippe ne fit que très peu de victimes contrairement au deuxième assaut de la grippe qui survint en septembre 1918. Cette épidémie, à la grande mortalité, cessa à la fin de l’année mais c’était se réjouir trop tôt car une troisième attaque du virus, elle aussi très meurtrière survint en février 1919. Pour connaître le virus meurtrier
plusieurs tentatives furent effectuées en vue de retrouver des échantillons de
tissus humains contenant encore le virus. Hultin en
1950 préleva en Alaska des échantillons de tissus pulmonaires chez des Inuits décédés de la grippe en 18. Ces
prélèvements ne révélèrent rien. En 1997, il retourna en Alaska et put prélever
à la Mission Brevig, dans le nord de l’Alaska des
fragments d’une femme baptisée Lucy et qui furent envoyés à Washington. Cette
fois, l’échantillon prélevé contenait des particules de virus. La troisième
tentative fut effectuée en 1998 par le professeur Kisty
Duncan professeur dans les universités de Windsor et de Toronto. Au Spitzberg,
elle découvre grâce à un historien, Kjell Mork,
l’emplacement des tombes de sept mineurs morts de la grippe en 1918. Ces sept
mineurs étaient en fait sept jeunes pêcheurs et fermiers norvégiens âgés de 18
à 25 ans qui espéraient se faire un peu
d’argent en allant travailler dans les mines de charbon. Ils s’embarquent sur
le Forsete, le dernier bateau qui pu cette année là
emprunter l’océan Arctique avant la prise des eaux par les glaces. Hélas, ils
sont atteints par la grippe et à peine arrivés sont hospitalisés puis décèdent.
Ole Kristoffersen,
Magnus Gabrielsen, Hans Hansen, Tormod
Albrigtsen, Johan Bjerk,
William Henry Richardsen et Kristian Hansen sont
morts et enterrés en catastrophe à faible profondeur dans le petit cimetière de
Longyearbyen. Kirsty et son équipe parviendront à
extraire de cinq des corps des échantillons anatomopathologiques (cerveau, poumons,
reins). Les échantillons malheureusement ne montreront pas trace du virus, sans
doute parce que les corps n’avaient pas été enterrés en profondeur et qu’ils
avaient donc subis trop de dégradations suite aux nombreux dégels.
Ce fut le docteur Tautenberger de l’Institut
de Pathologie des Forces Armées à Washington qui trouva les séquences du virus
de la grippe. Il étudia pour ce faire l’échantillon de John Hultin
prélevé sur Lucy et deux autres échantillons appartenant à deux soldats américains
de la Grande Guerre (celle d’un soldat de 21 ans mort de pneumonie 6 jours
après son hospitalisation et celle d’un soldat de 30 ans mort après trois jours
d’hospitalisation) présentant des fragments du virus. Ces prélèvements positifs
furent retrouvés parmi la centaine de biopsies pulmonaires réalisées sur des
soldats américains décédés de la grippe espagnole en 1918 et conservées dans
les collections de l’Armed Forces Institute of Pathology à Washington. L’analyse des fragments viraux
commença en 1995 et demanda au total neuf années de travail. Elle montra que le
virus de la grippe espagnole appartenait au sous-type A/H1N1, virus humain mais
cependant très proche des virus aviaires. La séquence du gène de
l’hémagglutinine est publié en 1999 tandis que la séquence de la neuraminidase en 2000. Ensuite la séquence du segment
nucléoprotéine est publiée en 2004
et les segments du gène de la polymerase en 2005. In
fine, le virus pandémique semble avoir été un virus ayant emprunté sa neuraminidase et son hémagglutinine à un virus aviaire,
alors que le reste de ses séquences est d’origine humaine. Le virus recombinant
pourrait donc être né chez un porc ayant été infecté à la fois par un virus
humain et un virus aviaire. Pour ce qui est de la virulence du virus, l’analyse
génétique ne permit pas d’en comprendre le mécanisme. En 2004, une équipe de
savants reconstitua le virus. Les
virologues de l’Agence de la Santé Publique du Canada sous la direction de Darwyn Kobasa choisirent alors
d’examiner les effets du virus reconstitué sur le singe macaque. Ils en
infectèrent sept avec le virus de la grippe espagnole et trois avec un virus de
la même famille HINI mais circulant encore aujourd’hui naturellement. Ceux qui
reçurent le virus actuel manifestèrent des symptômes modérés tandis que les
sept singes qui reçurent le virus antique reconstitué présentèrent des
symptômes très graves d’engorgement pulmonaire. On euthanasia les singes fort
affectés et on découvrit à l’autopsie que leurs poumons avaient présenté une
réaction immunologique excessive avec comme conséquence la sécrétion d’un
important exsudat dans les poumons qui rapidement asphyxiait les victimes de ce
virus. Les descriptions des médecins de la Grande Guerre correspondaient
exactement à ce schéma. Les soldats victimes de la grippe décédaient très
souvent par l’encombrement rapide de leurs poumons par un liquide rosé. Cette
découverte offre sans doute des perspectives nouvelles de traitement dans le
cas de la survenue d’une épidémie attribuée à un virus ressemblant à celui de
la grippe espagnole : il faut dans les premières heures freiner le système
immunitaire.
Ces recherches posent cependant un problème d’étique. Selon Richard Ebright, un bactériologiste américain, ce virus n'aurait
jamais dû être reconstitué car le risque
d’une diffusion accidentelle ou malveillante
est peut-être trop important par
rapport aux bénéfices auxquels on peut
s’attendre. L'agent infectieux qui a provoqué 50 millions de morts se trouve désormais en
deux endroits : à Winnipeg, au Canada, et aux Centers for Disease Control,
à Atlanta (Etats-Unis). Combien de victimes la grippe espagnole fit-elle en France ?
En 1918, 128.000 civils auraient perdus la vie en France à quoi s’ajoutent 36.018 décès en 1919 plus
16.500 classés sous la rubrique pneumonie grippale. L’armée elle enregistre
30.382 décès pour 402.000 cas. En résumé pour la France, on estime 210.900
victimes avec deux pics, le premier en octobre 18 et le second en février-mars
19. Où est née l’épidémie de grippe
espagnole ?
A ce jour l’origine de l’épidémie n’a pu encore être certifiée.
L’épidémie pourrait avoir démarré des Etats-Unis et avoir atteint l’Europe par
les multiples convois maritimes amenant les soldats américains en France. Autre
possibilité, l’épidémie pourrait avoir démarré en Asie et avoir atteint
l’Europe soit par les travailleurs indochinois (annamites) ou par les
travailleurs chinois qui au nombre de cent mille s’engagèrent comme ouvriers au
service des gouvernements anglais et français. 1.
En février 1916, le Dr Carnot à Marseille
observe une épidémie de pneumonie grave chez les travailleurs Annamites. La
mortalité serait dans certains hôpitaux de50% 2.
En novembre 16, à Dijon, 39 Annamites sont touchés
par une pneumonie identique ; trois décèdent. 3.
En février 71, à Nice, le médecin-major Labbé est intrigué par le grand nombre de pneumonies dans
le personnel de couleur. 4.
En avril 18, le médecin-major Ribierre
signale 27 cas de pneumonie chez des Annamites arrivés récemment 5.
C’est au Fort Riley, établissement militaire du
Kansas que la grippe apparut la première fois aux Etats-Unis.. Le matin du 11
mars 1918 des soldats s'effondrèrent lors de la parade. A midi déjà plus de
cent d'entre eux étaient hospitalisés. La maladie s'étendit rapidement et en
deux semaines. 25 % des militaires
furent atteints, mais on déplora peu de décès. Puis l'épidémie gagna la côte
est, atteignit Boston en août, New-York le 18 septembre. 6.
Peu après sont signalés en avril 18, un peu partout
dans le monde des cas de grippe appelée « grippe espagnole » en référence à l’épidémie de 1889. Il semble
bien que les premiers soldats atteints en Europe furent des militaires britanniques cantonnés à
Rouen et Wimereux. L’épidémie débuta avec peu de mortalité contrairement à la
deuxième vague (septembre 1918) et troisième vague (février 19) 7.
A la réserve automobile du Grand Quartier Général
entre le 1er et 12 mai 18, 28 Européens sur 89 contractent la grippe
tandis que 1088 Indochinois sur 1.399 (soit 78%) la contractent. 8.
Le 27 mai 1918, une dépêche de l’agence de presse
Reuter annonce que le roi d’Espagne Alphonse XIII et ses ministres souffrent
d’une maladie mystérieuse qui frappe toute l’Espagne. Le 2 juin, l’agence
Reuters précise que la maladie a déjà causé plus de 10.000 victimes à Madrid. 9.
En juin 18, des nouvelles alarmantes parviennent
d’Espagne : la grippe aurait frappé 70 % des Madrilènes 10. En juillet le
mal poursuit son chemin dans une indifférence générale. La presse fait
cependant mention de l’épidémie : A Londres, lit-on dans le Matin du 4
juillet, un médecin qui avait 52 malades jeudi dernier en avait hier 184. Dix
pour cent du personnel des grands magasins sont absents. A Dudley, 4.000 enfants
sont atteints et toutes les écoles dont fermées. A Manchester, 70 tramways ne
circulent pas par suite d e l’absence de 300 conducteurs et watt. 11. A Marseille, on
récence en juillet 18, 356 grippes et 35 décès soit une mortalité de 9,8% 12. Le Bulletin
hebdomadaire de statistiques municipales de Paris indique 330 décès grippaux en
septembre contre 2000 dans l’armée. 13. Toujours selon
le même bulletin, 616 décès dans la
semaine du 6 au 21 octobre puis dans les semaines qui suivent ; 1.046,
1.473et 1.329. Dans la
troisième semaine d’octobre 18, 4.600 habitants de Chicago perdent la vie à
cause de la grippe Comment soignait-on la grippe espagnole ? La
quinine, l’huile de ricin, le formol, l’aspirine, et le rhum sont employés
et font vite l’objet de spéculation. Le 16 octobre 18, le Matin annonce : Les 500
hectolitres de rhum mis à la disposition
de la ville de Paris sont arrivés. Ils seront vendus sur l’ordonnance
par l’entremise des pharmaciens. En Angleterre, Le News of the world daté du 3 novembre 1918 faisait une série de
recommandations pour lutter contre l’épidémie : « Chaque matin et chaque soir, nettoyez
l’intérieur du nez à l’aide de savon, astreignez-vous matin et soir à vous
moucher, respirez ensuite profondément, faites chaque jour une sérieuse
promenade et mangez énormément de porridge ».Le 26 octobre 1918 Le
Petit Parisien divulgue une formule[1]
« qui a fait ses preuves » et qui comporte un nombre faramineux de
composants. La panacée coûte 45 francs, ce qui correspond au salaire d’un ouvrier
pendant 4 jours ! Dans
les hôpitaux, l’injection d’or colloïdal et d’Electrargol
en IV et en lavement est peu efficace. Le docteur Paul Halbran se souvenant des soins aux grippés qu’il donna durant la Grande Guerre,
préconise dans la « Revue
belge », parue en 1930, la saignée ou l’abcès de fixation pour soigner les
cas graves de grippe : « Dans les formes suraigües, avec
asphyxie menaçante par œdème infectieux du poumon, des saignées massives ont
amené de véritables résurrections et ont permis l’action d’autres
thérapeutiques. Les abcès de fixation ont semblé avoir une action heureuse même
dans des cas extrêmement graves. L’injection sous-cutanée de térébenthine peut
n’amener aucune réaction inflammatoire. En pareil cas, l’avenir du malade était
bien sombre car il était exceptionnel que l’absence de réaction n’annonçât pas
un pronostic fatal. Au contraire la formation
de l’abcès s’accompagnait souvent d’une amélioration nette des signes
locaux et généraux. L’abcès de fixation constitua certainement un des moyens
les plus efficaces de traiter les grippes graves. » 2) Histoire
des épidémies grippales Comprendre
les virus de la grippe Il y a trois types de virus Influenza A, B ou C. Le Virus
de type A est
essentiellement un type de virus
attaquant les oiseaux. Les virus de type A ne deviennent humains parce qu’il y a, à un
moment donné, rupture de la barrière d’espèce. Par exemple, certains
scientifiques pensent que le virus de la grippe espagnole A(H1N1) est passé
directement de l’oiseau à l’homme. Pour ce débarrasser définitivement des
dangers d’une grippe de type A, il conviendrait donc d’exterminer les 105
espèces d’oiseaux susceptibles d’héberger un virus A ! Cette solution est
évidemment exclue mais il en résulte que l’humanité n’en n’aura jamais fini
avec ce virus dont les variétés peuvent passer de l’oiseau à l’homme sans crier
gare et cela, avec parfois de
redoutables conséquences. C’est ce virus de type A qui est responsable
d’épidémies et de pandémies. Le
virus de type B est typiquement humain et on ne le trouve pas chez
l’animal. Ce virus peut être parfois très pathogène pour le jeune enfant. Il
cause des épidémies sporadiques. Le
virus de type C a un réservoir humain et porcin mais l’affection est
toujours bénigne. Il n’y a jamais d’épidémie ou de pandémie. Le virus de la grippe, comme tout virus
est extrêmement simple, il comporte une enveloppe avec deux excroissances,
l’une appelée hémagglutinine, l’autre appelée neuraminidase.
L’hémagglutinine permet au virus de s’accrocher à la cellule, le neuraminidase permet aux jeunes virus qui se sont
multipliés dans la cellule d’être libérés à l’extérieur. Le médicament Tamiflu, un des seuls actifs contre la grippe, agit en
bloquant l’action de la neuraminidase. Les virus ne
savent plus sortir de la cellule et s’agréent les uns aux autres. A l’intérieur
de l’enveloppe on retrouve simplement 8 brins d’ARN qui codent chacun pour deux
protéines. Le virus rentrant dans la cellule humaine ou animale va se
reproduire en utilisant toutes les potentialités de la cellule : l’ARN et
les protéines de la capsule virale sont reproduits à des milliers
d’exemplaires. Les nouveaux virus sortent alors de la cellule. Il y a 16 sortes
d’hémagglutinines et 6 de neuraminidase. Les
sous-types possibles de ce virus sont donc au nombre de 9 X 16, soit 144. En
pratique seul un petit nombre ont été détectés chez l’homme. Ce sont le
A/(H1N1), A/(H1N2), le A/(H2N2), le A (H3N2) et quelques autres variétés
découverts ces dernières années. En principe les récepteurs des cellules qui
accrochent le virus par son excroissance H sont différents d’une espèce à
l’autre, ce qui signifie par exemple qu’un groupe H1d’un virus possède une
conformité spatiale adaptée soit au récepteur de la cellule humaine, soit au
récepteur de la cellule d’un oiseau. Quant un virus H1 ne peut s’accrocher qu’à
une cellule d’un volatile, il n’y a en principe pas de risques pour l’homme.
Hélas, des mutations sont très fréquentes et un virus aviaire peut à un moment
donné subir une transformation de la forme de sa protéine H1et s’adapter au
récepteur humain. De fait, les virus responsables des pandémies de 1918, 1957,
et 1968 étaient porteurs d’une hémagglutinine initialement aviaire, mais l’ancrage
de cette protéine avait malgré tout pu se faire sur le récepteur humain vraisemblablement
par une adaptation de la forme de l’hémagglutinine. Une autre possibilité de
mutation existe quand un virus humain infecte un porc (le porc présente la
particularité d’être à la fois sensible au virus humain et au virus aviaire) et
qu’en même temps celui-ci est infecté par un virus aviaire. On a alors
possibilité d’une fabrication par les cellules du porc d’un virus hybride
possédant par exemple un groupe H adapté au récepteur de l’homme et une neuraminidase adapté seulement à la cellule d’un oiseau.
L’organisme humain va être désorienté par rapport à des fragments de virus (ici
le groupe N) qu’elle n’a pas l’habitude de rencontrer. Des réactions immunitaires
deviennent alors excessives et aboutissent à la noyade des poumons par un
liquide inflammatoire. Le problème avec les virus de la grippe
est leur taux de mutation très important qui empêche à ce jour la création d’un
vaccin définitif. En l’absence d’un vaccin créé rapidement suite à l’irruption
d’une nouvelle souche du virus, nous disposons cependant de deux médicaments
antiviraux, le Relenza et le Tamiflu.
Le Relenza fut mis au point fin des années 80 par
l’Australien Peter Colman. Ce médicament est un inhibiteur de la neuraminidase dont le mécanisme vous a été expliqué
ci-dessus. Le brevet du Relenza fut cédé au Groupe
GSK. Quelques années plus tard, le suisse roche met sur le marché l’oseltamivir, baptisé Tamiflu. Ce
médicament est pris oralement tandis que le Relenza
devait être inhalé. Lors de la mise sur le marché de ces médicaments, il
n’était pas encore question de menace importante d’une pandémie grippale. Ces
médicaments ne rapportaient donc pas beaucoup d’argent. Mais en 2003, l’OMS
recommande aux gouvernements d’investir dans des stocks d’antiviraux, surtout
le Tamiflu. Des études (dont celle des économistes
israéliens Ran Balicer et
Michael Huerta) montrent qu’1 euro investi dans les antirétroviraux permettrait
d’économiser en cas de pandémie 3, 68 euros en frais de santé tout en sauvant
beaucoup de vies. Face à la demande immense et subite de Tamiflu,
Roche multiplia entre 2003 et 2006 par huit sa capacité de production (en 2003,
une seule usine produisait du Tamiflu). Cette
production multipliée ne suffit cependant pas et Roche dut faire, sous la
pression notamment de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU des concessions à
des gouvernements afin de permettre la
production du Tamiflu en dehors du groupe Roche. Le Tamiflu est fabriqué à partir de l’anis étoilé aussi appelé
badiane chinoise, une plante aussi cultivée pour la fabrication du fameux Ricard.
Seules quatre régions de chine en faisaient la culture. Roche réussit à
synthétiser le produit pour se passer de la plante. Comment
nomme-t-on une variété du virus de la grippe ? Exemple : A/SWINE/IOWA/15/30
(H1N1) Type de virus/hôte original/origine
géographique/numéro de souche/Année d’isolation/type d’hémagglutinine et de neuraminidase Pour les virus de type B et C, les types
d’hémaglutinine et de neuraminidase
ne sont jamais indiqués. Chronologie
des épidémies -Au
VIème siècle : Epidémie à Tours. Origine grippale possible -En 876,
927, 996 et 997: Epidémies possibles de
grippe en Gaule et en Germanie -En
1105 : Epidémie de catarrhe en Europe occidentale -1173 :
Epidémie en Italie qui se répandit en Europe occidentale deux ans plus tard -1387 :
Valesco de Taranta décrit à
une épidémie à Montpellier qui est incontestablement une épidémie de grippe. -1414 :
cette épidémie de toux qui offre bien
des analogies avec la grippe, est réputée avoir rendu malade 100.000 Parisiens
mais, semble t-il, avec sans ou très
faible mortalité. L’épidémie fut nommée tac
parce qu’elle saisissait brutalement son
homme. -1427 :
l’épidémie réapparaît après un intervalle
de 13 ans (13 ans correspond à l’intervalle entre deux virus mutants) -1510 :
Une épidémie remplit les hôpitaux de malades et de moribonds. Cette épidémie
serait venue de Malte vers la Sicile, l’Espagne, l’Italie, la France et
l’Angleterre. -1563 :
Epidémie sévère en Italie -1580 :
Presque tous les Vénitiens sont au lit. De là, l’épidémie gagne Milan puis le
sud de la France ensuite l’Espagne et la Catalogne d’où elle gagna
l’Amérique où elle fit des ravages
particulièrement dans la population amérindienne qui ne bénéficiait d’aucune
immunité contre des formes antérieures de grippe. -1610 :
hiver très rude à Paris, les catarrhes y provoquent de nombreux deuils. -1657 :
Epidémie en Europe. En 15 jours, les apothicaires de Paris consommèrent leurs
stocks d’une année en sirops, sucre Candy, réglisse. -1709 :
Lancisi, archiatre du pape Clément XI attribuait au
froid la grippe et ses complications. Il trouvait comme particulièrement
salubres les prisons de la Sainte Inquisition car se trouvant à côté des
fournaises qui réchauffaient l’air. Les fournaises étant bien sûrs nécessaires
pour soumettre par les fers rouges les suspects à la question ! -1729 :
Grave épidémie en France, en Espagne et
en Italie -En
1733 : Quelques 200.000 Parisiens toussent et tremblent de fièvre. Cette épidémie appelée du nom de folette par le roi Louis XV parce que l’épidémie courait
comme une folle du nord au midi et de l’est à l’ouest, va sévir jusqu’en 1739. On se soigne par la saignée
qui affaiblit encore plus le malade. La maladie est appelée baraquette,
grippe, petite poste, petit courrier. Le naturaliste Christophe Jussieu
consacre cette année là sa thèse à la grippe. Pour lui la thériaque est le
remède souverain. -1743
: C’est le pape Benoit XIV qui aurait donné à la grippe le nom d’Influenza. Il
écrivit cette année là au cardinal du Tencin : « Nous avons appris
avec beaucoup de déplaisir par la lettre de votre Eminence qu’elle payait
actuellement le tribut à l’influenza. » Le mot grippe est quant à lui
inspiré du vieux français dit francique,
« grîpan » saisir et du mot polonais
« gripka » qui signifie l’action de saisir.
Ce mot rappelle de façon imagée le début brutal de l’affection. Voltaire se
répand en lamentation sur la grippe qui l’atteint. -1776 :
toutes les maisons de Paris ont des malades de la grippe -En 1780 :
épidémie en Russie -1782 :
Epidémie en France et dans toute l’Europe. On la baptise « La coquette du
Nord » -durant
l’épidémie de 1889-1890, on se soigne par l’alcool ce qui conduit à de nombreux
excès ! -1803 :
Epidémie assez meurtrière. Liste d’attente pour les enterrements. Les fiacres
suppléent aux corbillards. Les jeunes gens semblent plus atteints que la
population plus âgée. -1889 :
Originaire du centre de l’Asie en mai 1889, elle gagne l’Europe occidentale en
se propageant à travers la Perse et la Russie. Elle atteignit nos régions vers
la mi-décembre et passa aussitôt en Amérique et en Afrique. L’épidémie fait
200.000 morts en Espagne. Les
médecins de famille néerlandais prennent l’habitude de fumer lorsqu’ils
examinent leurs patients grippés -1890 :
Pflüger identifie un microbe souvent présent chez les
patients décédés de la grippe. Le bacille de Pflüger.
On attribua d’abord la grippe à ce microbe puis constatant qu’il n’était pas
toujours présent on abandonna rapidement cette hypothèse. Aujourd’hui le
bacille de Pflüger est appelé Hemophilus
Influenza. Cette bactérie si elle n’est
pas à l’origine de la grippe peut la compliquer par une pneumonie -1914-1919 :
Epidémie de la grippe espagnole -1930 :
Le premier virus grippal est identifié (chez le porc) par l’américain Richard Shope -1933-1947 :
identification des virus de la grippe chez l’homme. Le premier virus humain le
fut en 1933 par les Anglais Smith, Andrewes et Laidlaw -1943
à 1957 : expérimentation du vaccin antigrippe par l’armée américaine.
Durant cette période, le Comité d’Etudes sur la Grippe du centre
Epidémiologique de l’Armée américaine,
présidé par thomas Francis, J.R. suivit 37.847 soldats vaccinés contre la grippe et compara les résultats à un groupe témoin
de 38.910 soldats qui reçurent une injection placebo. La conclusion : il y eut en moyenne deux
fois moins de cas de grippe chez les personnes vaccinées. La
grippe asiatique A/(H2N2) -1957-1958 :
Epidémie de la grippe asiatique A/(H2N2). 70.000 décès aux Etats-Unis. Entre 1 à 2 millions de décès pour l’ensemble du
monde. Le virus provient d’une
combinaison d’un virus humain avec un virus d’une grippe aviaire. Le gouvernement
hollandais préconise des cures de soleil. Quand la météo est bonne, plusieurs
écoles reçoivent un congé exceptionnel. Cette année là, des généralistes
trimbalent d’immenses trousseaux de clefs car des familles entières sont
clouées au lit et confient à leur médecin la clef de leur maison pour qu’il
puisse y entrer. Lors de la pandémie asiatique de 1957 ; on s’est aperçu
que les personnes nées avant 1890 présentaient une bonne résistance au virus,
ce qui impliquait une grande analogie antigénique entre le virus de 1957 et
celui de la pandémie de 1889. La
grippe de Hong Kong A/(H3N2) -1968-1969 :
Pandémie de la grippe de Hong Kong A/(H3N2), un million de morts dans le monde.
Cette grippe provient, comme pour la pandémie de 1957, d’une combinaison d’un
virus humain avec un virus aviaire. La grippe aviaire
A/(H5N1) -1997 : En Italie épidémie mortelle de la grippe aviaire A/H5NI chez les oiseaux. Il y a cependant 6 morts à Hong Kong. Les autorités abattent 1.5 millions de volatiles pour mettre fin au début d’épidémie. -2001 : Une autre souche d’A/H5N1 apparaît à Hong Kong. L’abattage reprend. -2003 : La grippe aviaire A/H5N1 contamine en Asie 44 personnes et en tue 32 -2004 : L’Europe s’attend à une épidémie A/H5N1 (grippe aviaire) et s’efforce de développer un vaccin contre la grippe aviaire. Au Vietnam 40 millions de volailles sont mortes de la grippe ou abattues préventivement. -2005 : Durant l’automne 2005, la psychose d’une épidémie de grippe aviaire a gagne les 4 coins du monde car le virus a recommencé à tuer des gens : 40 au Vietnam, 12 en Thaïlande, 4 au Cambodge et au moins une personne en Indonésie. Roche n’arrive pas à produire assez de Tamiflu mais n’a pas l’intention de céder son brevet. Les ventes de Tamiflu augmentent de 263% au cours des neuf premiers mois de 20005. Le Royaume-Uni en a commandé pour 15 millions de personnes, soit un quart de sa population. Au total les ventes de Tamiflu sont passées de 254 millions en 2004 à 1.000 millions en 2005 Un vaccin est espéré pour le début de l’année 2006 mais il ne sera mis au point qu’n 2008 en effet le virus H5N1 est tellement agressif qu’il tue l’œuf fécondé qui sert à la confection du vaccin. -2006 : Une étude publiée dans le Lancet prédit que 96% des décès d’une nouvelle pandémie auraient lieu dans les pays en voie de développement. En extrapolant le nombre de victimes de l’épidémie de 1918, le total de morts dû à une nouvelle pandémie suite à un virus aviaire se recombinant avec un virus humain s’élèverait à 62 millions de personnes mais certaines sources prévoient jusqu’à 360 millions de décès. Pour de nombreux scientifiques, l’expansion du virus serait avant tout due au commerce des volailles-clandestin ou légal. 2007 : Des chercheurs suisses ont démontré que le virus de la grippe peut survivre jusqu’à 17 jours sur un billet de banque. 2008 : Le Prepandrix est un vaccin contre le A/H5N1 conçut pour être utilisé en prévention à une éventuelle épidémie de grippe aviaire a reçu en Belgique l’approbation du Comité des médicaments à usage humain. Cette décision est une première étape sur la voie d’enregistrement du vaccin anti grippe aviaire. Entre 2006 et 2008 la grippe aviaire a fait quelques trois cent morts mais la grippe saisonnière fait chaque année en Belgique entre 1.000 et 1.500 décès. 2013 : Le virus refait surface au Cambodge. Huit personnes en sont décédées dans le premier trimestre. La
grippe mexicaine A/H1N1 -2009-2010 :
Pandémie A/H1N1. Cette grippe dite mexicaine, mutante nord-américaine, provient
d’un virus de même type que la fameuse grippe espagnole. Le 11 juin, l’O.M.S. décidait de relever le
seuil d’alerte en passant à la phase 6 caractéristique d’une pandémie mondiale.
Heureusement qu’une différence majeure existe : la grippe mexicaine est
beaucoup moins dangereuse ne suscitant pas comme la grippe espagnole une
cascade de réactions immunitaire. La composition du vaccin contre la grippe
saisonnière en Europe a pu être complétée par l’adjonction du virus de la
grippe A HINI souche Brisbane /59. Le
vaccin contre cette souche pourrait avoir eu une efficacité préventive contre la
souche « A/California/07/2009/(HINI)
isolée en Avril 2009 au Mexique et en Californie et responsable de la grippe
mexicaine. Quant
aux vaccins spécifiques contre la grippe mexicaine, ils furent acceptés par
l’agence européenne du médicament en novembre 2009 (Pandemrix et Focetria notamment). La France en achètera
94 millions de doses (soit deux doses par habitant) et lancera une grande campagne nationale qui
n’attirera que 6 millions de personnes ! Les risques ont été manifestement
exagérés et la quantité de vaccin surévaluée. Cinquante millions de vaccins
sont décommandés, 16 millions donnés à l’O.M.S. et 19 millions seront détruits
deux ans plus tard plus de cinq millions de personnes furent vaccinées contre
la grippe mexicaine. Plusieurs cas de narcolepsie furent signalés. Une vague de
plaintes s’en suivit concernant à la fois le vaccin et ses adjuvants. La
Belgique acheta quant à elle 12 millions de doses, soit une par habitant mais
elle ne vaccina due deux millions de personnes à risque. La
grippe A/H7N9 -2013. Une nouvelle grippe aviaire, H7N9 est apparue en mars 2013 en Chine. Fin juillet 2013, on comptait 132 personnes infectées dont 43 décédèrent. Ce virus est donc très dangereux. Une fois sur trois quand il frappe, il tue. Sa mutation vers un virus capable de se transmettre entre des mammifères serait catastrophique. Un groupe international de chercheurs a proposé début août la création en laboratoire d’un virus mutant plus dangereux que le H7N9 afin de créer à l’avance et plus facilement des moyens adéquats de riposte (recherche d’un vaccin spécifique). 3) Le vaccin
saisonnier Nous l’avons vu plus haut la vaccination spécifique contre un seul virus est parfois utile mais il est difficile de prévoir quel sera le ou les virus qui causeront les syndromes grippaux du prochain hiver. Une évaluation des chances de survenue des virus grippaux est effectuée à partir des laboratoires répartis dans le monde entier et qui sont chargés de l’analyse des personnes contaminées. Comme le virus de la grippe voyage d’est en ouest, en examinant les virus ayant causé la grippe en Asie, on arrive à plus ou moins prévoir à l’avance les virus qui toucheront l’Europe. Pour l’hiver 2013-2014, le vaccin saisonnier contre la grippe endémique comprendra trois souches : B/Massachussets/2/2012 mais aussi la souche de la grippe mexicaine A/California/7/2009 (HINI) et une souche A/Victoria/361/2011 (H3N2). Au vu de la terrible épidémie de 1918, il est souhaitable d’avoir chaque année un maximum de personnes vaccinées. Dans le cas de la propagation rapide d’un virus mutant très dangereux dont on n’aurait pas encore eu le temps de réaliser un vaccin spécifique, il est probable que les personnes qui se vaccinent chaque année possèderont une immunité partielle contre ce virus car si les virus de la grippe diffèrent entre eux, ils présentent aussi entre eux des similitudes. 4) Superstitions et
grippe D’après « Le dictionnaire des superstitions et des croyances populaires », Pierre Canavaggio, Ed. J.C. Simoën, 1977. Pour guérir de la grippe -confectionner un cerceau de sarment de 12 cm de diamètre, puis y faire autant d’entailles profondes qu’il y a de jours que le malade a de la fièvre. Après quoi, on jette le cerceau dans la cheminée allumée. La grippe brûlera en même temps que le cerceau si l’on dit Je ne veux pas que X… ait de la fièvre. Je ne veux pas qu’il l’ait. Jr brûle sa fièvre. Je la brûle. » -faire boire au malade une tisane à base de suie prise dans la cheminée que l’on aura grattée en croix. En suite dire : « Quand Jésus portait sa croix, un Juif nommé Marc Antoine survint qui lui dit : « Je ne tremble ni ne frisonne ! « Et celui qui dit dans son cœur ces paroles n’aura jamais plus de fièvre ni de frissons » Pour prévenir la grippe -serrer une taupe dans sa mon gauche jusqu’à ce qu’elle en meure. -Manger la première marguerite que l’on trouvait au printemps -Gober un œuf pondu le vendredi saint. -Passer entre la croix et la bannière au cours de la procession de la Fête-Dieu » -Manger neuf feuilles prises sur neuf pieds de blé nouveau, à la première lune montante suivant l’apparition des pousses. -Porter suspendu à son cou sept jours un sachet de toile contenant sept graines de plantain. -lier son bras gauche à un arbre avant le lever du soleil ; puis après avoir dit trois Pater et trois Ave, délier son bras en laissant la corde attachée à l’arbre » Si malgré tout cela l’on se réveillait grippé, déposer une petite pièce d’argent à un carrefour et attendre jusqu’à ce que quelqu’un la trouve et la ramasse. Car, en même temps que la pièce, il prend la fièvre » 5) Suivre l’évolution des
épidémies : 6) Une seule
conclusion Si votre médecin vous propose la vaccination
contre la grippe, au vu de l’histoire, ce serait très maladroit de la
refuser ! Dr Loodts Patrick Septembre 2013 Sources - Pierre Damon,La Grippe espagnole submerge la France, l’histoire, N°281 novembre 2003 - M. Lincé : La grippe, Semper n°49, 1980 - G.H. Werner, La grippe. P.U.F , 1961 - Docteur Cabanes, Moers intimes du passé, les fléaux de l’humanité, Albin Michel, Paris - Centre National de la grippe (WWW.iph.fgov.be/flu/) - D kobosa, S Jones et al. Aberrant innate immune response in lethal
infection of macaques with the 1918 influenza virus. Nature 2007;445;319-23 - CJL Murray,KH et al. estmation of potential global pandemic influenza mortality on the basis of vital registry data from the 1918-20 pandemic: a quantitative analysis. Lancet 2006;368 (9554):2211-8. - Professeur Jean-Philippe Derenne et
professeur Bruno Housset, Grippe A(H1N1), tout Savoir. Comment s’en prévenir , Fayard, 2009 -Tautenberger
JK, Reid AH, Lourens RM, WangR,
Jin G, Fanning TG. Characterization of the 1918 influenza virus polymerase genes. Nature
2005;437:889-893 [1]
Ainsi
le Petit Parisien du 26 octobre 1918, publie « une formule en 13
étapes » contre la grippe espagnole. En voici le texte : « Nous croyons devoir
signaler le traitement en vigueur dans un hôpital militaire de la région
parisienne, qui a donné des résultats sensibles :
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