Médecins de la Grande Guerre
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Le général Fivé fut un « fieffé » menteur en même temps
qu’un héroïque octogénaire ! Peu
d’historiens ont gardé le souvenir du général de brigade Dieudonné Joseph
Gustave Marie Fivé appelé plus couramment Gustave Fivé. Par contre, son fils Gaspard, lui aussi devenu
général, garda une grande notoriété en raison de son rôle dans les campagnes
militaires belges contre les esclavagistes qui dévastaient l’est du Congo à la
fin du 19ème siècle. Le lecteur intéressé trouvera sur le web sa
biographie détaillée : Cela dit,
revenons à l’aïeul méconnu Gustave-Marie qui mériterait plus de reconnaissance…
Ce personnage, dont je ne possède pas l’exacte date de naissance devait être né
aux alentours des années 1820. Le seul document que j’ai pu trouver sur le Web,
« L’Annuaire militaire officiel de 1858 » m’indique qu’il fut nommé
major de cavalerie au 2ème cuirassier le 26 mai 1857. Le vieux
général Gustave-Marie eut la tristesse de perdre son illustre fils en 1909. Sur
le faire-part mortuaire impressionnant, il figure comme aïeul. Nous
n’avons que peu de détails sur la vie de Gustave-Marie. Mais, ce qui est
certain c’est que notre bonhomme devait être un fameux gaillard, digne du Tchantches Liégeois ! Un livre (voir source) nous
rappelle ses exploits réalisés durant la Grande Guerre. Je vous les résume
ici : Fivé, le vieux général, présidait à la fois la section
liégeoise de la Société des officiers retraités et celle…. des combattants de
1830. Avec son
ami pensionné, le lieutenant Gustave gilles et d’autres anciens officiers, Fivé avait constitué, dès le début de la guerre, un groupe
de résistants s’occupant de renseignement, de sabotage, et d’envois de
volontaires belges à l’armée belge via la Hollande… C’est ainsi qu’on vit, un
jour, le vieux général, déguisé en
pêcheur, tentant de s’approcher du viaduc ferroviaire du Val-Benoit pour le
saboter ! Sa tentative ne fut hélas pas fructueuse. Dommage car ce viaduc
s’était révélé d’une importance stratégique en permettant le transit des
convois logistiques allemands destinés à fournir les canons et munitions
destinés à la destruction des forts de Liège et d’Anvers. Le réseau
est malheureusement vite découvert et ses membres arrêtés. En janvier 1915, les
deux chefs et leurs collaborateurs Alfred Franquet,
Fernand L’Homme, Guillaume Yerna-Dewitte et Fernand
Wilde comparaissent devant le Conseil de guerre allemand de Liège. Le vieux
général octogénaire a une attitude héroïque : il réclame l’honneur d’être
fusillé et rétorque à l’accusation d’avoir fait passer 85 hommes en Hollande,
qu’ils étaient en réalité 850 ! Fivé était sans doute un fieffé menteur ! Son
compagnon, Gilles qui avait réalisé des plans des fortifications allemandes
autour de Liège, eut aussi une attitude très fière. Les membres du Conseil de
guerre, visiblement impressionnés, décidèrent de ne pas appliquer la peine de
mort aux patrons du réseau mais de les condamner à perpétuité. Source : Les Catholiques allemands : jadis et aujourd’hui. (Henri Begouen) Le vieux
général partit donc pour une longue captivité en Allemagne. Il devait être
particulièrement résistant aux épreuves car il revint à Liège en novembre 1918,
en train, et revêtu de son vieil uniforme. Son retour, fit, on s’en doute,
grande sensation parmi ses compatriotes ! J’ignore
la date de décès du valeureux Liégeois auquel je m’adresse maintenant en guise
de conclusion : « Bravo
mon Général ! Ni l’âge, ni l’ennemi
ne vous a pas rebuté ! Permettez-moi d’émettre le vœu qu’un de vos
descendants, à la lecture de ce petit article, puisse un jour prochain me
fournir d’autres détails sur ce que fut votre vie ! » Dr P. Loodts Source : « 1914-1918, vivre la guerre à
Liège et en Wallonie », sous la direction de Christine Maréchal et de
Claudine Schloss, page 286 et 287, éditions du Perron,
2014 |