Médecins de la Grande Guerre
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1914-1918 : Gaillon et sa région
aux côtés de la Belgique Jean Baboux Traces des présences passées au
château de Gaillon
France Poulain, Souvent qualifié de « premier château de
la Renaissance » en France, le château de Gaillon a fait l'objet d'études sur
cette période et uniquement sur celle-ci jusqu'en 2012. C'est à ce moment qu'il
a semblé intéressant de réaliser un travail exhaustif de relevés des graffitis
présents sur les murs du château. L'objectif était de préserver les traces
des différentes occupations qu'avait connues le château au-delà de la seule
période de la Renaissance. Cet angle d'approche était nouveau car il mettait en
relief deux périodes jusque-là guère étudiées, à savoir la période médiévale
ainsi que la période carcérale et militaire Il était en partie fondé sur les
évolutions de la recherche graffitologique s'étant
enrichie par les recensements réalisés par Christian Montenat
dans les églises de l'Eure et du Nord-Ouest de la France; grâce également aux
travaux effectués par l'archéologue Dominique Pitte
en Haute-Normandie, plus particulièrement sur les murs du manoir du Catel. La chance voulait que, travaillant déjà
avec ces deux chercheurs, et relevant aussi de mon côté des graffitis dans les
édifices de l'Eure, il a été possible de « débaucher » Dominique Pitte pour mener une campagne de relevés de l'ensemble des
murs du château de Gaillon entre 2012 et 2015. I - La recherche graffitologique La recherche graffitologique est fondée sur le relevé des graffitis présents sur les murs ou sur les plafonds d'un édifice construit de la main de l'homme ou sur des parois naturelles. Là encore, cet « art » est surtout connu pour ses premières créations dans les diverses grottes préhistoriques, comme celle de Gouy, en Seine-Maritime, montrant notamment des scènes de chasse. La graffitologie s'est aussi médiatisée grâce à quelques belles photographies prises dans les catacombes de Paris et mettant en scène certains dessins ou certaines phrases. Ce relevé doit être exact, c'est-à-dire que la personne qui relève le graffiti ne doit pas ajouter d'éléments qui viendraient modifier le dessin initial. Il peut être plus ou moins précis selon l'usage auquel est destiné le relevé. Dans le cas présent, le travail de relevé a été fait au trait (soit un trait pour délimiter des parties pleines ou des lettrages) et doublé de photographies permettant de conserver le contexte dans lequel le graffiti a été exécuté ou la qualité artistique de son créateur (portrait de femmes ...). Les reports réalisés sont redessinés « au propre », scannés et identifiés par un code unique permettant de les localiser. Ils nous permettent aussi d'avoir une base de données de la quasi-totalité des graffitis encore présents au château de Gaillon; les seuls n'ayant pu être dessinés sont sur quelques murs intérieurs pour lesquels il n'existe plus de plancher permettant de les atteindre. Cela correspond à environ vingt mètres linéaires. La force du graffiti est que sa position et son format sont exacts, il ne peut y avoir de doute sur ces deux points. La faiblesse du graffiti est qu'il est rare de savoir qui l'a tracé et pourquoi. Ce n'est d'ailleurs qu'après les campagnes de relevés qu'il est possible de croiser avec les éléments historiques retrouvés par d'autres groupes de recherche, ici en l'occurrence l'équipe menée par Jean-Louis Breton au profit de l'Association pour la Renaissance du Château (ARC). Cela a permis, dans certains cas, d'éclairer certains graffitis et de comprendre le pourquoi de leur présence. La plus grande difficulté est de ne pas se laisser porter par certaines explications potentiellement mythiques ou romantiques. Dans le cas présent des traces de la présence belge au château de Gaillon, la recherche s'est également portée sur les relevés des décors présents dans le monument. Cela nous permet aujourd'hui de disposer du corpus complet concernant les traces présentes sur les murs du château ; ce qui est d'autant plus important que les travaux de restauration menés conduisent le plus souvent à faire disparaître ces traces. Espérons toutefois que les recherches et la mise en lumière de certains graffitis ou décors permettront de les préserver. II - Les traces non-belges Les traces les plus anciennes (avant 1800) A l'exception des parties de décors
sculptés encore visibles (galerie aux Cerfs, porte de Gênes, chapelle...), il
ne reste quasiment rien des décors peints durant la Renaissance. Il est
peut-être possible de penser que le plafond peint aux anges et couronnes
au-dessus de la sortie de la chapelle vers la galerie sur le Val soit de cette
époque. Dans tous les cas, et il en est de même
pour les graffitis relevés : les traces de ces époques anciennes ne peuvent
être présentes que sur les parties non démontées par le sieur Darcy au sortir
de la Révolution française. En effet, le château a été vendu comme bien
national et démonté élément à élément, pierre à pierre, pour être dispersé. En bleu : les parties restantes d'avant 1790. Sans couleur : la prison. En rose : parties démolies. Seules les parties enfouies ou certaines
constructions comme le pavillon d'entrée ou une portion de la Grant Maison ont
été conservées. Notons au passage que cela permet dans le sens inverse de dater
tous les graffitis présents sur les parties reconstruites après 1820. Sur les murs édifiés avant 1795, il existe de nombreuses marques de tâcherons permettant à chaque tailleur de pierre de se faire payer. Chaque tailleur de pierre avait « sa marque » (triangle, croix...) qu'il gravait sur chaque pierre pour qu'il puisse s'en attribuer la taille et ainsi le paiement correspondant. Elles sont surtout visibles sur le pavillon d'entrée. Le pavillon d'entrée dispose également de beaux graffitis d'hommes en uniforme mais pour lesquels il est complexe de les attribuer à la période de la Renaissance ou d'avant la Révolution car le pavillon a été un secteur quasiment en permanence occupé par des militaires qui en gardaient l'entrée. Par contre, pour les graffitis présents dans le châtelet d'entrée (aujourd'hui réenfoui) ou dans la pièce sous la chapelle, il est possible de les dater de la période la plus ancienne, soit vers 1550. Hélas, pour le graffiti au niveau du châtelet, il n'existe que quelques photographies mais aucun relevé n'a été fait en 1977. À cette époque, ce type de graffiti était considéré comme anecdotique au regard du projet : la redécouverte du château de la Renaissance. Pour la scène de chasse présente sous la chapelle, elle est d'une finesse de gravure remarquable et semble correspondre à une ébauche de peintures qui aurait pu être faite dans une autre pièce du château. Une étude en cours doit déterminer une datation plus précise, notamment par l'analyse des costumes et de la mise en scène proposée. Les traces des périodes carcérales (1820-1901 et 1939-1945) Il est nécessaire de poser un postulat :
à partir de 1820, le château de Gaillon a été très utilisé par de nombreuses
forces militaires et civiles comme lieu de détention et les traces sont donc
plus ou moins aisément attribuables à un type de détenus plutôt qu'à un autre. En ce qui concerne le XIXe
siècle, demeurent les encarts liturgiques qui correspondent à la volonté des
dirigeants de la maison centrale de détention de « remettre dans le droit
chemin » les personnes détenues, ceci passant par une réaffirmation des
principes chrétiens de bonne moralité. La difficulté concernant ces encarts est
de préciser leur mise en œuvre, puisque la fenêtre chronologique va de 1820 à
1900. Les plus anciens graffitis de cette période datent de 1823 et sont
visibles dans un renfoncement du cul de basse-fosse de la tour de la Sirène qui
été muré sans doute très tôt après 1823. Il existe peut-être encore des graffitis
de cette époque sous les couches de plâtre et de peinture au niveau de la pièce
principale du cul de basse-fosse, mais ils n'ont pas été relevés pour l'instant. En ce qui concerne le XXe
siècle, les graffitis sont plutôt datables de la Seconde Guerre mondiale en
raison des coiffures des femmes mais aussi des phrases expliquant pourquoi les
détenus sont en cellule (référence au marché noir, Buchenwald n° 2...).
Certaines inscriptions mettent aussi en évidence que les détenus voulaient
transmettre des messages comme la phrase sur les corbeaux écrite sur le mur des
cellules du sous-sol de l'aile d'Estouteville et ainsi rédigée : « Quand les
corbeaux voleront blancs, quand la neige tombera noire, les souvenirs de
Gaillon s'effaceront de ma mémoire ». A la lecture de cette phrase, on ne peut
qu'être saisi face au lyrisme dont a fait preuve le détenu qui l'a pensée et
écrite. Or, des recherches sur les inscriptions carcérales montrent qu'il
s'agit d'une phrase courante dans le monde militaire et nombreux sont les
soldats qui ont réutilisé cette phrase en l'adaptant à « leur » enfer :
Gaillon. La présence des militaires français (1901-1947) La période militaire est plus aisée que
d'autres à analyser en termes de graffitis car les soldats font le lien entre
leur nom et leur « classe ». Cette référence à la « classe » qui est l'année de
leur incorporation est d'autant plus importante pour eux que cela indique leur
fin de période militaire. Nombreux sont les graffitis à indiquer « Classe 1910 –
x jours jusqu'à la fuite ». De nombreux graffitis font également la
part belle aux militaires et à leur vie quotidienne avec des références aux
menus, mais aussi aux jeux ou aux scènes de bataille avec des avions, des
bateaux ... La présence espagnole (1939) II ne reste guère de traces de la
présence espagnole. Les seuls graffitis espagnols se trouvent au premier étage
de l'aile d'Estouteville, et sont composés de noms de familles complètes ou de
dessins d'enfants (mains apposées sur les murs, marelles, apprentissage des chiffres...)
mettant en évidence une occupation de type couchage et au second étage de la
Grant Maison où il existe quelques dessins dont les sous-titres sont en
espagnol. Ces relevés ne semblent pas correspondre aux souvenirs de certains
descendants de réfugiés espagnols ou de personnes détenues qui se rappellent
plutôt de la présence espagnole dans le pavillon Colbert. Ce décalage entre réalité de la
localisation du graffiti et souvenir est compréhensible, d'une part parce qu'il
y a sans doute eu des mouvements incessants dans le château et d'autre part
parce que les Espagnols étaient à peu près 460 ce qui rend possible une
occupation de lieux multiples. La présence allemande (1940-1945) Les graffitis allemands sont
relativement peu nombreux, ce qui est cohérent avec la durée de l'Occupation
dans le château : uniquement quelques mois en 1940 avec la mise en place du
stalag ; sans doute des soldats allemands sont repassés à la fin de la guerre
et peut-être même certains y ont été emprisonnés au moment de la Libération.
Les graffitis se limitent à quelques noms germaniques et à des dessins de
soldats allemands avec notamment un casque à pointe au niveau du sous-sol -1 de la tour de la Sirène. Autant pour les noms, il
est probable que ce soit les soldats allemands eux-mêmes qui aient gravé leurs
noms, autant pour les visages et les casques, c'est moins évident car il est
aussi possible qu'il s'agisse d'un dessin croqué par un soldat français qui
dessine ce qu'il avait imaginé, en effet la vision traditionnelle du soldat
allemand coiffé du casque à pointe restait vivace en France en 1939. III - Les traces de la présence belge Les graffitis belges Les graffitis pouvant être attribués de manière certaine à des Belges sont très peu nombreux, puisqu'ils sont seulement au nombre de trois, plus un qui évoque la Belgique mais qui ne peut pas être attribué à un soldat belge de manière certaine : « Vive la Belgique pour le tabac et les petites femmes ». Il pourrait tout aussi bien s'agir d'un soldat français évoquant ses campagnes sur le front belge. Graffiti sous la chapelle. Graffiti dans la tour de la Sirène. À qui attribuer ce graffiti ? Que faisait ce Belge dans un cul de basse fosse? La localisation de certains graffitis, notamment celui se trouvant dans le cul de basse- fosse ne nous donne pas d'indication sur le pourquoi de la présence d'un soldat à cet endroit à un moment donné : était-il là par mesure disciplinaire ou le cul de basse-fosse était-il devenu le lieu où les soldats pouvaient laisser des traces sans crainte ? L'infirmerie belge Il s'agit concrètement de l'un des seuls
endroits où l'on soit réellement sûr de pouvoir attacher une trace encore
visible d'une activité qui a duré de manière prolongée dans un lieu donné, tout
simplement parce que les murs sont peints d'une couleur bleu-vert inhabituelle
dans le château et parce qu'il reste plusieurs inscriptions proprement peintes
indiquant « INFIRMERIE FRANÇAISE », « NE PAS FUMER », « INFIRMERIE BELGE » Le couloir de l'infirmerie. Signalétique toujours bien visible en 2016. Certaines portes sont également surmontées de l'inscription « CHAMBRE » mais elles ne donnent plus aujourd'hui sur aucun volume puisque cette partie de l'aile d'Estouteville a été démolie en 1977 pour redonner au pavillon d'entrée toute sa magnificence Le choix doctrinal de l'époque a été de tenter de redonner son rôle central au pavillon d'entrée en le dégageant des bâtiments qui y avaient été accolés au XIXe siècle. Les photographies de l'époque montrent que les murs étaient également peints de ce bleu-vert, mais l n'existe à ma connaissance aucun cliché intérieur pris avant les démolitions et plus encore, aucun relevé. En rose, les parties démolies. L'infirmerie se trouvait dans la partie droite. Photo prise en 1977 au moment de la démolition de la partie qui abritait l'infirmerie. Après la démolition de l'infirmerie des éléments de décoration sont encore visibles. Il existe d'autres inscriptions au[1]dessus de certaines portes dans le château comme « ARMURERIE », « SERGENT-CHEF »... mais il n'est pas possible de les attacher à un groupe donné. Les difficultés émergent également pour ces pièces dédiées aux infirmeries pour savoir à quel moment elles ont été peintes. Il est probable que les deux infirmeries aient été mises dans une partie du château dédiée, ne communiquant que peu avec les autres bâtiments afin de limiter la contagion. Pour autant, il n'est pas possible d'affirmer que les deux milieux hospitaliers (médecins, infirmiers...) communiquaient et/ou se partageaient les malades. Les quelques écrits retrouvés de soldats belges évoquant le château de Gaillon et l'infirmerie ne fournissent pas ce type d'informations. De même, les Belges ont-ils repeint ces espaces à leur arrivée ? Ou sont-ce les Français qui l'ont fait afin d'accueillir les officiers belges ? Il est aussi complexe de saisir la pensée des personnes qui arrivaient dans cette école : ont-elles accompli des travaux dans l'urgence ou avec l'idée que leur présence à Gaillon allait durer longtemps ? Cette question est centrale car lorsque nous analysons les traces, nous le faisons en ayant l'histoire déjà écrite de leur passage et sa durée (1915-1919) mais ce n'était, bien sûr, pas leur cas. Dans l'attente de nouveaux documents d'archives (factures ou comptabilités administratives évoquant des travaux, récits plus précis...), seules les pièces des infirmeries peuvent être identifiées comme ayant été connues et vécues par les soldats belges du CISLA. Les « pièces aux pochoirs » C'est également l'hypothèse que nous
formulons pour les « pièces aux pochoirs ». Il s'agit des cinq pièces qui
disposent encore de décors réalisés avec des pochoirs et des deux pièces qui
ont encore un décor simpliste mais qui se trouvent reliant les « pièces aux
pochoirs ». Décor au pochoir dans une pièce du premier étage de l'aile Estouteville. Détail d'une frise au pochoir avec couleur. Concernant ces cinq pièces, elles
comportent pour quatre d'entre elles, situées dans l'aile d'Estouteville et
l'une dans l'aile Nord, des décors composés d'une frise supérieure de motifs
floraux, avec des bandeaux à des hauteurs intermédiaires et pour la plus petite
des pièces, une frise de fleurs vertes. Pour ces pièces, le soubassement peint
au coaltar a été recouvert par une peinture marron foncé au plomb. La pièce
majeure en terme de décoration est celle qui est souvent dénommée comme étant
la « salle à manger du commandant belge », titre mis en italique et entre
guillemets car il s'agit d'une dénomination de fait mais sans preuve. Décor d'une petite pièce au premier étage de l'aile Estouteville. Détail d’une frise au pochoir avec couleurs Elle est composée d'une frise haute faite de plusieurs motifs floraux de couleurs différentes, assise sur une seconde frise de damiers blancs et rouge foncé, de laquelle émergent (des bandes jaunes qui descendent jusqu'au soubassement marron foncé. Le fond dans un bleu outremer. Décor de la salle à manger du capitaine commandant du CISLA dans la tour de Sirène. Détail de la frise de la salle à manger avec couleurs. Pour les pièces en enfilade qui relient les grandes pièces à la salle à manger au premier étage de l'aile nord, le seul décor vient d'une différence de teinte dans les couleurs des murs à peu près à trois mètres du sol, les deux couleurs étant séparées par un mince filet de couleur rouge foncé. L'interrogation quant à ces décors est de savoir s'il est possible de les attribuer au CISLA ou s'il est seulement possible de penser que les soldats belges les ont connus ; voire même, si ces décors n'ont pas été imaginés après 1920. Plusieurs éléments de chronologie doivent être combinés : le premier est lié à la présence de graffitis qui ont été faits sur les couches de peinture. Si le graffiti le plus ancien date, par exemple, de 1940, assurément la dernière couche de peinture a été appliquée avant 1940. C'est cette méthode que l'on utilise pour les pochoirs : il y a des graffitis de la période espagnole et de la Seconde Guerre mondiale sur les motifs, donc les pochoirs ont été faits avant l'arrivée des Espagnols en 1939. Graffiti sur un motif au pochoir dans une des salles de l'aile Estouteville. Le deuxième est lié à l'évolution des styles : le pochoir est certes une méthode très ancienne mais le graphisme utilisé date du début du XXe siècle. Les décors au pochoir ont donc été exécutés après 1910. Il faut par ailleurs garder à l'esprit qu'un pochoir peut être réutilisé à l'infini et qu'il est donc possible de créer au cours des années 1930 des décors conçus avec des motifs de 1910. Il ne s'agit donc pas d'une datation exacte mais uniquement d'une borne chronologique. La fenêtre chronologique certaine de pose est entre 1910 et 1939. Frise au pochoir aujourd'hui disparue. Le troisième est lié à des photographies intérieures d'époque ou des pièces administratives indiquant que des décors vont être faits ou des récits précis, mais qui aujourd'hui ne sont pas connus. Il existe néanmoins une photographie intérieure prise par Maurice des Ombiaux du service photographique de l'armée belge lors d'une visite au CISLA, publiée dans le fascicule n° 2 de la série Un royaume en exil. La Belgique du dehors, et accompagnée de la légende : « Le cours théorique ». Le motif au pochoir visible sur la photographie ne correspond pas à des fleurs mais à des motifs géométriques. Aucune trace de ce motif n'est visible aujourd'hui dans le château mais il s'agissait peut être d'un décor du rez-de-chaussée de l'aile d'Estouteville, entièrement refait après-guerre. Nous émettons l'hypothèse que ces « pièces aux pochoirs » ont été aménagées pour ou par le CISLA. La probable localisation du CISLA Si l'on combine les peintures de
l'infirmerie, les noms « chambres » au dessus des portes et les « pièces aux
pochoirs » (prenons cette hypothèse), il est possible de considérer que le
CISLA ait été placé dans le bâtiment d'Estouteville, l'aile nord et la tour de
la Sirène. Cela forme un ensemble cohérent car il serait compréhensible que
l'école eût un fonctionnement en partie autonome, sauf pour l'infirmerie
française qui se trouvait dans la même partie que l'infirmerie belge, sans
doute pour des questions d'hygiène. L'école a occupé les étages et le
rez-de-chaussée de l'aile d'Estouteville, mais il n'existe plus de traces dans
les parties où avait été installée une salle de bal durant les années soixante.
Pour le premier étage, c'est là que se trouvent encore toutes les « pièces aux
pochoirs », mais pour l'étage supérieur, il n'y a plus de traces encore
visibles de décors car tout a été démoli lors des restaurations des années
1990. Aucune photographie ou relevé n'est
connue à ce jour. La non-prise en compte de la valeur des traces des XIXe
et XXe siècles avant les travaux de restauration est d'ailleurs un
problème récurrent puisqu'il concerne les deux bâtiments entourant le pavillon
d'entrée, les bâtiments dans les cours et le troisième étage du pavillon
Colbert. Le bâtiment des cuisines, situé à l'est du pavillon d'entrée, a été écarté de cette hypothèse car les traces restantes sont
complexes à analyser et font plutôt état d'une présence militaire française ou
civile lors de l'occupation par des propriétaires privés. Ainsi, les graffitis
présents au château de Gaillon permettent d'affiner notre connaissance des
histoires passées et de ceux qui y ont séjourné, de gré ou de force. Ils sont
également très fragiles et les travaux de recollement voire de préservation,
pour certains aboutis ou en cours, sont très importants pour qu'aucun pan de
l'histoire du château ne soit oublié. |