Médecins de la Grande Guerre
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Hommage aux Forestiers
Belges morts pour la Patrie et particulièrement à Jean-Pierre François Bieuvelet, garde forestier à Thibessart
(Mellier), en l’an 1914. L’Allemagne
particulièrement inquiète du développement de la France et de la Russie,
déclare le 3 août 1914, la guerre à la
France, doublé d’un ultimatum à la Belgique l’obligeant à accepter son libre
passage à travers le territoire Belge. Le 4 août 1914, elle
envahit la Belgique, suivant le plan de guerre du Comte Alfred Von Schlieffen
datant déjà de 1906. Ce plan consistait en un mouvement giratoire anti-horlogique sur le territoire Belge, destiné à prendre à
revers une fois sur le territoire Français, les troupes Françaises présumées devoir
se diriger dans un premier temps vers l’Alsace, afin de les rejeter vers le Sud
ou la Suisse. Pour la parenthèse, ce plan n’aboutira pas, pour
diverses raisons dont : -
Le front Russe à l’Est réclamant de plus
en plus de militaires, -
Le successeur Ludwig Von Moltke de Von
Schlieffen étant beaucoup moins audacieux, -
La résistance inattendue des troupes
Belges et Françaises, -
La résistance héroïque des forts de
Liège entrainant des retards importants dans la percée Allemande, -
La poursuite imprudente vers le Sud de
la première armée Allemande de Von Kluck, exposant le flanc Ouest de l’armée
Allemande à la contre attaque Française et puis Anglaise sur l’autre flanc. -
La découverte progressive de la
stratégie Allemande par les Français et
Anglais. -
L’entrée en guerre de l’Angleterre. Ces principales causes
feront échouer le plan Von Schlieffen et provoquera le remplacement de Von
Moltke par le général Eric Von Falkenhayn et
l’enlisement définitif de la guerre devant être rapide, en la terrible guerre des tranchées, que nous
connaissons. La première victoire substantielle
étant la première bataille de la Marne. Ceci étant précisé,
revenons à notre mouvement giratoire de cinq Armées Allemandes, pour en situer
le centre de rotation entre Neufchâteau et Arlon. Nous y retrouvons Léglise,
Thibessart et Habay. C’est à cet
endroit, qu’après avoir traversé le Grand Duché de Luxembourg, via Attert sur le territoire Belge, le 6ème Corps Silésien de la quatrième Armée du Duc
Albrecht Von Wurtemberg : comprend respectivement, la 12ème Division d’Infanterie qui se concentrera à Léglise
et la 11è Division à Thibessart. Nous sommes le 19 août
1914, 15 jours après l’invasion seulement et Jean Pierre Bieuvelet, garde forestier estimé, à Thibessart, veuf de Virginie Valet et père de trois enfants,
dont Joseph l’ainé ; ignorant ce qui précède, postera deux cartes postales
à Thibessart. L’une est adressée à son supérieur,
garde général à Habay et l’autre au fils de son
voisin, Nicolas Leboeuf, en service dans l’armée
Belge. Ces missives mentionnent, qu’après inspection, la région est calme. Le Jeudi 20 août 1914, dès
8 heures, comme nous l’avons dit : l’avant-garde de la
11ème Division d’Infanterie
pénètre à Thibessart et arrêtant l’Abbé Joseph Hubert,
curé de la paroisse, l’informe qu’ils ont été victimes de tirs isolés, donc de
civils, et que si les auteurs ne sont pas dénoncés, le feu sera mis au village.
Le prêtre réunit ses administrés et tente de comprendre l’inexplicable. En
effet, les tirs sont mis en doute, excepté trois potentiels. Mais Eugène Thiry,
un habitant, déclare que les coups de fusils
entendus étaient de guerre et non de chasse….. !!! A ce moment, les
Allemands découvrent les deux cartes postales postées la veille dans la boite
aux lettres du presbytère, par le malheureux garde. Le prétexte est tout trouvé
pour fouiller les deux maisons des personnes reprises sur ces cartes, à savoir Bieuvelet, forestier
et son voisin, Leboeuf. On retrouvera lors de la perquisition, par les Allemands,
des balles de chasse, chez Bieuvelet mais pas d’armes !!!! Il s’en était
débarrassé, mais n’avait pas attaché d’importance à ces balles sans fusil…..Confirmation
par les Allemands. Mais s’en est de trop. Le 38ème régiment fusiliers de Magdebourg dépendant et avant-garde de la 11ème division arrête dès lors, vers 10 heures, dans
le village, Bieuvelet Jean Pierre François 62 ans, son fils Joseph 19 ans, étudiant à l’Institut
renommé de Carlsbourg, il est l’ainé de trois enfants,
et Nicolas Leboeuf
leur voisin, menuisier de son état. Bieuvelet Nicolas Emile, le cadet des 3 enfants
Bieuvelet, échappe par miracle à son gardien lors de la
perquisition ; lui faussant
compagnie, il parvient à se cacher, il a 15 ans. Entre les deux, une sœur, Marie qui sera épargnée. Les trois coupables
présumés et précités sont transférés au petit Château de Mademoiselle Trouet
pour une parodie de jugement, les personnes étant gardées dans la cour du
château. Malgré la présence d’un interprète le lieutenant Von Lindeiner, et l’acharnement du curé de Thibessart,
ils seront condamnés à mort, en toute précipitation, par une partie de l’Etat Major. En effet, les
officiers supérieurs Von Pritzelwitz, Von Webern, et
vraisemblablement, Von Drabich Waechter et Seydel ,
n’arrivèrent que le lendemain, et donc, ne pouvaient être effectivement présents, que les officiers des divers
régiments déjà arrivés à Thibessart et du dit responsable, le 38ème Régiment fusiliers et de ses bataillons, directement mis en
cause par les historiens, à savoir : Le Colonel Von Kleinschmit et les
majors Ferentheil , Gruppenberg,
Saxer et Burchardi. Une partie des troupes séjournera
trois jours à Thibessart. Emile Valet un autre
cultivateur déclara bien, que Bieuvelet était en sa compagnie, sans arme et
donc qu’il n’aurait pu tirer, mais plus rien ne fut pris en considération……… Veuillez noter que le
Livre Blanc Allemand, justificatif des agressions allemandes ; du 10 mai
1915 ; selon le Chanoine Jean Schmitz, rapport 776
: « ne souffle mot de Bieuvelet et de Leboeuf, aucune accusation n’ayant pu, avec quelque
apparence de vérité, être portée contre eux !! ». Bieuvelet Jean Pierre
se recueille, Bieuvelet Joseph se révolte et Nicolas Leboeuf
est d’une pâleur extrême. Suprême outrage, on les oblige de traverser la
presque totalité du village à pied, jusqu’en direction de Léglise.
Passé onze heures, le peloton et les trois prisonniers arrivent à l’endroit
désigné en pleine campagne et immédiatement fusillés. Les blessures sont
relevées à la tête, au cou et en plein cœur. Les corps resteront allongés trois
jours avant d’être provisoirement recouvert de terre et ce pendant quinze jours, temps nécessaire à l’obtention
du permis d’inhumation. Que se passe-t-il
ensuite ? Le 22 août 1914, vers trois heures du matin une estafette
arrive, prévenant l’Etat Major des mouvements proches de l’armée Française à
hauteur de la Semois et non loin de Saint Vincent. A cinq heures du matin, les troupes quitte donc
Thibessart, la 11ème division prenant la direction de Tintigny et la 12ème celle de Rossignol. Ce fut la 11ème
division, qui prit part à la bataille de
Tintigny, Saint Vincent et Bellefontaine.
D’autres atrocités y
seront commises contre la population, notamment
à Rossignol, où septante deux maisons seront incendiées, quatre habitants
tués, mais cent et deux autres, transférés à Arlon, y seront tués. Dans le cadre du sujet, nous
nous arrêterons ici, tout en n’oubliant point tous les autres crimes commis en Belgique :
« By all and any means »
du Commandant de Gerlache de Gommery, 1915. Ironie du sort :
Bieuvelet Nicolas Emile, fils cadet, qui
parviendra miraculeusement à fausser compagnie à l’officier chargé de sa garde
se cachera trois jours dans une grange proche. Il entendra la tuerie des
condamnés dont son père. Il attendra
pour se manifester, le départ des troupes allemandes. Il sera rapidement recueilli
et élevé par ses oncles habitant Villers sur Semois. Réussissant brillamment ses études au collège de Virton, puis à l’Institut
Agronomique de Gembloux, il devint Ingénieur Agronome. A Gembloux, il fera la
connaissance et épousera en 1926 Alix Duculot fille de l’imprimeur Gembloutois Jules Duculot, lui-même frère d’Emile Duculot.
Ce dernier devenu précédemment en 1914 le nouveau Bourgmestre de Tamines, aura alors à subir,
les 21, 22, 23 août, les mêmes atrocités allemandes, 315 fusillés sur place, 40
noyés, 22 hors fusillade, 13 carbonisés et 24 périrent des suites des
événements. La ville entière fut pillée. Le commerce librairie du Bourgmestre,
n’y échappera pas. Le couple Bieuvelet Nicolas –
Duculot Alix aura 4 enfants et Nicolas
Emile fera carrière Au Congo. Un fils et un petit-fils naitront un 20 août,
extraordinaire, comme pour conjurer le sort…… Nous ne pouvons
terminer ce récit sans attirer votre attention, sur l’existence en Forêt de
Soignes sur le territoire de la commune d’Uccle, d’un mausolée à la mémoire des
forestiers morts pour la patrie. Il y sera érigé en 1920. Vous pouvez le
retrouver sur la route Groenendael vers Uccle, bien connue des promeneurs. Nous y relevons la
liste suivante : -
Bieuvelet Jean Pierre, garde à Thibessart, -
Coulon
Gustave rené, garde à Etalle, -
Cozier
François joseph, brigadier à Rossignol, -
Dauchy
Servais, garde à Westoutre, -
Graisse Pierre Jacques, garde à Latour, -
Liégeois Arthur Joseph, garde à Daverdisse. -
Marinier Philippe Augustin, garde surnuméraire à Forges, -
Orban
Alphonse, garde à Villers-Laroche, -
Peygnard
Charles valère, garde surnuméraire à Etalle, -
Robert Alphonse Emile, brigadier à Anloy -
Simon Albert antoine,
garde à Soulme. Nous ne pouvons les
oublier. Addendum : Forces
Allemandes présentes à Thibessart le 20 août 1914. -
4ème armée Allemande du Duc albrecht
Von Wutemberg, -
6ème corps d’armée du Général Von Pritzelwitz : -
La
11ème division d’infanterie (20.000h approx.)
du Lt Général Friederich
Von Webern, comprenant : -
21ème brigade d’infanterie du Général Major Von Drabich-Waechter. -
38ème régiment fusiliers de Magdebourg du Colonel
Von Kleinschmit, dont 3 bataillons. -
10ème régiment de grenadiers du Colonel Von Geyso. -
22ème brigade d’infanterie du Colonel Seydel. -
11ème régiment de Chasseurs à cheval. Major Von Roden. -
11ème régiment de grenadiers du colonel Von Götzen -
51ème régiment d’infanterie du Colonel Rassow. -
11ème brigade d’artillerie de campagne du Général Major Von Bischoffshausen. -
6ème régiment
d’artillerie de campagne du lieutenant colonel Von Zglinicki. -
42ème régiment d’artillerie de campagne du
lieutenant colonel Von Heimburg. Forces Allemandes
présentes à Léglise
le 20 août 1914. -
La 12ème division d’infanterie
du Général Charles de Beaulieu Jean-François Bieuvelet. Bibliographie : -
Imperial
German Army 1914 1918, Herman Cron , Helion -
Documents pour servir à l’histoire de
l’Invasion Allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, Chanoine
Jean Schmitz et Dom Norbert Nieuwland,
G. Van Oest editeurs, 1920-1925. -
Das
füsilier Regiment Generalfeldmarchall Graf Moltke nr
38, Karl Burchardi, Gerhard Stalling,
1928 -
Histories
of two hundred and fifty-one divisions of the German Army which participated in the war (1914-1918),
Washington Printing office, 1920 -
Carnet de route d’un soldat Allemand –
Mémoire d’un inconnu, Erich X….. -
Der
erste Weltkrieg 1914 1918, Orte suchen,
Malte Znaniecki , 2007. -
Der
erste Weltkrieg 1914 1918, Namen
suchen, Malte Znaniecki , 2007. -
Der
erste Weltkrieg 1914 1918, info, Malte Znaniecki, 2007. -
La Belgique et la guerre, j. Cuvelier, préface d’Henri Pirenne. -
Historique du 3è régiment de chasseurs
d’Afrique pendant la guerre 1914-1918, Berger Levrault. -
Massacre de Tamines Wikipédia. -
La légende des Francs Tireurs de Dinant.
Réponse au mémoire de M. le professeur Meurer de
l’Université de Wurzbourg. Dom Norbert Nieuwland
et Maurice Tschoffen, Jules Duculot éditeur, 1928. |