Médecins de la Grande Guerre

Explosion catastrophique d'un train de munitions à Ath.

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Explosion d’un train de munitions à Ath :

Un soldat belge du 10e régiment de Ligne parvint à éviter le pire ![1]


La gare et la Poste.

       Il nous faut relater également de pénibles événements.

       A cette époque existait une véritable calamité, des munitions éclataient de toutes parts, et les avertissements répétés à, ce sujet, rappelés partout par des avis très éloquents, semblaient n’avoir pas de prise sur beaucoup.

       Les Allemands avaient abandonné de grandes quantités de munitions. Il en résultat journellement des accidents. Nous ne relaterons ici que les catastrophes. En janvier, on put lire les informations qui suivent :

       « Une terrible catastrophe s'est produite en gare d'Ath.

       Vendredi soir, deux trains s'y trouvaient garés ; dans l'un, se trouvaient des réfugiés français, l'autre était chargé de munitions et de marchandises. Soudain, un wagon de ce dernier, rempli de benzine, fit explosion et incendia les wagons suivants, pleins de grenades.

       On appela aussitôt à l'aide et la cloche d'alarme, dans la tour, commença à sonner, appelait au secours le personnel de la Croix-Rouge et les pompiers, qui arrivèrent bientôt sur les lieux. De hautes flammes s'élançaient du train en feu, éclairant la ville d'Ath comme en plein jour.

       Il fallut aller vite en besogne, le danger étant très grand. D'intrépides soldats du génie parvinrent, au péril de leur vie, a délivrer les réfugiés du brasier.

A peine ceux-ci étaient-ils en sécurité qu'on entendit des coups terribles.

       Le danger augmentait à vue d'œil. Un courageux soldat belge du 10e régiment de ligne préserva la ville d'un véritable désastre : il réussit à décrocher les wagons en feu.

       Il faut déplorer la perte de vies humaines : six soldats anglais furent retrouvés entièrement carbonisés tandis qu'une cinquantaine d'autres furent si gravement brûlés qu'on dut les transporter immédiatement à l’hôpital militaire.

       Des réfugiés français ont également trouvé la mort dans cette catastrophe, beaucoup, de plus sont blessés à la tête et aux mains…

       En fuyant à travers le désarroi de la gare, certains sont allés se précipiter dans la boue du canal à sec, d'où on ne put les retirer qu'au prix de peines infinies. »

       Une autre catastrophe, celle de Quatrecht, suscita beaucoup d'anxiété. Portes et fenêtres, jusqu'à celles de maisons situées à Bruxelles, furent violemment secouées, des heures durant, et l'on se demandait avec inquiétude ce qui avait bien pu se passer.


Intérieur de la gare

       Mais voici les faits :

       « Un dépôt de munitions, à Quatrecht, a sauté.

       Il s'étend sur un champ de deux hectares, situé le long du chemin de fer Gand-Bruxelles, à proximité du village ; il est destiné à recevoir le dépôt des munitions enlevées aux Allemands, à l'Yser. C'est devenu un gigantesque magasin de toutes sortes d'engins dangereux amenés là par un chemin de fer d'intérêt local. Il y avait des bombes asphyxiantes, des torpilles, des grenades de tous calibres, des tas formidables de dynamite, etc.

       Un très grand nombre d'ouvriers y étaient occupés.

       La première explosion s'est produite, pendant l'heure du repas des ouvriers.

       Il était une heure environ quand de grandes flammes s'élevèrent au-dessus du champ. Le spectacle devint rapidement si épouvantable qu'il rappela les jours tragiques de misère de la guerre.

       Des soldats arrivèrent en courant au cantonnement et appelèrent au secours.

       Au même instant, un coup d'une extrême violence secoua tout le champ. Les coups succédaient aux coups. C'était comme un feu d'artifice épouvantable. Le danger était extrême, non seulement à cause des grenades qui explosaient, mais aussi à cause des gaz délétères qui allaient bientôt s'échapper par vagues lourdes et pestilentielles.

       La population qui avait  déjà cherché abri dans les caves, fut avertie du danger d'asphyxie et se sauva en fuyant en toute hâte le village.

       Il y eut beaucoup de blessés, mais, pas de morts.»

       Une nouvelle explosion eut lieu quelques mois plus tard.

       On transporta beaucoup de munitions à Gontrode, en vue de les y détruire entre des massifs de terre.

       Il y eut encore des morts.

       Pendant plusieurs années, on eut ainsi des accidents de munitions à déplorer ; jusqu'à fin 1921, on travailla à l'anéantissement ou à l'emmagasinement des produits infernaux ; on en fit un nouveau dépôt dans la forêt d'Houthulst.

       Nous croyons avoir donné, par ce qui précède, une idée de la situation dans notre pays après l'armistice.

      



[1] La Grande Guerre. – L. Opdebeek-Editeur Anvers (1923 ?) Tome II, page 1786.



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