Médecins de la Grande Guerre
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Espion
et passeur à Anvers Le
sous-lieutenant Verberne[1] Quarante-huit ans, marié, père de famille,
Verberne demeure à Anvers en 1914, au moment de la retraite. Il y dirige un
centre d’espionnage et se dévoue au maintien du bon moral de la population. Il
collabore aussi à des feuilles clandestines. Enfin, en quatre mois de temps, il
passe dix-sept fois la frontière hollandaise avec des documents, malgré la
police secrète qui le file constamment. Il livre aux Alliés les plans
nécessaires aux bombardements des chantiers ennemis à Anvers. Le jour de l’attaque
des chantiers de Hoboken, Verberne est arrêté. Il nie ses voyages en Angleterre : on
lui montre sa photographie prise en pleine mer à bord du bateau. Et Verberne se
souvient, en effet, avoir vu sur le navire le mouchard allemand Max
Bauermeister, ancien marchand de cigares à Anvers. Notre héros passe 217 jours en prison,
dont 107 au secret le plus rigoureux. Malgré cette mesure draconienne, il
parvient à communiquer avec l’extérieur. C’est ainsi que de sa prison, il
envoie régulièrement aux journaux défendus ses articles qu’i écrit avec du sang
de son pouce et une épingle. Au Conseil de guerre, Verberne est
condamné à neuf semaines de détention et trois mois de prison pour passages
frauduleux de la frontière et recel de mitrailleuses appartenant à l’armée
belge. Sous
l’inculpation d’espionnage, il est condamné à mort. Pour régler ses affaires de famille et
moyennant une caution de 50.000 marks, Verberne reçoit 10 jours de liberté
provisoire. Il doit se présenter à des heures différentes et trois fois par jour
à la Polizei, au Meldeamt et à la Kommandantur. Des agents secrets le traquent
constamment, ce qui ne l’empêche pas de fuir en Hollande le huitième jour !
Il emmène avec lui un officier français
qui était parvenu à emporter 58 millions de la Banque de France à Lille.
Chargés de lourdes valises, les deux fugitifs passent à travers les marais des
Polders, ayant de l’eau jusqu’à la ceinture, poursuivis par les chiens
policiers, par les balles et les projecteurs ennemis. Mais leur courageux sang-froid leur permet
d’atteindre leur but sans encombre. Arrivé en France, Verberne retourne
plusieurs fois en Belgique par la voie des airs. C’est le célèbre Védrines qui
le pilote et le ramène... Enfin, nommé sous-lieutenant à l’armée
belge, Verberne n’a de cesse qu’il n’ai rejoint le front... Il arrive au vaillant 17ème de
ligne, au moment de l’offensive de la libération... Il y reçoit le baptême du
feu par un coup d’essai qui est un véritable coup de maître : Envoyé en
mission avec son peloton à 800 mètres dans les lignes ennemies, il attaque un « béton »
de la « Flandernstellung » aux environs de Moorslede et de
Sint-Pieter. Il combat pendant une heure et ne rentre que sur ordre formel de
son chef de bataillon. Madame Verberne, ardente patriote, lui
écrit : « Fais ton devoir, la Patrie sera contente, et tes enfants et
moi nous serons fiers de toi ! » N’est-ce pas que c’est admirable et qu’un
pareil héros égale les plus grands de l’histoire du pays ? La Grande Bourrasque.
Carl Suzanne. [1]
Nos Héros & Nos Martyrs de la Grande
Guerre par Hubert Depester – Duculot, imprimeur-éditeur-Tamines en 1922 |