Médecins de la Grande Guerre
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Montebourg-Ecausseville
a conservé le dernier hangar de dirigeable de la Grande Guerre Vitrail représentant le hangar d’Ecausseville, œuvre de Jean-Pierre Rivière Histoire de la base de dirigeable de Montebourg-Ecausseville C’est le 9 août 1884 que s’éleva en France le premier dirigeable. C’était un
cigare de 50 mètres mis au point par un officier polytechnicien du Génie. On
lui donna le nom de « France ». Le dirigeable et son inventeur
parcourut ce jour-là 7, 6 km en 23 minutes avec le retour sur sa base en prime.
C’était un exploit mais il fallut l’apparition du moteur à explosion pour
fabriquer un dirigeable à plus long rayon d’action. En attendant ce jour, des
parcs aérostatiques comprenant des ballons sont installés dans les places
fortes de l’est : Epinal, Verdun, Tout et Belfort qui possèderont chacune
leur compagnie d’aérostiers. A l’entrée de la Première Guerre mondiale, ces
compagnies sont munies à la fois de ballons et de cerfs-volants. Les ballons
sphériques sont rapidement remplacés par des ballons « saucisses »
qui peuvent supporter trois nacelles. L’observateur du ballon ou du cerf-volant
disposera d’un parachute en 1916. La Marine dès 1915 envisage d’utiliser des
dirigeables pour la protection des convois contre les sous-marins. Au début de
la guerre, on ne disposait cependant que du dirigeable souple du type du
« France » ou du dirigeable semi-rigide comme le « Lebaudy » conçu en 1905. A la déclaration de la
guerre, seuls six dirigeables militaires sont opérationnels dont trois
« Clément-Bayard » dont le numéro 2 fut le premier à traverser la
manche le 16 octobre 1910. Deux autres dirigeables, le
« d’Arlandes » et le « Champagne » ont été
construits par Zodiac et sont munis de deux moteurs de 220 ch. Ces dirigeables
sont très vulnérables aux tirs d’artillerie et finalement l’armée de terre les
abandonnera au profit de la Marine qui deviendra la seule utilisatrice de ces
machines car elle peut les utiliser dans des zones où la rencontre avec un
avion ennemi est très peu probable. L’amirauté anglaise, de décembre 1915 à
septembre 1917, livrera à la Marine française sept dirigeables dont six « Sea-scouts ». D’autre part, les constructeurs français
livreront 36 dirigeables de type souple de 1917 à 1918. En réalité, les
dirigeables militaires seront deux fois plus nombreux du côté allemand. La
firme Zeppelin qui fournira à l’armée de terre et surtout à la marine des
dirigeables rigides. Plus d’une centaine seront utilisés au cours du conflit
notamment pour bombarder Londres et Paris. Les dirigeables français se répartissent
en trois catégories. Il y a les « Vedettes » chargés de la protection
des ports. Ces « Vedettes » ont chacune quatre hommes d’équipage et
une autonomie de dix heures. La deuxième catégorie consiste en
« Escorteurs » chargés de la protection des convois conte les
sous-marins. Ils ont la même autonomie que les « Sea-scouts »
mais possèdent un équipage de cinq hommes au lieu de quatre. La troisième catégorie, « Croiseurs »,
n’existe pas pour les Français pendant la Première Guerre mondiale. Les seuls
dirigeables de ce type furent le « Dixmude » et le « Méditerranée » livrés à la France
comme dommage de guerre. Le « Dixmude » embarquait 39 hommes d’équipage
sans compter d‘éventuels passagers. Il ne fut opérationnel que durant quelques
mois. Il fut frappé par la foudre au large de la Sicile le 21 décembre 1923 et
dans la catastrophe qui signifia la fin des dirigeables en France, périrent 50
hommes dont leur chef, le capitaine de vaisseau nommé du Plessis. La Méditerranée (ex Nordstern) 1921 Pour abriter les dirigeables 33 hangars
aux dimensions impressionnantes furent construits entre 1911 et 1926. De ces
hangars, seul subsiste le hangar N° 2 de Montebourg-Ecausseville.
Dix centres de la Marine abritaient en France métropolitaine les dirigeables et
possédaient chacun au moins deux hangars annexés aux bâtiments techniques. Le hangar d’Ecausseville tel qu’il apparaît en 2020. Contre la porte se trouve une personne d’1 m 60 ! Représentation de la longueur du hangar Le hangar gigantesque est en béton armé. La toiture est composée de tuiles de ciment. Sa conception était révolutionnaire en 1917, date du début de sa construction. La carte des Bases d’aérostation maritime Le 25 novembre 1916, l’endroit d’Ecausseville est approuvé par le Ministère de la Marine.
Les travaux débutent en 1917 et un premier dirigeable Sea-scout,
le SS-49 rentre dans son hangar le 1er août 1917. En décembre 1917 un
second hangar est construit avec une superstructure en béton, unique à l’époque.
Le SS-49 n’effectuera que quatre
patrouilles et sera remplacé par deux « vedettes » anglaises le VA-4
et le VA-5 ayant chacune trois hommes d’équipage et une nacelle en toile
imperméable permettant un amerrissage. Dès le mois de sa mise en service le
VA-4 lors de son sixième vol attaque un sous-marin mais ce dernier riposte et
un de ses coups de canon réussit à percer l’enveloppe du dirigeable. Le
dirigeable amerrit et un torpilleur vient le remorquer jusqu’à Cherbourg.
Regonflé, ce dirigeable effectuera 142 missions. Le VA-5 quant à lui effectuera
62 vols dont un qui lui permettra de lancer ses bombes sur un sous-marin. L’atterrissage ou le décollage nécessitait une main d’œuvre très nombreuse (nacelle d’un VZ : Vedette-Zodiac , musée d’Ecausseville) La nacelle du VZ-4 (musée d’Ecausseville) Un plus gros dirigeable arrivera le 1er
octobre 17. Il s’agit du AT-5 qui est servi par cinq hommes qui dispose d’une
nacelle allongée. Lors de sa 27ème ascension, le 30 janvier 18, les
deux moteurs s’arrêtent et le dirigeable est obligé d’amerrir. Le remorquage
échoue et l’équipage est évacué par un
patrouilleur après avoir détruit le ballon en le déchirant. AT-5 en manœuvre à Rochefort. (Photo Service Historique de la Défense.) Dans la nacelle du ZD-3 (Musée d’Ecausseville) En novembre 1919 à février 1920, Ecausseville est commandé pat Jacques Trolley de Prévaux,
véritable héros dont l’histoire exceptionnelle vous est racontée sur ce site.
Le centre est désarmé le 20 février 1920 et sert
de lieu de stockage des dirigeables des centres de Boulogne et du Havre. Le
site est remis en 1936 à l’artillerie navale de Cherbourg qui y crée un groupe
mobile d’artillerie de deux batteries de quatre canons de 155 mm qui seront
déployées en mai 40 sur le théâtre d’opérations puis qui se replieront sur
Dunkerque. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands n’utiliseront pas
ce site, ce qui explique qu’il ait été épargné. Pourtant, le 8 juin 44,
Montebourg-Ecausseville fait l’objet de l’attaque des
chasseurs-bombardiers et le 11 juin une furieuse bataille s’engage entre
Américains et Allemands. Il faudra plus de18 heures d’un combat acharné pour
que les Allemands cèdent Montebourg, pris et repris sept fois ! Les
habitants furent obligées de se terrer une dizaine de jours sous les maisons incendiées
ou à l’hospice. Sur 487 maisons, seules 12 sont restées intactes. Après la
guerre, le site va servir de dépôt militaire puis en 1967, une partie du hangar
est affecté à la Direction des applications militaires du Commissariat à
l’Energie Atomique pour accueillir à nouveau des ballons sensés supporter les premières
bombes H expérimentées à Muroa. Ces expérimentations
dureront jusque 1969. En 2008, la communauté de la région de Montebourg
acquiert le hangar. Depuis peu, le hangar d’Ecausseville
est visitable. Le site d’Ecausseville
est exceptionnel et, depuis peu, les touristes ont accès à ce lieu chargé
d’histoire. Outre la visite du hangar à dirigeable, un bâtiment technique a été
transformé en un musée contenant
une collection impressionnante de souvenirs de l’épopée des ballons et
dirigeables. Avis aux amateurs d’histoires passionnantes : Ecausseville et son hangar extraordinaire ne se trouve qu’à
sept heures de voiture de la Belgique ! Folder du site Folder du site Sources : 1 - Edmond Thin,
« Les dirigeables et le centre d’aérostation maritime de Montebourg »,
juillet 2012, édité par l’association des amis du hangar à dirigeables d’Ecausseville. 2 - Maurice Role, « L’étrange
histoire des Zeppelins », Editions France-Empire, 1972. |