Médecins de la Grande Guerre
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Le Dr Van Coillie Ed, son fils
René et le Cercle de Schaerbeek Plan 1) Qui était le Dr
Van Coillie ? 2) Le chagrin du Dr
Van Coillie : son fils mort à 16 ans… 3) L’histoire du plus
jeune sergent de l’armée belge, René Van Coillie 4) Les activités
patriotiques du cercle de Schaerbeek 5) Biographie des
médecins militaires du Cercle 6) Biographie des
aumôniers militaires du Cercle 7) Biographies des
soldats du Cercle morts pour 8) Un membre du
Cercle remarquable enseignant 9) Conclusion du Dr
Van Coillie 1) Qui était le Dr Van Coillie ? Le docteur Van Coillie était un membre très actif du Cercle Catholique
de Schaerbeek. Ce Cercle de loisirs et d’entraide essaya pendant la grande guerre de susciter et
d'entretenir un esprit de patriotisme et de résistance auprès de ses
membres. Dans un livre intitulé « Une Page d’Histoire de la Grande Guerre[1] »
le docteur Van Coillie, dans les années
vingt, s’attela à rappeler les
sacrifices consentis par les membres de ce cercle pour obtenir la victoire ! L’auteur, homme modeste, évita d’écrire sur lui-même bien qu’il
fût un véritable résistant ! Cependant,
grâce à son confrère, le Dr Schoofs, qui
préfaça son ouvrage, nous pouvons appréhender
quelque peu sa personnalité. Voici un
extrait très significatif de cette préface : Je
suis heureux de pouvoir rendre ici hommage au vaillant lutteur, au puissant
polémiste, à l’ardent patriote que fut mon cher collaborateur à Il
eut la gloire de perdre un de ses fils, le plus jeune volontaire tombé du
Cercle, qui devait inaugurer la série de nos morts, et celle de voir
emprisonner sa dame et un autre de ses fils. Bon
sang ne peut mentir. N’est-ce pas une de ses jeunes filles, presqu’une enfant
en 14, Yvonne, qui, à un officier supérieur boche à cheval l’interpellant sur
la direction à prendre pour aller à Wemmel, fit cette fière réponse :
« je connais la route mais je ne vous l’indiquerai pas ! » N’est-ce
pas la même qui, en pleine occupation ennemie, collabora avec d’autres jeunes
filles du Cercle à l’organisation d’une fête de comédie au profil de Spartacus de 2) Le chagrin du Dr Van Coillie :
son fils mort à 16 ans, les armes à la main ! Le but avoué du livre du Dr Van Coillie était de rendre hommage à tous les membres du Cercle
de Schaerbeek qui se dévouèrent sans compter pour la liberté de leur pays. Le
but caché était cependant de garder
vivante la mémoire de son jeune fils qui périt
les armes à la main et dont on ne retrouva jamais le corps enfoui à jamais dans la boue de l’Yser ! Le livre est avant tout un monument élevé à la mémoire
de son fils ! 3) L’histoire du plus jeune
sergent de l’armée belge, René Van Coillie, fils du Dr Van Coillie Voici le résumé de l’histoire de René écrite par son
papa. René Van Coillie âgé de 16 ans et demi s’engagea le 6
août 14. Il se fit rapidement remarquer en faisant arrêter à Gand un personnage
suspect qui lui paraissait être un espion .C’était un Allemand de Dusseldorf
qui fut fusillé quelques jours plus tard !
René nommé caporal avant l’âge réglementaire commanda
un corps de volontaires de 28 hommes. C’est à cette époque écrivit son père, qu’il fit la connaissance de Victor
Gaillet, un autre membre du Cercle dont il devint inséparable. Les deux amis,
dans leur chambrée, prirent l’initiative de la prière du soir à genoux et peu
de temps après presque tous les soldats firent comme eux. C’est à Menin que René
combattit pour la première fois. Une nuit, il fut chargé de garder avec cinq
hommes un pont sur La marche des volontaires se poursuivit et en octobre 14 René se trouva dans la boucle de Tervaete : l’ennemi a
franchi là l’Yser et il s’agit de le contenir à tout prix ! Un soldat
témoignera : « Tout
à coup, on vint nous annoncer que le génie qui avait gardé le pont de Tervaete
avait flanché sous une forte attaque et avait dû abandonner le terrain faute de munitions, et qu’environ 5.000
allemands avaient passés l’Yser. Devant le danger on nous annonce qu’il faut
les refouler coûte que coûte. C’est ainsi qu’environ un quart d’heure plus tard
on entend le clairon sonner le rassemblement pour le bataillon .Un moment
d’angoisse fort compréhensible car nous avions déjà beaucoup souffert !
Une demi-heure s’écoule quand nous entendons sonner la charge par le 2ème
bataillon ; le nôtre allait suivre, mais le sergent Van Coillie, poussé
par l’enthousiasme, s’écriait : « Allons, mes amis, soyons
courageux ! Suivez-moi ! » Puis il passa sa pipe et son tabac à
un ami et se lança en avant avec quelques uns de ses soldats… Au
retour, après avoir rassemblé le bataillon qui se composait de 225 hommes, il
n’en restait que 97, et le sergent Van Coillie était manquant ; les uns
prétendent qu’ils l’ont vu blessé dans une maison, les autres disent le
contraire. Ce qui est certain, c’est qu’on n’a plus jamais eu de nouvelles de
lui » René avait 16 ans et huit mois quand il disparut dans
la boucle de Tervaete ! 4) Les activités patriotiques du Cercle de Schaerbeek Voici les activités du Cercle détaillées dans le livre
du Docteur Van Coillie et résumées par
mes soins a) L’envoi au front des fils
des membres du cercle Le Cercle Catholique compta 180 membres pendant la guerre
et fut une véritable école d'enrôlement. Les fils de ses membres considéraient
comme une honte de rester en Belgique occupée et ils s'en allèrent tous
sauf cinq dont trois retenus pour des raisons de santé, rejoindre le front.
Parmi eux des jeunes gens de 16 à 17 ans. Sur les 90 garçons qui partirent 16
ne revinrent jamais et sur les 74 autres, plus de 20 furent blessés au front. b) Les conférences
patriotiques Le cercle suscita aussi la résistance dans le pays.
Dans les réunions secrètes on exhibait le drapeau et on se quittait sous
les accords de c) Le recrutement de
volontaires dans la population de Schaerbeek Le local du cercle était devenu peu à peu un local de recrutement.
Là siégeait à des moments déterminés un comité qui recrutait la jeunesse et
organisait les fuites. Dans cet œuvre de recrutement se signala Cayron Jean, Dupuis
Jean, Van Lierop Jean…Au total, il y eut plus de cinq cents enrôlements! d) Participation à
l’espionnage Il y eut aussi participation des membres du
cercle à des réseaux d'espionnage: l'abbé Walravens, ancien aumônier du
navire-école l'avenir fut le chef de l'agence de renseignements Biscops.
Assisté de l'ingénieur Boucq de Charleroi, il fit parvenir aux autorités
anglaises d'innombrables renseignements. Arrêté, Mr Walravens fut condamné
à mort ainsi que sa sœur Marguerite et cinq affiliés, mais la sentence fut
heureusement commuée en travaux forcés à perpétuité. Mr Walfarens reçut la plus
haute distinction militaire anglaise e) Les soins par les
infirmières du Cercle Bien entendu les membres du Cercle se dévouaient dans
quantité d'œuvres de bienfaisance. Notons les services appréciables que
rendirent deux infirmières du cercle: madame Lemaire Elisabeth et Ramy Isabelle.
Ces deux dames donnèrent leurs soins aux
soldats à Chevetogne dans l'ambulance improvisée par la comtesse Van den Steen
de Jehay dans son château. f) Le mot du
soldat Le mot du soldat donnait des nouvelles des soldats aux
familles. Il fallait distribuer les lettres des soldats aux familles et
veiller à la transmission des réponses. Plusieurs membres du cercle
s'impliquèrent fortement. Parmi eux Cayron Jean qui organisa l'œuvre des
facteurs anonymes. Par des boîtes de conserves ou des poulets bourrés de
correspondance transmis en Hollande, les soldats de l'Yser parvinrent à avoir
des nouvelles de leurs familles. Quand Cayron Jean partit au front, ce fut son
frère Constant (qui plus tard fut interné en Allemagne et revint mourir épuisé
en Belgique) qui lui succéda dans cette lourde tâche. Après eux ce fut leur
soeur Marie qui reprit le flambeau. Notons aussi d'autres noms comme celui de
madame Pelgrims qui malgré son âge se dévoua à la réception et à la
distribution du courrier, ce qui lui fallut une incarcération à St-Gilles,
Dinant et Givet! g) Aide à la rédaction
et à la diffusion de Quelle aventure que la publication d'un journal
patriote interdit! Cet épisode de la résistance vaudrait un chapitre entier à
lui tout seul! 5) Biographies
des médecins militaires membres du Cercle Le cercle eut l'honneur de compter parmi ses membres
six médecins et un pharmacien militaire. Le Dr Van Coillie détaille dans
son livre leur biographie. Nous les résumons ici. Le
docteur Delcroix fut cité à l'ordre du jour de l'armée à Dixmude en
1915 et fut décoré de la croix de Guerre. Le
Docteur Lemmens termina ses études en 1914 s'engagea comme médecin
volontaire st soigna les blessés et malades dans les ambulances du front
jusqu'au moment où il dut lui m^me prendre place dans un lit d'hôpital. Il
resta après la guerre dans l'armée et devint chef du service de chirurgie de
l'hôpital militaire belge d'Aix-la-Chapelle. Le Dr
Smets quitta en 1914 sa clientèle pour aller avec sa famille se
fixer au Havre. Il débuta en novembre 14 comme chef des Invalides à
Saint-Adresse et organisa l'Institut physiothérapique. Il fut nommé directeur
de l'hôpital militaire belge du Havre et organisa ensuite l'hôpital militaire
de Cannes. A noter son activité médicale en faveur des réfugiés civils belges
qui séjournaient aux alentours du Havre. Le Conseil municipal de Ste adresse le
créa "citoyen de saint Adresse en récompense aux services qu'il rendait à
la population civile. Outre ses décorations Belges il devint aussi chevalier
de Le Dr
Tessens envoyé en août à l'hôpital de Bourg-Léopold y fut fait
prisonnier le 17 août; chargé d'y continuer le service aux soldats blessés
belges, il parvint à les faire évader revêtus d'habits civils. Libéré il dut
rejoindre son domicile le 27 octobre, mais dès le 7 décembre, il s'échappa et
se rendit à calais. Il fut alors chargé de soigner les contagieux à
l'hôpital St Pierre où il soigna les cas de typhoïdes. Sur plus de 700 cas, il
n'eut que 15 % de mortalité. On lui confia ensuite le traitement des
scarlatineux et tuberculeux. En 1916, il fut attaché à l'infirmerie
divisionnaire; en 1917 il passa à l'artillerie à Dixmude. Enfin en 1918, il fut
attaché à la division de cavalerie puis lors de la grande offensive à la
compagnie des cyclistes du génie. Lors de cette offensive, il faillit être tué
entre Thorhout et Bruges. Après la guerre, il accompagna les troupes à Aix-La-chapelle
et Crefeld. Le
Dr Van Hoeck mobilisé le
1er août 14 fut d'abord attaché à la position fortifiée d'Anvers
puis plus tard fut désigné pour les hôpitaux militaires de Grandville et de
Port-villez. Sur sa demande, il rejoignit par après le front en servant d'abord
chez les grenadiers puis au 12ème d'artillerie. Il participa à
l'offensive victorieuse et fut cité à l'ordre du jour pour "n'avoir
jamais hésité, malgré les plus violents bombardements, à se porter partout où
il était appelé, et s'être acquis par cette manière d'être en toutes circonstances,la confiance de ses chefs et de
ses subordonnés". Le Dr
Vermeersch Ch, eut une carrière agitée! En 1915, il se rendit à l'appel
de détresse poussé par Le
pharmacien Dandoy assista
au siège d'Anvers, fut fait prisonnier puis fut rapatrié par 6) Biographies des aumôniers du cercle Le Dr Van Coillie rédigea dans son livre les
biographies des aumôniers militaires qui firent partie du cercle de Schaerbeek.
Nous les avons résumées. L'abbé
Deckers Léon et Van Herwegen Georges, né le 10 décembre 1879, se dévouèrent auprès
des soldats internés en Hollande L'abbé
Lens Pierre né à Lierre le 28 avril 1881. Participa comme
aumônier à l'expédition belge des autos-canons en Russie. Il fut cité deux fois
à l'ordre du jour de l'armée russe, la première fois le 25 août 1916 pour son dévouement, la seconde fois en
1917 le 2 juillet, pour s'être porté dans une batterie éprouvée par de lourdes
pertes et pour avoir par son ascendant contribuer à tirer les cyclistes de leur
position fâcheuse. Il ne se retira lui même qu'avec le dernier combattant et
avec les corps de deux braves tombés au champ d'honneur. A son retour, il
devint aumônier du centre d'instruction des sous-lieutenants à Gaillon (Eure).
Il devint par la suite curé à Cortenbergh. L'abbé
Van der Linden
d'abord aumônier à Anvers y fut blessé et évacué en Hollande. Rentré après guérison
à Bruxelles, il s'occupa activement du recrutement des volontaires et de la
distribution de L'abbé
Widdershoven né à Liège le 19 mars 1878. Joseph
Widdershoven fut attaché au front comme aumônier d'abord aux carabiniers puis à
l'artillerie. Cité à l’ordre du jour de l’armée le 11 novembre
1915 : « Pour s’être dévoué malgré le feu de l’artillerie
ennemie, pour dégager trois soldats ensevelis sous les décombres d’un abri
défoncé par les projectiles ». Il revint malade du front. 7)
Biographie des soldats du Cercle de
Schaerbeek, morts pour la patrie. Reproduction du Fanion du Cercle – Composition de Mlle M. Leylens Les biographies des soldats du Cercle de Schaerbeek
morts durant la guerre constituent la matière principale du livre du Dr Van Coillie. Nous les avons résumées
ci-dessous. Elie Bovy ( 23 octobre
1892 - 9 août 17) Elie Bovy Etudiant ingénieur. Engagé volontaire en septembre 14,
fit d'abord partie des cyclistes volontaires de la 2ème division. Aux
batailles de Quatrecht et de Melle conduisit une automobile au milieu des plus
rands dangers. Rentra plus tard au Génie où il acquit le diplôme de
sous-lieutenant en juin 1916. Le 11 août, décéda d'un éclat de schrapnell reçu
à la tête ! Ce jeune officier était aimé de tous et très débrouillard. Dans le
secteur de Boesinghe, un des plus exposés, il remarqua le courant rapide d'un
petit cours d'eau. Au moyen d'une dynamo, il put extraire du courant qui
fournit de l'électricité aux abris d'alentour. Les officiers supérieurs vinrent
visiter cette curieuse installation. "Je
ne tiens pas à vie dit-il un jour à sa mère; je ne sais pas pourquoi je vis; je
voudrais me consacrer à quelque chose de grand, avoir un noble but." Daniel Bovy (6 mars
1895 - 24 juin 1918) Daniel Bovy Il se trouvait à Bonne sur le Rhin pour apprendre
l'allemand quand la guerre éclata. Pris pour un espion, il fut fait prisonnier
le 5 septembre et incarcéré dans un cachot. Libéré, il lui fallut
plusieurs mois pour retrouver un semblant de santé. Il partit alors rejoindre
l'armée belge. Malgré sa myocardite, à force d'insistance il parvint à être incorporé
dans l'artillerie lourde en mars 1916. Trois fois il fut réformé, trois
fois, il demanda sa réintégration! Au bout d'un an il devint sous-lieutenant. A
l'école d'artillerie, sa grande distraction pendant son temps libre était la
visite aux hôpitaux où il allait consoler les blessés. Le 24 octobre 18 fut le
dernier jour de sa vie. Occupé à vérifier un dépôt de munitions, une bombe
tomba dans une caisse de charge et cinq de ses camarades furent foudroyés.
Lui-même expira le lendemain sans avoir repris connaissance Il était allé rejoindre son frère dans
l'éternité, son frère qui avait écrit quelques temps auparavant ces beaux vers
qui pouvaient lui être appliqués ; Constant Cayron
(10 mars 1897 - 6 décembre 1916) Constant Cayron La famille Cayron tient une place importante
dans le mémorial du cercle. En société avec son frère Jean, Constant parvint à
faire passer la frontière à plus de 200 jeunes gens. Quand Jean s'enrôla
à son tour et que Constant fut aux mains des allemands, ce furent la mère et la
sœur qui demeurés seules, continuèrent le travail du recrutement de concert
avec Arthur Leytens et Mme Charlotte Hauterive. Marie fut arrêtée à son tour et
subit pendant plus d'un an la prison ! Constant s'occupait aussi de la propagation de "Le
fait d'agir en toute chose par esprit d'abandon à la volonté de dieu allègue le
poids de chaque contrariété, de chaque souffrance" Marcel Ceriez (20
mai 1895 - 28 février 1917) Marcel Ceriez La guerre obligea à ce brillant jeune homme, fils de
général, à abandonner ses études universitaires à St Louis où il
récoltait "les plus grandes distinctions" Voici son acte de décès "J"ai
l'honneur de porter à la connaissance du régiment la mort du sergent Marcel
Ceriez, candidat sous- lieutenant, frère du capitaine-adjudant-major, tombé en
brave aux tranchées de première ligne le 28 février au cours d'une lutte de
bombes pendant qu'il dirigeait les hommes en vue de les soustraire aux coups de
l'adversaire. Au nom des officiers du régiment, j'adresse au capitaine Ceriez
mes plus vives condoléances" Le
capitaine du régiment, Constant Paul Emsens (1 septembre 1893
-1er juillet 1916) Paul Emsens Le chef de famille, Alphonse Emsens fut condamné aux
travaux forcés. Bientôt malade, il fut autorisé à revenir en Belgique où
malheureusement il mourut! Un de ses fils nommé Alphonse fut aussi
condamné aux travaux forcés. André quant à lui subit la rigueur de la cellule.
Deux autres fils dont Paul, passèrent la frontière pour rejoindre l'armée
belge…Un mari décédé, les quatre garçons partis, il ne restait plus à la maison que la courageuse mère ! Paul ancien élève de Saint-Michel s'engagea comme
volontaire de guerre et devint caporal motocycliste. Un jour le 1er
juillet lui parvint l'ordre de porter une missive à une unité amie.. Sur une
route de Flandre la moto dérapa … Paul décéda sous le coup ! Victor Gaillet ( décembre
1891 - 18 juin 1915) Victor Gaillet Le 12 juin, il s’offrit pour conduire une patrouille
et faire une reconnaissance à la ferme Violette à Ramscapelle. Le lendemain un
soldat témoigna : « Le
caporal Gaillet, disait-il s’était offert à se rendre avec moi à ce poste
périlleux. Il avait l’impression que l’affaire était dangereuse et avait pris
les précautions de me remettre sa montre et différents souvenirs ainsi qu’une
lettre pour sa famille. Puis il me pria de demander à l’aumônier de célébrer
une messe à son intention s’il ne devait pas revenir. Après cela il partit
remplir sa mission…un éclat d’obus est venu lui traverser la tête. » Voici cette lettre Chers
parents, Cette
lettre, je la prépare avant de monter à l’assaut d’une position. Ce n’est pas
la première fois. Toujours j’ai fait mon devoir ; cette fois je n’en suis
plus sorti. Si cette lettre vous parvient, c’est que je serai mort en faisant
mon devoir. Ne pleurez pas car c’est un au revoir, n’est-ce pas ? Je meurs
en bon chrétien comme j’ai été élevé et le jour de la vierge. » Sur son corps inanimé on trouva au verso d’une petite
image du sacré Cœur, ces mots écrits de sa main : « A mes chers
parents, bon courage, et « bientôt au ciel ! Fiat ! » Le matin de sa mort, il avait eu la consolation de
communier et de servir la messe de son ami et ancien professeur, Monsieur Van
Gramberen. C’est un autre ami et professeur, l’aumônier Scheider, qui lui fit
de belles funérailles à Adinkerke, où il fut mis ne terre. Victor Lafosse (21
novembre 1898 - 19 décembre 1916) Victor Lafosse Elève en 3ème latine à l’Institut St-Louis,
il se réfugia avec sa mère en Angleterre à Londres. Victor fut alors envoyé au
School-house de Cambrigde (Kent) où, malgré l’ignorance de la langue anglaise,
il parvint à force de ténacité à se placer premier parmi ses condisciples.
Durant les grandes vacances 1915, à Londres il passait son temps libre à
assister les blessés belges dans les hôpitaux jusqu’au moment où il eut la joie
de recevoir l’acceptation de son engagement dans l’armée belge. Après avoir
suivi les cours de mitrailleur à Criel-sur-Mer, il devint lui-même instructeur
jusqu’au moment où il obtint son transfert sur le front au 9ème de Ligne. Malheureusement,
peu de temps après, il devint malade et dut s’aliter. Il fut alors envoyé au
camp du Ruchard puis le 12 décembre 1916 puis transporté au cap Ferrat à l’hôpital Col-de-Caire
où il resta sept jours. Il mourut dans
le décours d’une opération qu’il dût subir d’urgence ! Pendant sa longue
et pénible maladie (sans doute une tuberculose pulmonaire puisque l’hôpital du
cap Ferrat avait été créé comme centre de traitement des maladies pulmonaire),
il sentit que sa fin approchait mais ne voulut pas alerter ses parents sur son
état. Il était devenu squelettique. La veille de sa mort, le colonel vint le
visiter. « Courage mon ami, lui
dit-il, bientôt vous reprendrez votre poste de combat ». Il répondit
alors « non mon colonel, demain, je
serai près du bon Dieu ». Louis Lampe (30 juin 1894 - 21
octobre 1916) Louis Lampe Fils unique, Louis se destinait aux études de
médecine. Il eut le courage de se séparer de ses parents qui l’adoraient pour
s’engager comme volontaire et devint sous-lieutenant au terme de son instruction.
Brave et intrépide, il était renommé comme lanceur de grenades et était devenu
l’idole de ses hommes et de ses camarades. Sa fin fut tragique. Il fut invité à participer à une expédition
de patrouille sur le Houtensluisvaart, affluent de l’Yser. Il accepta et
bientôt une petite barque emmena six carabiniers et Louis le grenadier sur les
eaux de la rivière. Soudain, quelques canards sauvages effrayés s’envolèrent et
donnèrent l’alerte aux allemands Alors s’éleva à quelques mètres une
crépitation de fusils et de mitrailleuses. Les hommes se jetèrent au fond de la
barque sauf Louis qui au contraire se dressa afin de pouvoir jeter de toute sa force ses grenades. Au même
moment hélas, une balle lui traversa le front ! Les six survivants tombèrent aux mains de ’ennemi et
furent faits prisonniers. Les Allemands retrouvèrent six semaines après le
corps du héros, le chapelet autour du cou. Deux officiers allemands vinrent à
Schaerbeek annoncer la triste nouvelle. Louis repose à Zarren. Auguste
Lapierre (10 juin 1897 - 3 aôut 1918) Auguste Lapierre Le 5 août, à peine âgé d e17 ans,il s’engage comme volontaire dans le
régiment des carabiniers. Il fit sa première rencontre avec l’ennemi à
Berlaere. Pendant une année entière, ce sera une vie âpre et dure, tout de
bravoure intérieure, de tenace endurance et de gaîté souriante dans l’effort.
Dans la plaine de l’Yser, auguste va monter aux tranchées, patrouiller devant
les lignes, travailler aux avant-postes et s’entraîner pour les opérations
futures. A Steenstraete, à la maison du Passeur, à Dixmude, il enthousiasme ses
camarades du 2ème carabinier. Voici une lettre qu’il écrivit à un de ses professeurs de Sainte-Marie « Vous
direz, mon cher professeur, à votre retour de Belgique, si je ne puis le leur
exprimer moi-même, vous direz à vos collègues, combien a été puissante sur moi
(et sans doute sur beaucoup d’autres) la douce influence et l’agréable ambiance
de l’Institut Ste-Marie ; vous direz à vos jeunes élèves, jeunes Belges
libres dans la libre Belgique, de ne pas oublier la belle devise : « Dieu
et Patrie » de songer quelquefois à
ceux qui se sont sacrifiés pour cette belle cause, celle de l’Humanité, celle
de Le 1er
mars 18, alors qu’il travailler à la digue de l’Yser, auguste est frappé
à la tête par une balle de schrapnell. La balle
traversa le casque et pénétré dans la partie droite du crâne en
entraînant la paralysie du côté droit. « « Conservant toute sa conscience dira son chef, le Capitaine Dirix, il
s’est montré très courageux me disant au-revoir lorsqu’on le transportait au
poste de secours ». Il survivra encore quelques semaines à l’hôpital sans doute après avoir été trépané ! Il eut la joie de recevoir des mains de S.M. le
Roi Antoine Leytens (7 janvier
1896 - 28 septembre 18) Antoine Leytens Il se destinait à la prêtrise et fut volontaire dès la
première heure. Il se distingua particulièrement à Tervaete et alors que ses
compagnons laissaient pour la plupart leurs os dans les marais, il eut le
bonheur de sortir de cette bataille sans la moindre égratignure. Il prit
ensuite part à de nombreux raids et fut notamment cité à l’ordre du jour N° 143 « Leytens
Antoine, excellent sous-officier sous tous les rapports. Au front depuis 41
mois, vient de se distinguer particulièrement au cours d’un raid exécuté le 19
juillet 18 sur les organisations ennemies de St-Georges. L’officier dont il
était l’adjoint ayant été blessé au cours de l’opération, il a pris le
commandement et a dirigé de façon très judicieuse le repli du détachement qui
était entré en contact avec des forces
supérieures et soumis à un feu très violent ainsi qu’au tir de barrage adverse.
A fait preuve de décision dans sa troupe et a permis de ramener tous les
blessés. » Quelques
jours avant sa mort il écrivit à ses parents «Si
votre « grand » ne revient pas, c’est qu’il est tombé en brave, sans
beaucoup de forfanterie peut-être (aujourd’hui le courage est presque toujours
obscur) mais au devoir et pour la défense de ces trois entités que beaucoup
n’ont pas la force de comprendre après tant de souffrances : Dieu, Roi, Patrie !
Si donc, vous recevez cette lettre, c’est qu’il était écrit que je ne devais
pas vous revoir. Je m’incline et vous supplie de vous incliner sans trop de chagrin. » Antoine fut
nommé sous-lieutenant le 22 septembre. Le 28, il tombait à Passendaele. Malade,
il avait insisté pour ne pas être exempté de service et prendre part à la
grande offensive ! Pierre Levie (1er
Mai 1994 - 6 octobre 14) Pierre Levie Fils du Ministre d’Etat Michel Levie, Pierre était un
ancien du collège St Michel et étudiait la philosophie à St-Louis. Il s’engagea
dès le 2 août 14 et reçut son baptême de feu à Melle en combattant avec les
carabiniers volontaires le 7 septembre,
un mois à peine après son enrôlement. Pierre fut à Anvers et participa aux fameuses sorties de l’armée belge en dehors
de l’enceinte des forts. Le 5 octobre, son bataillon fut chargé de défendre à
tout prix le pont-route à Duffel. L’attaque allemande se déroula le 6 octobre.
La résistance à l’ennemi fut acharnée
mais entraîna la mort de Pierre Levie !
Jean-Guillaume Micheels (10
mars 1895 - 18 septembre 1918) Jean-Guillaume Micheels Véritable héros que Jean-Guillaume. Il avait 19 ans
quand éclata la guerre. Entré comme brancardier dans une ambulance, il fut
témoin de l’incendie de Louvain et assista aux passages des prisonniers belges
de Waelhem. Après une vaine tentative, il parvint finalement à traverser les lignes
allemandes et à rejoindre l’armée belge à Gand le 7 septembre. Il devint
caporal, puis sergent et enfin acquit le certificat d’aptitude à la
sous-lieutenance à Bayeux. Pour rejoindre rapidement le front, il demanda à
être rétrogradé au grade de sergent. Il commanda alors le peloton d’assaut du 2ème
régiment des carabiniers. Il ne cessa alors d’emmener ses hommes dans des
reconnaissances et missions dangereuses. Il s’empara notamment du Reginaldcross,
position redoutable allemande que les Anglais avaient vainement tenté de
prendre. Il fut successivement porté à l’ordre du jour de l’armée à Nieuport,
St-Georges, Merckem et Passchendaele. Il fut décoré de Le 28 septembre lors de l’offensive, le colonel fit
appel à des volontaires pour conquérir la position forte de West-Roosebeke. La
seule route qui conduisait au village était parsemée de blockhaus ; au sud
de la route un immense marais était rendu infranchissable par un fouillis de
barbelés et obstacles divers ; des deux côtés des mitrailleuses et sur le
mamelon des canons ! Jean-Guillaume et tous les hommes de son peloton se portèrent
volontaires pour cette mission extrêmement
risquée. Le peloton s’élança et ouvrit la route au régiment à travers les
marais. Tous les hommes de l’avant–garde, l’un après l’autre seront malheureusement fauchés. Notre héros sera tué par une balle en
pleine poitrine ! Cette action d’éclat permit la prise de West-Roosebeke. Jean-Guillaume avait un caractère énergique et
inflexible .Etonné du prestige qu’il exerçait sur ses hommes, un officier
supérieur lui demanda où il avait appris cet art. « Au patronage mon major » répondit Guillaume ! Ses deux frères s’engagèrent aussi à l’armée. Son père
Hubert Micheels conduisit lui-même ses deux cadets par delà la frontière en Hollande. Ce père de
trois soldats joua aussi un rôle important dans la diffusion du ‘mot du
soldat ». Il joua aussi un rôle primordial dans l’édition de Pierre Ruttiens (19 avril 1897 - 4 août 1918) Pierre Ruttiens Volontaire à 17 ans. Devint sous-lieutenant. Dans la
nuit du 4 août 1918, il partit avec quelques hommes en reconnaissance. Trois de
ses hommes furent mortellement frappés
mais Pierre ramena ses hommes ainsi que les corps des tués. Il reçut les
félicitations du Général de Blauwe pour cette action. Le lendemain, il alla
consoler les blessés à l’hôpital. La reine Elisabeth se trouvait justement à
leur chevet. Le voyant entre, un blessé dit à la noble visiteuse : « voilà précisément mon lieutenant.
Quel homme ! Il fallait le voir dans la mêlée ! Comme il était grand
et beau ! » Quelques jours
après, il participa à nouveau à une patrouille de reconnaissance dans la nuit
du 7 au 8 août. Celle-ci avait pour objectif le château de Vicogne et se
termina très mal. Les Allemands avaient
en effet dressé une embuscade et le
peloton fut sommé de se rendre. Pierre répondit en encourageant ses hommes à combattre jusqu’au dernier ce
qu’ils firent. C’est ainsi que Pierre perdit la vie ! Henry Scheyvaerts (20
septembre 1892 - 1er novembre 1914) Heury Scheyvaerts Volontaire incorporé au 2ème régiment des
Grenadiers. A peine familiarisé avec la vie de guerre,il prit part aux combats
dans les intervalles des fortifications et aux sorties d’Anvers, assista à la
retraite vers la mer et fut des huit terribles journées d’octobre de la
bataille de l’Yser. Le premier novembre,
le régiment d’Henri fut chargé de la mission de reprendre à Stuyvenskerke une
position occupée la veille par l’ennemi.
Le signal de l’attaque à peine donné qu’Henry se lança à l’avant. Il ne
put faire qu’un pas : un éclat de schrapnell vint l’abattre ! Henry
était connu pour être un étudiant joyeux et aussi artiste. Il était un boutre
en train de la « Gé », la « Société Générale des Etudiants
Catholiques ». Comme les réunions de la « Gé » manquaient de
variété, il créa et anima une compagnie de chansonniers « les troubadours » dont il fut
l’âme ! Jules Teurlings (13 juillet
1897 - 28 septembre 1918) Jules Teurlings Jules était un ancien élève de St-Louis et de Ste-Marie.
Il participa aux quatre années de guerre, combattit à Liège, avers et sur
l’Yser. Sous-lieutenant et puis lieutenant au 9ème de ligne, il
fut trois fois cité à l’ordre du jour de l’armée. Voici une de ces
citations : « Officier
courageux et décidé depuis le début de la campagne. Titulaire de Cette attaque fut particulièrement sanglante et
tragique. Trois fois, Jules mena sa compagnie à l’attaque de cet ouvrage ! Deux
fois il en revint seul avec son ordonnance ! Au troisième assaut, l’ouvrage
fut prit ! Le 28 septembre eut lieu l’offensive finale. Jules
tomba d’une balle à la tête à la tête de ses hommes en partant à l’attaque du
« Stadenberg ». René Van Coillie (5 février
1898 - 22 octobre 1914) René Van Coillie Voir
chapitre 2 8) Un membre du Cercle, remarquable
enseignant : Monsieur Michiels Monsieur Michiels membre du comité du cercle parti
pour un voyage d'études au Congo en Juillet 14, revint en octobre 14 en
Angleterre où il retrouva de nombreux belges qui y avaient trouvé refuge. Sans
tarder Monsieur Michiels se mit à l'œuvre et entra dans le comité d'asile aux
réfugiés belges. Il entreprit alors la fondation d'un collège belge où
les enfants purent recevoir une instruction selon le programme officiel belge.
Il nomma ce collège du nom de S' Mary's College en souvenir de l'institut Sainte-Marie
où il avait été professeur. Après la guerre il assuma la direction de l'Institut
Sainte- Marie. 9) Conclusion par le Dr Van
Coillie « N’oublions
jamais ! Mais surtout n’admettons pas que les générations futures puissent
oublier. Je me figure dans quelques cinquante ans, les familles de nos
descendants, libres et heureuses dans une patrie indépendante. Qu’elles
n’oublient jamais que c’est d’un baptême de sang et de larmes que sont issus
leur bonheur et leur liberté ! (…) Qu’elle se souvienne, la postérité, de
tous nos morts tombés pour elle, et sache qu’il en fut qui, enfouis on ne sait
où, n’eurent même pas quatre planches pour renfermer leurs restes déchiquetés[2]. »
Dr Loodts P. |