Médecins de la Grande Guerre
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Auguste Thomas, volontaire de guerre
en 1916, dirigea un hôpital congolais durant la Seconde Guerre Mondiale Auguste Thomas Auguste Thomas (1899-1963) fut volontaire de guerre 14-18 et grièvement blessé à Kortenmark lors de l’offensive libératrice. Après la guerre, il continua ses études et devint médecin au sein du Service de Santé de l’Armée belge. Il eut ensuite une longue carrière coloniale de 1927 à 1957. Il terminera sa carrière comme Général-Major Médecin. Le Dr Thomas est surtout connu pour avoir commandé un hôpital de campagne pendant la Seconde Guerre Mondiale. En août 1940, le Congo Belge resté libre décida de participer à la campagne britannique contre les troupes italiennes en Somalie. A cette fin, le major-médecin Thomas reçoit le commandement d’un hôpital de campagne le 10th Belgian Congo Casualty Clearing Station. Rapidement on appellera cet hôpital du nom de son commandant : l’hôpital Thomas. Convoi sanitaire belge à l’arrêt à la frontière Abyssinie-Somalie en juin 1941. (Coll. Privée) Le 23 novembre, l’hôpital quitta Léopoldville pour rejoindre la 25th Brigade Britannique à Nairobi. Le personnel est composé de 16 européens (dont six médecins), de 82 Congolais qui sont chauffeurs, brancardiers, infirmiers, assistants médicaux. Quant au charroi, il se compose de 22 véhicules, de deux roulottes confisquées au cinéaste italien Gatti et… d’un avion Fokker réquisitionné à la Sabena. Fokker réquisitionné de la Sabena, en version sanitaire. Cet appareil ‘était en appui en Somalie anglaise en 1941. (Coll. Privée) La première mission consista à appuyer les troupes britanniques à Lodwar au Kenya. De là, en février 41, il fit mouvement pour rejoindre Lokitaung à la frontière de l’Abyssinie. Il appuiera les troupes anglaises et congolaises parties à la conquête des hauts-plateaux de l’Abyssinie. En avril 41, l’hôpital Thomas rejoint Kismayo dans la Somalie italienne qui vient d’être conquise par les Britanniques. Deux mois plus tard, l’hôpital se met en mouvement pour atteindre, après 1.700 km, Hargeisa, un oasis perdu au milieu de la Somalie britannique. L’hôpital organise alors un poste chirurgical avancé pour soutenir les alliés prêts à envahir Djibouti qui se trouve aux mains de l’armée française, fidèle au gouvernement Vichy. Au total, le séjour en Somalie dura 14 mois et plus de cinq mille militaires y furent soignés. Au début août 42, l’hôpital se replia sur Mombassa. Le 28 août 42, l’hôpital au complet s’embarqua à Mombassa (Kenya) sur les navires faisant partie de la « Force 121 » en partance pour Madagascar. Le Service de santé belge en opération au Kenya. Le Lieutenant médecin H. Verhaeren et deux infirmiers africains devant leur camion sanitaire près du lac Rudolph en février 1941. (Coll. Privée) Pour mettre la grande île à l’abri des forces de l’Axe, les alliés y débarquent. L’hôpital Thomas s’installera à Tananarive, dans une école et y resta deux mois. Elle y soigna 500 blessés et 700 malades, surtout des malades atteints par la malaria. Ensuite l’hôpital déménagea à la base aéronavale de Diego-Suarez où les Belges travailleront avec les équipes médicales françaises. Le Colonel médecin A.C. Thomas. Médecin à Léopoldville, il fut commandant de la 10th (Belgian Congo) Casualty Clearing Station, qui opéra dès 1940 dans l’Est africain. Plus tard, il participa avec son personnel africain à une offensive anglaise en Birmanie. Il servit en Asie du Sud-est jusqu’à la fin de la guerre du Pacifique en 1945. (Coll. Privée) Cette mission terminée, les Belges rejoindront le Congo fin août 1943. En Novembre, les Britanniques vont combattre les Japonais en Birmanie. L’hôpital Thomas est à nouveau sollicité. Le personnel est renforcé par un peloton d’une « force de protection », ce qui porte l’effectif à 26 européens et 343 Congolais. Ils quittent le Kenya en février 44 sur un bateau polonais et atteignent Ceylan où ils séjourneront deux mois. Pendant ce temps, ils se familiariseront avec leurs nouveaux compagnons d’armes : la 11ème division Est-africaine qui s’entraîne sur l’île. Anecdote amusante, c’est l’occasion pour l’aumônier catholique de l’hôpital, le Padre Coussée de rencontrer enfin son frère et sa sœur qui sont sur place comme missionnaires et qu’il n’a plus vus depuis dix ans. L’aumônier catholique de l’hôpital, le Padre Coussée. Un fameux gaillard que ce Padre Coussée. Le Dr Thomas avait désigné un aumônier protestant pour son hôpital mais il fut obligé par les instances catholiques du Congo Belge d’accepter un aumônier catholique. Le Père Coussée avait donc été admis avec réticence par le Dr Thomas. Cependant, les deux hommes purent s’apprécier. Le Padre fut nommé « Welfare officier » et ne tarda pas à montrer toutes ses qualités dans cette fonction auprès des soldats et infirmiers Congolais. Organisateur de cantines, de loisirs, gestionnaire de « l’épargne du soldat », médiateur, et confident, le Padre Coussée n’arrêtait pas de travailler ! Bien évidemment, il dut lui aussi se plier à la discipline militaire et comme pour lui signifier qu’il n’était plus un « Père Blanc, missionnaire » mais un militaire, 48 heures après son arrivée, de joyeux drilles lui coupèrent la barbe en lui laissant une simple moustache. Birmanie 1945, pharmacie de l’hôpital Thomas. (Coll. Privée Philippe Jacquij) Mais revenons à notre hôpital Thomas. Enfin, l’heure du départ sonne et l’hôpital s’en va s’installer d’abord à Chittagong au Bengale à 350 km de la plaine d’Imphal où les Britanniques sont encerclés par les Japonais puis ensuite à Palel à la frontière birmane. L’hôpital doit relever un hôpital indien complètement détruit par les Japonais et dont tout le personnel a été massacré. Les Belges et Congolais se mettent au travail sous la pluie battante de la mousson. Les armes sont à portées de mains y compris pour les médecins et infirmières. Les conditions de travail sont ardues dans la boue et au milieu des malades de la 11ème division qui, très nombreux, souffrent de choléra, malaria, typhus et dysenterie. Un peu plus tard, le 18 août, l’hôpital est envahi de blessés car c’est le premier gros accrochage des troupes anglaises sur la rive du Chindwin. Les équipes chirurgicales travaillent alors nuits et jours. A la fin du mois, l’hôpital entre en Birmanie et découvrent le triste spectacle des pistes encombrées de matériels détruits et de cadavres japonais tués dans les combats ou morts de la fièvre fluviatile. Soldats de l’hôpital Thomas en Birmanie en 1945. (Coll. Privée Philippe Jacquij) Les Belges font marche dans la vallée de la mort, la Kabaw-Vallée avec la 11ème division. Ils avancent si rapidement que sans le vouloir, ils se retrouvent à un moment donné en tête de la colonne divisionnaire. Un avion leur lance un message lesté qui leur signale l’obligation de faire halte sous peine de rencontrer les Japonais. Fin septembre, les Belges sont installés à Yazagio près du Q.G. de la Division. Au total, l’hôpital dut faire face à l’afflux de blessés provenant de quatre combats, ceux de Tanu, Sittaung, Yazagyo et Kalewa. Le plus meurtrier fut celui de Yazagyo où l’hôpital, installé le 23 octobre, fut ravitaillé et évacua ses blessés par avions et planeurs. Insigne d'épaule et insigne de la 11ème division d'Afrique orientale Fin 44, la 11th et son hôpital regagne l’Inde pour se refaire des forces. Après un repos bien mérité, l’hôpital Thomas s’apprête à épauler la 12th Army désignée pour la reconquête de la Malaisie. Cette dernière opération militaire fut finalement annulée par la reddition japonaise. Dr Loodts P. Biographie : 1) Esculape aux armées, 500 ans de médecine militaire en Belgique par E. Evrard, J.Mathieu, P.Dubois, L.Viaene. Société scientifique du Service médical militaire, 1997. 2) Périodique trimestriel, « La Fraternelle », bulletin de l’Union royale des Fraternelles coloniales « Urfracol » , Page 18 et suivantes : Les aumôniers des campagnes 40-45 par Michel Quertemont en collaboration avec Armland Vander Auwera. Décembre 2012. |