Médecins de la Grande Guerre

Le Docteur Paul Goemans.

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A. Jacoby, SALUEZ ! Les éditions de Belgique, Max. Mention, directeur

20, Avenue Jean Volders  Bruxelles – 1936.

   C’est afin de rendre un hommage durable au courage et au dévouement d’un brave entre les braves que le nom du docteur Paul Goemans a, par dépêche ministérielle S.T. Gn 2e B n° 19932 en date du 12 septembre 1934, été donné à l’hôpital militaire de Gand. C’est dans un même geste de fidèle reconnaissance qu’en 1932, le 4e de Ligne a fait buriner le même nom au-dessus de la porte d’entrée de l’infirmerie régimentaire de la caserne Colonel Rademakers.

   Paul Goemans, né à Westmeerbeek en Campine, le 14 août 1891, se fit remarquer dès l’école primaire par de grandes qualités d’esprit et de cœur. Déjà alors aussi la vie militaire l’attirait. Ce lui était un réel plaisir de lire journellement, à la rentrée de l’école, dans le « Nieuws van den dag », les épisodes de la guerre des Boers du Transvaal et de les commenter devant la servante illettrée de ses parents. Après avoir terminé les classes préparatoires au collège d’Aerschot, il suivit, en bon élève, les cours d’humanités au petit séminaire de Basse-Wavre puis d’Hoogstraeten.

   A l’Université de Louvain, il subit d’une manière très satisfaisante les examens de sciences ainsi que ceux de docteur en médecine. Cultivant en même temps les arts, il s’y adonna de tout cœur. Une âme d’artiste vivait en lui. Bon littérateur, il avait une excellente plume et monta souvent au Parnasse ; de belles poésies lui ont survécu. Musicien, il était un virtuose au piano. Que d’heureux moments il fit ainsi passer à ses camarades de bataillon lors des rares et courts repos dans les cantonnements. Il connaissait à fond plusieurs œuvres et opéras des grands maîtres ; il les interprétait merveilleusement, tantôt en les jouant, tantôt en les déclamant.

   Rostand surtout lui était familier ; aussi l’auteur de l’Aiglon et de Chantecler transparaît-il dans les écrits qu’il nous a laissés. La grande guerre vint le cueillir en pleine fête, au lendemain de la réussite de ses examens universitaires.

   Le 29 juillet 1914, il fut attaché en qualité d’aspirant du service de santé à l’ambulance de la 2e Division d’armée.

   Courageux, de forte trempe et d’une volonté de fer, il se distingua dès les premiers combats autour d’Anvers. Mais la chance ne devait pas le favoriser. Après la bataille de Haecht, le 25 août 1914, il fut porté disparu. Avec son docteur principal, il avait été fait prisonnier à l’hôpital de Haecht, pendant qu’il soignait des soldats belges qui y avaient été recueillis. Accusé d’avoir tué devant l’hôpital un soldat allemand, il fut traité par l’ennemi non en membre de la Croix-Rouge, ni même en prisonnier, mais en véritable criminel.

   Ici, commence son calvaire. A l’hôpital même, il fut frappé à mort et piétiné par les officiers et la soldatesque.

   Après avoir été enfermé, malmené et traîné pendant plusieurs jours à travers champs, il fut enfin, à la gare de Nosseghem, poussé dans un wagon de bestiaux, où tous les excréments étaient restés, d’un convoi de six cents prisonniers civils.

   Premier arrêt à Aix-la-Chapelle. Là, il est brutalement arraché de son fumier pour assister un mourant belge qui a été hissé sur la plate forme du train. Reconnu par deux étudiants allemands, avec lesquels, au mois de mars précédent, il avait, en qualité de président de la Lovania, cordialement fêté la Schlusskneipe de la Franconia à Aix-la Chapelle, il est aussitôt accablé d’injures et de mauvais traitements, au point que le chef de station du intervenir.

   Après des arrêts à Munster, Brême et Magdebourg, il échoue finalement parmi les derniers prisonniers restés à Altengrabow. Il y demeure jusqu’à la fin de 1915. A cause des maladies et des épidémies qui sévissent dans ce camp, les docteurs belges prisonniers ne parviennent à être échangés qu’en tout dernier lieu. Même alors exception fut encore faite pour le docteur Paul Goemans qui, après le départ de ses collègues, dut continuer à assurer le service médical au camp. Cependant de nombreuses démarches avaient été faites, en Belgique envahie, par son frère abbé, alors professeur, auprès de l’autorité occupante. Chaque démarche, quoique vaine, eut néanmoins l’avantage de provoquer une réponse de la part de l’interné. C’est ainsi qu’une lettre, en date du 9 septembre 1915, mit la famille sur la voie à suivre. Le docteur Goemans sollicitait un congé et invoquait les motifs suivant : visite à sa fiancée malade et apposition de signatures, chez le notaire, pour les droits de succession de son père mort en exil au mois de mars de la même année. Cette demande, d’ailleurs justifiée, obtint le résultat escompté. Après de nombreuses enquêtes et demandes d’explications en territoire occupé, le prisonnier put enfin rentrer pour quelques jours à Westmeerbeek à la fin du mois de décembre. Dès lors, le champ était libre. Monsieur Dom, directeur général au Ministère de la Justice, fit nommer Goemans médecin au dépôt de mendicité de Merxplas, non loin de la frontière hollandaise. Dès le premier jour de son entrée en fonction, Goemans tenta de gagner la Hollande. Mais cette tentative échoua, comme bien d’autres. L’histoire de ces entreprises périlleuses constitue à elle seule tout un roman. La ruse ne l’ayant pas servi, le vaillant médecin décida de recourir à la force. Un soir, revolver au poing, le texte de la convention de Genève dans l’autre main, il se présenta à Hoogstraeten devant les sentinelles allemandes qui, abasourdies, le laissèrent passer. A la faveur de la nuit, il gagna la Hollande et, de là, l’Angleterre. Ajoutons que son frère abbé, aujourd’hui curé de ten Aert près de Gheel, fut rendu responsable par les Allemands du « crime » de son frère et, de ce chef, emprisonné pendant plusieurs mois.

   C’est le 4 septembre 1916 que l’évadé arriva en France. Le 9, il fut attaché à l’hôpital militaire de passage de Calais et, en récompense de ses exploits, commissionné en qualité d’auxiliaire du service médical, avec assimilation au grade d’officier auxiliaire pour la durée de la guerre.

   Le 13 novembre, le jeune médecin rejoignit le 4e régiment de Ligne d’où, le 8 décembre, il passa au 24e régiment de Ligne qui venait d’être reconstitué. Goemans fut affecté, en qualité de médecin de bataillon, au II/24, commandé par le Major Weyler. Désormais, l’occasion lui est donnée de mettre l’énergie de son caractère et l’inépuisable dévouement de son cœur au service de la science du médecin. Jour et nuit, aux cantonnements comme aux tranchées, méprisant le danger et la fatigue, il apporte ses soins et ses conseils à ses frères d’armes malades, se porte au secours des blessés et participe aux missions périlleuses.

   Servi par une intelligence vive, animé d’un bel esprit de camaraderie, doué d’une conscience professionnelle remarquable, il conquiert rapidement l’estime de ses chefs, l’amitié des officiers et la confiance des soldats.

   Dans le secteur de Noorschoote, Goemans ne se révèle pas seulement un médecin de bataillon à hauteur de sa tâche, mais aussi un courageux soldat comme en témoignent ses citations.

   Le 26 mars 1917, la 6e compagnie du 24e de Ligne y exécute le fameux raid sur Stamppkot, au cours duquel s’immortalisèrent les frères Van Raemdonck. Le docteur Goemans s’offre volontairement pour participer à l’attaque. Cet acte de courage lui vaut la citation suivante à l’ordre du jour du régiment du 29 mars : « Une unité du régiment exécutant un raid dans les tranchées ennemies, a fait preuve de courage et de dévouement en restant malgré un vif bombardement à proximité d’une passerelle que les exécutants de l’attaque devaient prendre pour rentrer dans nos lignes. »

   Quelques mois plus tard, le 28 octobre, c’était au tour de la 7e compagnie de renouveler, dans le secteur de Dixmude, une expédition analogue à celle de la 6e. Le but de l’opération est de pénétrer dans la tranchée ennemie d’Andrinople, en vue de faire des prisonniers, de détruire et de ramener des engins de la défense. A cette fin, trois pelotons d’infanterie et un détachement du génie sont constitués. Le médecin Goemans est, cette fois encore, de la partie.

   Il nous suffira, pour donner un aperçu de cette périlleuse mission, de citer les textes des félicitations des chefs hiérarchiques.

   L’ordre de régiment du 29 octobre signé du Colonel Vanniesbecq est ainsi libellé :

   « Le 26 mars dernier, j’avais l’insigne honneur de pouvoir féliciter la 6e compagnie pour son beau succès, lors de l’attaque de la tranchée de Stampkot.

   Hier, 28 octobre, la 7e compagnie à son tour, s’est distinguée de façon toute spéciale, en faisant incursion dans la tranchée et l’ouvrage 33, en nettoyant la tranchée d’Andrinople, d’où elle a ramené des prisonniers.

   Fier à juste titre, de la belle opération exécutée, j’adresse d’abord mes plus chaleureuses félicitations au capitaine-commandant Schaff, pour le calme remarquable, le brio avec lequel il a dirigé l’action sur la tranchée d’Andrinople.

   Je remercie ensuite les officiers de la 7e compagnie et tous les participants pour le bel enthousiasme avec lequel ils ont appris que j’avais désigné leur compagnie pour cette opération ; je les félicite également et bien cordialement, pour l’entrain et la volonté d’arriver à un succès, avec lesquels ils sont partis sus à l’ennemi !

   Devant la grande satisfaction que j’éprouve, je lève toutes les punitions et les privations de congé dont pourraient être frappés des militaires de la 7e compagnie.

   6e et 7e, braves et belles, ont su maintenir la réputation dont jouit le 24. »

   Le 30, le Général Major Mahieu, commandant la brigade, adresse au commandant du 24 la lettre suivante :

   « Il m’est particulièrement agréable de m’associer aux félicitations si chaleureuses du chef de corps.

   Les lauriers de la 7e n’ont pas fait oublier ceux de la 6e, et je témoigne de ce fait toute ma satisfaction au commandant du régiment.

   Frère de notre cher 4, dont il continue les nobles traditions, le 24 voit ses compagnies rivaliser d’ardeur combative et d’émulation. »

   Enfin l’ordre de division n° 302, lancé aux troupes par le Lieutenant Général Bernheim, est conçu comme suit :

   « La poursuite méthodique de nos entreprises contre les positions de l’adversaire a continué dans la nuit du 28 au 29 courant par le nettoyage de la partie Nord de la tranchée d’Andrinople. L’opération fut confiée aux troupes de la 4e brigade qui assurait le service de garde. »

   « Le capitaine-commandant Scharff, commandant la 7e/24, avait sous ses ordres les sous-lieutenants Behaegel, Godin et Wustefeld avec un détachement de la compagnie, le capitaine Christens et le sous-lieutenant Sluys dirigeant les opérations des pionniers du 1 Gn.

   Dès la veille, les artilleurs de tranchée des 1 et 3 D.A. avaient commencé le travail de destruction préalable. Celui-ci fut particulièrement réussi, ainsi qu’en témoignent les photographies prises jusqu’au dernier moment avec la plus grande hardiesse pour nos aviateurs. Ces photographies constituent en outre un témoignage éloquent des difficultés de progression auxquelles allait se heurter le détachement d’attaque dans un terrain complètement bouleversé, difficultés qui furent d’ailleurs surmontées victorieusement.

   L’expédition débuta par le lancement d’une passerelle sur l’Yser, effectué avec audace et sang-froid par les pionniers, heureux début de ce qui allait suivre. D’autre part, les batteries des 1er et 2e groupes du 7 A. avaient ouvert un feu d’accompagnement d’une efficacité remarquable à laquelle, au moment de leur retour, les officiers et soldats d’infanterie tinrent à rendre un hommage aussi enthousiaste que spontané.

   Quant au détachement d’attaque lui-même, surmontant énergiquement les obstacles du terrain, il réduisit les tentatives de résistance de l’ennemi avec tant de décision et de rapidité, qu’il termina l’affaire, sans qu’un seul de ses hommes fût même égratigné. Un sous-officier et un soldat allemands, les seuls restés valides, furent ramenés dans nos lignes.

   J’ai la satisfaction profonde de pouvoir à nouveau adresser mes bien vives félicitations à tous ceux qui ont contribué à mener à bonne fin cette opération, fantassins, artilleurs, troupes du génie et aviateurs, entre lesquels la camaraderie de combat s’affirme de plus en plus intime.

   Après examen des rapports, je signalerai à l’autorité supérieure les actes qui me paraîtront mériter une récompense spéciale. »

   Dans le compte-rendu de l’opération, qu’il adresse à l’autorité supérieure, le capitaine-commandant Scharff écrit au sujet du médecin Goemans :

   « Notre camarade, le docteur Goemans, quoique non commandé, a tenu à participer à l’opération pour intervenir en cas de perte. Cet officier de santé s’est bravement conduit, accompagnant les troupes et rentrant, après la fin de l’opération, un des derniers. Je me permets de proposer ce brave pour une distinction honorifique devant récompenser sa vaillante conduite. »

   Le 11 novembre, le docteur Paul Goemans était cité à l’ordre journalier de l’armée et décoré de la Croix de Guerre pour :

   « Le 28 octobre 1917, s’est offert spontanément pour accompagner un détachement chargé de faire une incursion dans la position ennemie et s’est comporté en brave en pénétrant dans la tranchée adverse. N’a rejoint la position amie qu’après s’être assuré de ce qu’aucun blessé n’était à évacuer. »

   Le 21 décembre 1917, le 24e de Ligne prend la garde dans le secteur de Nieucapelle où il séjourne jusqu’au 26 juin 1918. Le 10 juillet, il est devant Merckem. Dans ces deux secteurs, Goemans continue à se signaler par son dévouement inlassable. Vers la fin du mois d’août, malade et à bout de force, il doit être évacué. Mais son absence est de courte durée. Le 28 septembre, il rentre à son bataillon. C’était pour courir à la mort. Le lendemain, en effet, le 24e de Ligne est en pleine offensive, au milieu de la forêt d’Houthilst. Paul est à son poste, car il sait que la victoire ne s’achètera pas sans que des braves petits soldats ne soient blessés. Partout l’artillerie est en action et les mitrailleuses, de leur tac-à-tac énervant, tricotent de larges filets de balles meurtrières. Pendant trois jours il est en première ligne, courant d’un blessé à l’autre sous le vol pressé des projectiles. L’ardeur de sa charité semble avoir décuplé ses forces.

   Le 1er octobre, en tête des vagues d’assaut, il est arrivé radieux à la lisière de la forêt, où il a installé son poste de secours, lorsque des blessés le réclament. Mais, à peine a-t-il quitté son poste pour aller se pencher sur ces soldats mourants qu’un obus le frappe lui-même et il tombe en plein accomplissement de son noble devoir.

   Le capitaine-commandant B.E.M. Vanden Driessche qui, lors de l’offensive de 1918, était adjoint au major Weyler commandant le II/24 a bien voulu nous donner des précisions au sujet des circonstances dans lesquelles le docteur Goemans trouva la mort des braves :

   « Je me souviens très exactement de l’endroit et de l’heure. Ce fut à la ferme sise à 600 mètres Ouest-Sud-Ouest de la borne 12 de la route de Staden à Zarren. Le soir tombait, il devait donc être 20 heures environ. Le bataillon était en 2e de Ligne dans le régiment, de piquet pour employer le langage de l’époque. C’est en sortant de la maison d’habitation de la ferme que Goemans a été frappé au dessus du cœur par les éclats d’un gros obus qui a explosé à proximité de la ferme où était installé l’E.M. du II/24. Le même obus a blessé le sergent téléphoniste-signaleur du bataillon Pottier. Goemans, dès que frappé, a été relevé par le porte-sac du bataillon Van Belle. Je crois d’ailleurs que Van Belle suivait Goemans à quelques mètres. J’étais moi-même à la porte de la ferme lorsque l’obus a éclaté, mais immédiatement après l’explosion, entendant les cris de mon sergent T.S., je me suis porté dans la direction de celui-ci. Ayant constaté que la blessure de Pottier n’était pas grave, je suis revenu avec celui-ci vers la ferme avec l’idée de le conduire chez le médecin de bataillon le docteur Dupont. C’est alors que j’ai vu Van Belle portant Goemans qui, perdant le sang à flot, a expiré. C’est à l’état de cadavre que le docteur Dupont a revu son adjoint porté par son porte-sac. Goemans qui était très brave, même téméraire, méritait une plus belle mort que celle par l’éclat d’un obus. »

   L’ancien brancardier Van Belle nous a, à son tour, fait le récit de la mort du sous-lieutenant médecin Goemans :

   « J’ai, en effet, très bien connu le sous-lieutenant Paul Goemans, médecin adjoint, au 2e bataillon du 24e régiment de Ligne, au docteur Jean Dupont. Je fus moi-même infirmier-brancardier attaché aux médecins précités et partageai avec eux la vie des tranchées. L’adjoint médecin Goemans est arrivé au bataillon au début d’octobre 1916 et fut, en août 1918, évacué comme malade, malgré ses vives protestations, sur un hôpital de Calais. Lorsqu’il y apprit l’offensive belge du 28 septembre 1918, il sollicita de ses chefs l’autorisation de retourner à son bataillon. Le 28, il rejoignit son poste établi au château De Groote situé aux confins extrêmes de la forêt d’Houthulst. Hélas ! il devait bientôt payer de sa vie son geste magnanime et patriotique, frappé en pleine poitrine par un éclat d’obus. Ce fut le 1er octobre 1918, à la tombée du jour, au moment où il quittait la place où était installé le poste de secours (une ferme à moitié détruite située sur la crête de Clercken) pour se rendre dans une annexe de la même ferme où se trouvaient des blessés, qu’un obus le frappa. Ayant entendu un cri, j’accourus et je trouvai le malheureux Paul tombé sur le dos tout de son long le corps inerte, livide et sans vie perceptible. Je constatai au premier coup d’œil  que le coup avait été mortel. Le soulever dans mes bras, le transporter sous une rafale d’obus au poste à peine distant d’une quinzaine de mètres fut l’affaire d’une minute. Hélas ! avant même que je l’eusse déposé sur un brancard, il rendait le dernier soupir entre mes bras.

   Cette mort brutale d’un compagnon des tranchées est, parmi les multiples évènements douloureux de la guerre, celui qui m’a le plus impressionné.

   Très consciencieux dans l’exercice de ses fonctions, calme, brave et stoïque dans les moments les plus graves, le médecin adjoint Paul Goemans possédait l’entière confiance et l’estime de tous ceux qui l’avaient approché.

   Personnellement, j’ai gardé le meilleur souvenir de cet ami de la grande guerre. »

   Le docteur Paul Goemans a été enlevé à l’amour des siens et à l’affection de son bataillon de la manière idéale pour un médecin : en se portant au secours de blessés, en pleine bataille.

   En tombant de la sorte, à l’aube éblouissante de la victoire, il a de plus réalisé merveilleusement cette parole du Christ : « La plus grande preuve d’amour, c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

   Chrétien dans toute la force du mot, qui nous dit que cette mort il ne l’a pas réclamée, afin qu’elle soit le témoignage indubitable de l’amour qu’il portait à son Pays et à sa Religion.  



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