Médecins de la Grande Guerre
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Le Dr Henrard, pionnier de la stéréoradiologie Remerciements au Dr Vantiggelen, Conservateur du musée de
la radiologie (1) Le docteur Henrard
est né le 15 octobre 1870. En 1898, après de brillantes études médicales
entamées à l'Université Catholique de Louvain, le Docteur Henrard a été diplomé par l'Université Libre de Bruxelles. Il ouvrit un cabinet médical
à Bruxelles en suivant ainsi le
même parcours que son père médecin. Deux ans après, en août 1900, il s'engage à l'armée. D'abord incorporé au 7ème
régiment de Ligne, il est muté ensuite au 9ème régiment de Ligne
avant de devenir finalement l'assistant du professeur Emile Dupont à l'hôpital
militaire de Bruxelles. Comprenant les immenses avancées que les RX
pouvaient apporter à la médecine, il décida de se consacrer entièrement à
la radiologie. Très
rapidement, le docteur Henrard
s'appliqua à trouver la meilleure méthode pour localiser avec la plus
grande précision possible les corps étrangers (balles!) dans le corps humain.
En radiographiant sous différents angles la zone anatomique contenant le corps étranger, il mit au point une série
de règles qui donna naissance à la
technique de la stéréoradiographie.
Il fut aidé en cela par le Père Lucas,
professeur à 19 août 1918 Concert pour blessés à la nouvelle et énorme salle de fêtes. Entendu à Une seconde histoire se préparait. Une actrice, faisant partie d’une
tournée au front, était introduite ; minaudant, elle suppliait le colonel
Henrard de procurer une auto à son groupe pour rejoindre Dunkerke.
Aimable…certes il le fut. La porte se referma sur la bonne femme fardée qui
avait obtenu ce qu’elle désirait. Le petit Dr Henrard me regarda d’un air
tragique, leva les yeux au ciel, les bras au-dessus de sa tête, et lentement
articula : « Et voilà à quoi je sers moi ici !.. » C’est le
jour aux drôleries ! Le docteur P… raconte aussi que le colonel Henrard
hurle sur ses sous-ordres continuellement. Quand ils sont partis, il avise son
collègue en radiographie et lui demande « …crois-tu Perr…qu’ils ont peur
de moi maintenant… ? La personnalité du docteur Henrard
était originale et attachante et ses
traits de caractères furent caricaturés
dans le spectacle de fin d’année que le
personnel monta pour les fêtes de fin d’année de 1916 » Samedi 10 février 1917 Pris des photos sur la plage. Toujours falaises de glace de près de deux
mètres ! Spectacle merveilleux quand le soleil irise cette blancheur.
Seconde représentation de la revue parce que Sa Majesté a exprimé le désir de
la voir. Le prince de Teck est le seul invité…et aussi ma Maman et ma
Tante ! Ceci est très gentil. « Pas moyen de ne pas le faire »,
me dit en riant le docteur Depage ! « Ce sont des droits
d’auteur ». Miss White, parente de l’Amiral, qui a écrit le sketch
anglais, n’a pas de famille ici, et les miens sont les seuls à profiter de l’exception.
Une énorme affiche s’étale à l’entrée de la salle : sept têtes autour (le
nombre de l’apocalypse !) Au-dessus milieu : le docteur Depage avec
une auréole ! 2 et 3, coin gauche : tête du docteur van Geertruyden
se profilant sur sa cheminée de centrale électrique (puisqu’il était aussi
ingénieur chef des services d’électricité etc.). Coin droit l’amusant petit
major Henrard, radiographe médecin militaire, directeur administratif. 4 et
5 : le ménage Hanssens à droite et le docteur Janssen à gauche. 6 et 7: Miss
White à gauche, et moi à droite (en gendarme) Avant la guerre, le docteur Henrard
s’était fortement impliqué dans
le développement de la radiologie militaire. Durant la guerre, c’est à Marie
Curie que la radiologie dut l’accélération de sa diffusion ! La détentrice
du prix Nobel 1911 (pour sa découverte de la radioactivité
naturelle), se battra avec les administrations pour réaliser son projet
ambitieux. Grâce à sa notoriété, mais surtout grâce à sa volonté, elle
obtiendra son permis de conduire en 1916, formera de nombreuses infirmières
manipulatrices et équipera 18 voitures et deux cents postes fixes de radiologie !
Le nombre de missions effectuées en
Belgique par Marie Curie et sa fille n’est pas anodin. En décembre 1914,
répondant à l’appel de Frans Dael (3), jeune médecin gantois elle se rend avec
sa voiture radiologique « E » pour la première fois sur le front
belge à Furnes. Le mois suivant, du 22
janvier au 25 janvier, Marie Curie est à l’hôpital de Poperinghe avec sa voiture radiologique n°1.
En février 1915, Marie Curie y effectue un nouveau séjour pour vérifier que
sa voiture n° 1 laissée dans un abri conçu pour elle fonctionne toujours avec
satisfaction. En mars 1915, elle effectue un
troisième voyage à Poperinghe et se rend aussi à l’hôpital de Cabour avec la
voiture E. Du 18 août au 22 août Marie se rend à l’hôpital l’Océan et à
Hoogstade avec la voiture n°10. Elle fit à cette occasion 37 examens
radiologiques. Du 30 août au 7 septembre, Irène vient par chemin de fer à Hoogstade avec sa mère pour y effectuer des
examens avec la voiture n°10. Marie Curie procède à cette occasion à 26
examens. Irène reste ensuite à Hoogstade jusqu’au mois d’octobre pour compléter
la formation du personnel. C’est durant ce séjour qu’Irène fut appelée à l’hôpital
de Cabour en urgence le 14 septembre parce que la « bobine » de
l’appareil RX s’était détraquée. Mais retrouvons le docteur
Henrard ! En 1918, on lui fit quitter l’hôpital l’Océan pour lui confier pour quelques mois la direction de
l'hôpital militaire belge de Mortain en
Bretagne. Il retourna sur le front Belge en octobre 1918 juste à temps pour
mettre ses compétences au service des blessés qui affluèrent en masse à l'hôpital de Vinckem pendant l'offensive libératrice. Après la guerre, le docteur Henrard ,
nommé lieutenant colonel en 1917 et colonel en 1923, commanda l'hôpital
militaire de Woluwe. Il quitta la carrière militaire en 1929 mais fut encore
promu en 1931 général. Son parcours militaire fut exemplaire mais sa
carrière scientifique le fut tout autant. En 1906, il fut un des fondateurs de En 1940 ses confrères voulurent le fêter en grande pompe mais la cérémonie dut
être réduite à sa plus simple expression car à
la date prévue, le 19 mai 1940, Dr Loodts P. (1) Belgian museum of radiology, Queen astrid Hospital,
Bruynstreet 2, 1120 Brussels
Site web à consulter : http://www.radiology-museum.be (2) Revue militaire belge, 38ème
année, vol 2, tome 1, janvier-février 1914, pp. 83-97 (3) Ce jeune gynécologue s’intéressait
beaucoup aux propriétés anticancéreuses du radium. En 1908, il s’était rendu à Paris pour
consulter à ce sujet Marie curie. Il fut ainsi l’un des premiers médecins à
appliquer le radium pour le cancer du col et créa avec les professeurs
Goormaghtigh et De Caestecker le centre
de traitement au radium de Gand. Nommé professeur à Gand en 1911, il continua à
avoir des contacts fréquents avec Marie Curie. En 1914, il se porte volontaire dans le
service de santé décrit à Marie
Curie la situation désastreuse des
blessés de Furnes. Il eut la grande
surprise de voir Marie Curie en personne venir l’aider ! Bibliographie 1)
R.Van Tiggelen, The military radiologist Etienne Henrard
(1870-1941), october 11, 1993 2)
Anne Morelli, Marie Curie sur le front belge pendant la
première guerre mondiale dans Marie Sklodowska et 3)
Madame Pierre Curie, La radiologie et la guerre, Paris
Librairie Félix Alcan, 1921 4)
J.De Launoy, Infirmières de guerre en service commandé,
Editions Universelles Bruxelles, Desclée de Brouwer Paris, 1936 |