Médecins de la Grande Guerre
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Le Docteur Ernest Detrain Ernest DETRAIN est né en 1879 à Vaudignies
(Commune de Chièvres ; Hainaut Occidental) où ses parents étaient tous
deux instituteurs à l’école communale. Petite anecdote que reflète l’esprit de
l’époque : les parents d’Ernest furent excommuniés pour avoir choisi
d’enseigner dans une école publique. Ce couple d’instituteurs eut deux enfants,
Ernest et Oswald. Tous deux devinrent médecins. Ernest s’établit à Beloeil
d’abord dans une annexe du café « Le Cerf » avant d’emménager dans une
maison appartenant à l’architecte Carpentier. Il se maria avec une jeune fille
de Beloeil nommée Cléonice Martin qui lui donna deux
enfants. Le docteur DETRAIN de BELOEIL avait une fameuse dose
de courage et de patriotisme pour s’engager comme médecin volontaire à l’âge de
35 ans lorsque la guerre 1914 éclata. Il laissait au pays sa jeune épouse de 23
ans et ses deux enfants Léon (trois ans)
et Sophie (1 an). Rapidement il devint médecin responsable du service de
chirurgie de l’hôpital militaire belge de la Porte de Gravelines à Calais.
Durant la guerre, il accumula une expérience sur le terrain qui lui fut
précieuse. De retour à Beloeil où il n’existait aucune structure hospitalière,
il créa une clinique chirurgicale qui prit rapidement une grande extension. Le
docteur DETRAIN mourut en 1950. Il laissa à ses descendants des souvenirs de la
Grande Guerre assez exceptionnels : des cahiers reprenant les statistiques
sur les interventions chirurgicales qui s’étaient déroulées dans son service
ainsi que des notes manuscrites et
certificats médicaux concernant des soldats qu’il avait soignés. Ces documents
sont uniques à ma connaissance car toutes les archives médicales du service de
santé de l’armée belge durant la Grande
Guerre ont disparu semble-t-il irrémédiablement. Les renseignements fournis par
les notes du docteur Detrain nous interpellent :
les soldats décédés dans son hôpital, mentionnés par leurs noms, matricule et
unités et la guerre ne sont plus des soldats
anonymes, noyés dans la multitude des « héros morts pour la
patrie ». Par ces listes, ils réapparaissent sous nos yeux comme de très jeunes gens blessés par la barbarie de leur temps, enlevés de
leurs familles et finalement souffrant sur des lits des hôpitaux militaires
avant de connaître parfois une mort prématurée. Nous publions la liste suivante pour rendre hommage à
ces jeunes gens. Que leurs noms, retrouvés dans les notes du docteur DETRAIN
et, publiés ici, soient comme un véritable monument à leur mémoire ! Hôpital militaire belge Porte de Gravelines à Calais. 1)
Liste des soldats et des prisonniers allemands décédés. Nous avons des éléments médicaux sur la cause du décès des
soldats de cette liste : (uniquement sur demande d'un membre de leur famille).
Grade Unité Abaesen Gérald 37ème
chasseur à pied Beckaert Alphonse Soldat Cie Trav 1ère DA Bertholet Louis 12ème de ligne Claude Joseph Soldat De Ceuster François 6ème
de ligne De Gols Pierre Soldat artillerie de tranchées Dessy Jean Soldat 5ème génie 6ème
cie Gehmecker Henri prisonnier
de guerre allemand Gross Martin prisonnier
de guerre allemand Kleuer Edouard Caporal 13ème
de ligne Liephout Henri 5ème de ligne Loucke Georges Service technique génie Calais Meyer Wilhem S/Lieuten prisonnier
de guerre allemand Noteboom Henri 24ème
de ligne Patrouille Charles 24ème
de ligne Praet Camille C( ?)
3ème DA Prevost Alphonse 10ème
de ligne Provoost Auguste Soldat 10ème rég artil 62 bat 4ème DA Ranz Courard prisonnier
de guerre allemand Renneboog Docteur HMB Porte de Gravelines Reymen Auguste 23ème
de ligne Sauvage Arsène 9ème
génie Schoth Martin prisonnier
de guerre allemand Seguin Georges Serg.
Four 3ème carabinier 6ème
DA 10ème Cie Seitz Jean prisonnier
de guerre allemand Slegers Lambert 172ème d’artillerie Tassin Eugène 24ème
de ligne Van Hout Joseph 2ème
de ligne Verquin Léon Warlant Jean Soldat 9ème art 3ème DA Watteau Alfred 11ème
de ligne X Civil enfant de 11 ans Zawta Arthur prisonnier de guerre allemand 2) Les statistiques 3) Nombre de blessés répartis par mois . 4) Statistiques
du service chirurgie : officiers. (relevé de l'année 1916)
Photo du tableau précédent. Ces documents nous font
aussi revivre la vie de l’hôpital : on y visualise l’afflux des blessés
lors d’offensives allemandes ou des contre-attaques. Nous y rencontrons les
plaies horribles, les infections non maîtrisables et notamment la terrible gangrène
gazeuse. Parfois sous les
bombardements (plusieurs médecins furent tués lors du bombardement de
l’hôpital), les médecins, épaulés par des infirmières dévouées, accomplirent
des prouesses remarquables pour sauver le maximum de vies ! Il soignèrent soldats,
civils, enfants, prisonniers
allemands. C’est avec une immense joie qu’ils saluèrent en novembre 1918 la fin
de la guerre. L’hôpital continua cependant
à fonctionner encore quelques mois après quoi il fut démantelé et
en 1919, le docteur Ernest DETRAIN revient enfin auprès des siens à BELOEIL. Devenu par la
guerre un chirurgien expérimenté il fonda alors sa petite clinique qui ne fit
que grandir dans une immédiate proximité avec la population locale. La
rigueur scientifique de premier plan en harmonie avec l’amour de l’homme
instaurée par Ernest a été maintenue par
ses successeurs. En premier lieu par son fils
Léon DETRAIN, chirurgien, et son épouse Simone COLMANT, anesthésiste et puis
ses trois enfants et leurs conjoints, tous médecins spécialistes[1].
Le Dr Ernest DETRAIN, à
travers son engagement généreux dans la guerre 14-18 et son rôle à l’Hôpital de Documents récoltés et
analysés par le Dr Pierre LELEUX Sur base des
documents du Dr Ernest DETRAIN Annexe : Annexe : Présentation de l’hôpital
militaire Belge Porte de Gravelines (donnée par le Général-médecin Mélis dans son livre « Contributions à
l’histoire du service de santé durant la guerre 14-18 ») Cet
hôpital fut édifié dans des délais indiscutablement courts. En effet, le 1er
septembre 1915 la plaine de Petit-Cougain, à furent
installées : services des vénériens, des maladies cutanées et des voies
urinaires : un cabinet dentaire et de prothèse ; un service de
chirurgie plastique et de prothèses des mutilés des mâchoires et de la face
(service qui fut transféré à Paris rue Taitbout le 10 avril 1917) enfin un
service d’ophtalmologie ayant a sa tête le médecin principal Denhaene,
Directeur de l’Institut Ophtalmologique de l’Armée ayant comme assistants trois
médecins rappelés pratiquant cette discipline dans la vie civile. Au cours d e
1917, 18 nouveaux pavillons furent édifiés et la capacité hospitalière fut
porté à 1.318 lits en régime normal et 1.862 lits en régime serré. Signalons en
passant qu’un des nouveaux pavillons, élevé à l’entrée de l’hôpital, fut
affecté au service des malades entrants, c’est-à-dire à la réception, à la
répartition des blessés et des malades, à leur toilette et à leur mise en tenue
d’hôpital. A l’extrémité de ce pavillon se trouvent les salles d’affusion. A
l’exception des malades et blessés très sérieusement atteints, tous les hommes
arrivent dans les salles dans un état de propreté absolue. Cette façon de
procéder a eu l’avantage de ne pas déranger les malades par des allées et des
venues, de ne pas salir les salles par des habits et par des souliers
généralement malpropres et de réduire au minimum le service des bains dans les
salles. Une buanderie mécanique fut installée, réalisant ainsi une sérieuse
économie de personnel et assurant un lavage plus rapide. A cette buanderie
étaient adossés le pavillon de la désinfection (étuve Geneste et Hercher) et
les salles de bains dont le service de chauffage était alimenté par la vapeur
de la chaudière de la buanderie. Des baraquement spacieux étaient réservés pour
l’emmagasinage du gros matériel hospitalier de réserve provenant du Magasin
Général des hôpitaux du Havre, et destiné à être utilisé dans l’agrandissement
des formations sanitaires du front en cas de marche en avant. Cet hôpital avait
pris un développement considérable. Du 15 novembre 1915, date de son
installation au 31 décembre 1917, 27.843 malades y furent hospitalisés. A ce mouvement, il faut ajouter le mouvement
des consultations externes d’ophtalmologie, de radiologie et de maladies
cutanées, fréquentées par les militaires de la garnison belge. Cet hôpital,
établi d’après le même principe qui a présidé à la création de formations
similaires, telles que Bourbourg,etc. , a le grand mérite de permettre
ultérieurement, soit dans son ensemble, soit dans une de ses parties, tout
agrandissement, toute modification que les circonstances pourraient exiger.
L’hôpital ferma le 21/06/1919. [1] Ernest DETRAIN (1879-1950), chirurgien fondateur, son fils, Léon DETRAIN (1911-1981), chirurgien ; son épouse Simone COLMANT (1910-2006), anesthésiste ; leurs enfants : Michel DETRAIN (1937-1992), chirurgien, son épouse , Andrée BIERNAUX (1931-1985), radiologue, Claudine DETRAIN (1939), pédiatre, son époux, Pierre LELEUX (1939) gynécologue, Monique DETRAIN (1944), biologie clinique, son époux, Alain GOSSUIN (1943), Interniste, Claire DETRAIN (1963), biologiste ULB, Anne LELEUX(1965) oncologue Tivoli., Chantal GOSSUIN(pharmacienne). |