Les alliés avaient projeté un débarquement sur la côte belge en 1917.
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Le ponton "poussé" par deux moniteurs.
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Un sous-marin allemand en pleine mer. L’entrée de la tourelle du sous-marin. (courrier de guerre)
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Un sous-marin allemand quitte son port d’attache. (courrier de guerre)
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La plongée d’un sous-marin. (courrier de guerre)
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Le moment de la disparition complète d’un sous-marin sous l’eau. (courrier de guerre)
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Les succès de la guerre sous-marine allemande. Résultat d’un coup plein de torpille. (courrier de guerre)
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Un coup plein par obus. (courrier de guerre)
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Les alliés avaient projeté un
débarquement sur la côte belge en 1917
Introduction
En juin 2009
c’est en présence, entre autres, des présidents Obama et Sarkosy qu’ont été
évoquées et fêtées sur les plages de Normandie le 65ième anniversaire du débarquement
des forces alliées. Cette gigantesque opération avait exigé des années de
préparation et une grande imagination de la part des ingénieurs militaires ! On connaît en détails l’histoire de la
préparation de ce débarquement mais peu
de personnes savent qu’une opération semblable avait été
envisagée lors de la première guerre mondiale. Ce débarquement manqué, qui
aurait dû se passer en 1917, vaut la peine d’être raconté !
Les grandes offensives coûteuses du
printemps 1917)
Nivelle, successeur de Joffre, en accord avec ses
alliés britanniques avait préparé ces
offensives. Il avait décidé de faire sauter
deux points stratégiques du front allemand : la côte de Vimy en
Artois et le plateau de Craonne.
Ces grandes offensives se révèlent des échecs et cela,
malgré la victoire des Canadiens du
britannique Byng (4 divisions canadiennes parmi les sept engagées) en avril sur
la crête de Vimy (11.000 canadiens tués) que le 33ième corps de Pétain n’avait
pu emporter en mai 1915. La victoire de Vimy avait nécessité une préparation
d’artillerie (plus de 40.000 tonnes d’obus sur les défenses allemandes)
exceptionnelle, d’une intensité jusqu’alors jamais connue sur un champ de bataille !
Illustration de cette gigantesque préparation d’artillerie : plus de 50.000 chevaux furent utilisés pour les
approvisionnements de cette offensive !
Que de
batailles coûteuses et inutiles ! Il
y eut l’anéantissement de la cavalerie de la 3ième armée
britannique d’Allenby par le tir des mitrailleuses allemandes, la victoire britannique
se sur la rivière Scarp (les faubourgs d’Arras sont pris, les
tranchées allemandes entre Athies et Feuchy, Tilloy et Neuville sont
pris) pour des gains très limités. La défaite,
par la faute de Gough, de la 5ième Armée
qui endeuilla les Australiens engagés dans 4 divisions sur la nouvelle ligne Hindenburg.
Durant les combats des 11 avril et 3 mai
1917 à Bullecourt, les Australiens perdirent successivement 3400 puis 2250 des leurs. Dieu sait s’ils n’avaient
pourtant pas déjà souffert l’année précédente
à Fromelles
en 1916 où la 5ème division
perdit 5533 soldats tués au
combat !
Les Français ne réussirent pas mieux. Nivelle, avec l’aide de Mangin et Micheler, mena au
chemin des Dames des offensives
coûteuses en hommes. Celles-ci débutèrent le 16 avril 1917 et s’étalèrent sur plusieurs semaines sans aucun résultat appréciable sur
l’ennemi et cela, malgré une longue préparation d’artillerie et l’intervention de tanks.
Ces échecs
entraînèrent un grand
découragement dans la troupe inutilement sacrifiée (270.000 Français tués). Des
mutineries s’en suivirent dans les rangs
français mais aussi, fait beaucoup moins
connu, dans les rangs allemands !
Le plan de Nivelle ayant échoué, HAIG, croit son tour venu d’imposer son plan pour
battre les Allemands sur le front de l’ouest en 1917.
Il avait échoué auparavant sur la Somme le premier juillet 1916 : 60.000 tués ou
blessés en un seul jour ! Surnommé le boucher de la Somme, il choisit
maintenant la Flandre, plus précisément Passendale (nous employons l’orthographe actuelle et non Passchendaele comme on l’écrivait alors), comme
objectif ! Les troupes britanniques déferleront du saillant d’Ypres ! Ce petit
coin de Belgique restera un champ
bataille meurtrier, on s’y bat quasi sans discontinuité depuis le 3
octobre 1914 ! La bataille pour conquérir Passendale
aux Allemands sera appelée par les
historiens la troisième bataille d’Ypres. Elle débuta le 7 juin 1917 à Messines
avec par l’explosion de plus d’une douzaine de mines, un bombardement intensif et l’envoi de gaz de combat dans les lignes allemandes sur un
front de neuf miles ! Plumer méticuleux et précautionneux fut l’artisan de cette victoire. Le stratège qui
lui succéda fut le général Gough qui, hélas, ne connaît que depuis peu cette partie du front. De
juillet à novembre, il mènera des
batailles sans fin qui se terminèrent
enfin le 10 novembre 1917 par la prise de Passendale
par les Canadiens et la 63ième division britannique.
Mais le grand ordonnateur de ces combats reste Haig
qui voulait Passendale à n’importe
quel prix ! (Ce prix fut exorbitant : 240.000 vies
sacrifiées : Britanniques, Canadiens, Australiens, N-Zélandais confondus)
pour deux raisons qu’ils jugeaient
indiscutables :
- Le saillant d’Ypres offrait l’avantage considérable de ne pas être éloigné de l’Angleterre. La
relève des troupes, le ravitaillement, l’évacuation des blessés devrait
être aisé et constituer ainsi un avantage décisif sur
l’ennemi qui lui se trouvait loin de ses bases arrières.
- La conquête de
Passendale
est, selon lui, une condition
primordiale pour pouvoir prendre en tenaille les bases
des sous-marins ennemis opérant à partir de la côte belge et pour mettre de cette façon un terme
au torpillage des navires marchands vitaux pour l’approvisionnement
en armements et en vivres des armées alliées.
Malgré les réticences du War
Council et les hésitations de Lloyd
Georges, premier ministre, Haig imposa sa manière de voir. Celle-ci est bien
explicitée dans le livret distribué lors de l’exposition tenue en 1987 à
Passendale, à l’occasion du 60ième anniversaire de la bataille.
De Haig :
« Le but de la campagne était la prise et la
neutralisation des bases de sous-marins allemands de Bruges et d’Ostende. Une
attaque préliminaire devait permettre d’aligner le front au sud d’Ypres (Messines-Wijtschate) La grande offensive de la 5ième
armée britannique (Gough) et de la première armée
française (Anthoine) comprenait trois phases :
-atteindre la crête de Passchendaele
et du bois d’Houthulst, pousser jusqu’à la ligne Roulers- Thourout, et finalement continuer dans la direction d’Ostende,
de Bruges et de la frontière hollandaise. Cette dernière phase serait
accompagnée d’un débarquement allié dans la région d’Ostende et d’une avance de
troupes belges et britanniques entre Nieuport et Dixmude. La 2ième
Armée (Plumer) avait pour mission de consolider les flancs au sud en s’emparant
de Menin et Courtrai. Cette campagne devait se terminer en trois semaines. !
(le commentateur oublie Zeebrugge !)
La bataille de Passendale devait
donc selon Haig être complétée par un
débarquement allié sur les plages belges
occupées par l’ennemi.
Les préparatifs du débarquement projeté et
les effectifs engagés pour sa réussite
-Un lieu envisagé : la région d’Ostende.Selon certains, plus précisément
Middelkerke où la défense serait moins forte…
-Les effectifs : La première division
britannique est désignée à cette fin, soit 3 brigades : la première,
deuxième et troisième:18.000 hommes environ au total.
On retrouvera cette première division plus tard entre le 5
et le 10 novembre1917 dans la seconde armée de Plumer à Passendale 2.
-la
préparation : La 1ère division
séjournera pour un dur entraînement intensif dans un camp isolé et gardé à 15 km de Dunkerque : son
nom est Clipon.
Ce camp sera appelé par les troupes britanniques : HUSH-CAMP.(nom
qu’aurait sans doute pris l’opération
elle-même. De nos jours l’endroit (jetée) est devenu le port autonome
de Dunkerque mais aussi un projet de terminal méthanier. Les ornithologues y
verraient aussi bien une réserve d’oiseaux.
Le camp débuta en juillet 1917 mais il se terminera vers la mi-octobre date de l’annulation de
l’opération. Pourquoi cette annulation ?
Le livret « Passchendaele 1917 »
nous l’apprend :
« Le
10 juillet, le débarquement allié sur la côte belge(
un des éléments du plan initial de Haig),est sérieusement mis en danger quand
une attaque surprise allemande repousse
les Anglais du 4ième East Lancashire Regiment établis à Lombarzijde
jusqu’à l’Yser à Nieuport »
En réalité, les risques d’échecs sont évalués trop importants pour plusieurs
raisons. L’une de ses raisons pourrait se baser
sur le fait que les gains territoriaux qui résultent de l’offensive de la troisième bataille
d’Ypres ne permettent pas un rapprochement suffisant de la côte pour établir la jonction prévue avec la
première division chargée de débarquer
sur les plages belges ? Une autre raison, invoquée par d’autres, est qu’il
fallait au préalable s’assurer de la conquête de la localité de Staden au
nord-ouest de Roulers (alternative assez différente car cette dernière ville nous éloigne encore
de la côte !)
Quelques rares mais précieux témoignages recueillis en 1924 auprès
d’acteurs de cette préparation nous permettent aujourd’hui de reconstituer en
détail, la vie de ces hommes à l’entraînement. Ces écrits parurent dans une revue éditée par un des bataillons (le
8ième Bat. du Royal Berkshire Rgt) qui faisait partie de la première division.
La vie au camp d’entraînement
Les logements consistaient en tentes, chacune de 14 hommes, groupées
par Compagnie.
D’un officier supérieur du H-Q de la première division : « Nous
étions complètement coupés du monde
extérieur. Les rations de vivres nous parvenaient notamment par le train. Des
échos les plus divers se colportaient ; certains opinaient bien pour
un débarquement à venir ; d’autres par contre, pour de nouvelles armes que nous allions
étrenner.
Nous
ne disposions que d’un peu plus d’un litre d’eau potable par jour (pint) pour boire et nous laver mais évidemment la mer était
à deux pas !
Des
sentinelles étaient postées à l’entrée du camp. Tout ce qui entrait et sortait
était contrôlé, les lettres censurées par un bureau spécial et les congés
suspendus. Un « pass spécial » était exigé .. le Colonel lui-même de
notre régiment ne faisait pas exception. Officiellement, notre séjour cloîtré
était dû à une épidémie infectieuse qui obligeait l’isolement ou quarantaine.
Dans une note datée du 24 juillet un ancien combattant écrivait :
l’entraînement est très dur il consiste d’abord à grimper à une échelle de
cordes de 4,50 m(
15 feet)
ensuite saisir une barre de 3 m
(10 feet)
puis descendre à une autre échelle : deuxièmement marcher sur une planche
étroite ; troisièmement escalader un mur construit en bois de 2,40 m (8 feet) ;
quatrièmement courir sur une rampe en
bois de (40 feet) 12 m de long suspendu à une
hauteur de 30 degrés cinquièmement passer au dessus d’ un mur de 2,10 m (7 feet) ;
sixièmement et enfin au dessus d’un mur haut de plus de 3 m(11 feet).
Le parcours est effectué avec les
hommes s’aidant les uns les autres en se hissant par la main saisie, exception
faite du dernier resté sans équivalant pour le soulever.
Une
autre épreuve était une réplique exacte
à l’échelle, grandeur nature, de la mer à franchir par l’infanterie mais aussi
à y hisser armement et tanks. Un correspondant fut amené dans un endroit
dissimulé à l’écart des hommes du camp. Cela nous fut révélé comme s’il s’agissait
d’un mur en matériaux durs. Sa surface
était lisse avec une déclivité suffisante que pour rendre pénible de
l’entreprendre en uniforme même sans paquetage
ou bagages et la difficulté
allait croissante devant un autre obstacle qui s’élevait à un mètre vingt. Beaucoup parmi nous se détournaient de cette épreuve à nos dépens ayant appris à franchir sans
vêtement contraignant puis en battle-dress pour enfin avec notre armement
individuel et autre fourbi de combat.
D’un autre
témoignage encore provenant d’un
haut gradé qui avait assisté
partiellement à la préparation de l’infanterie, il
existait aussi des moments de
détente agréables ! Les après midis et les soirées étaient consacrés à
diverses activités : habituellement, les hommes se baignaient groupés, mais
ils étaient aussi autorisés à se
baigner individuellement. Il y avait des
matches de football, de rugby, des épreuves de cross-country dans les dunes et
même du cricket. Des concerts étaient donnés, des distractions organisées, des
avantages sociaux accordés sous forme de cantines (YMCA). En résumé «
nous oubliions que la guerre était là ».
Les
difficultés de l’entreprise envisagée et le matériel conçu pour
l’opération :
Les difficultés étaient énormes et le débarquement extrêmement risqué. La côte
envisagée comme plage de débarquement entre Westende et
Ostende était droite et n’offrait aucune protection étant à
découvert.
A l’approche des côtes, la mer était nécessairement et
naturellement peu profonde pour des
navires de gros tonnages. Il y avait des bancs de sable importants et de fortes
vagues à maîtriser et cela sans tenir compte des défenses côtières de
l’ennemi : forces navales et par air inclues ! (Ici la défense
côtière n’est pas reprise dans le commentaire alors qu’elle était
vraisemblablement d’importance)
De
drôles de machines ?
Pour affronter ces difficultés il était prévu que les combattants puissent disposer de bâtiments appelés « moniteurs » (monitor en anglais) qui
pouvaient supporter de l’armement lourd mais, on le comprend, qui n’étaient
guère manœuvrables.
Il était prévu
que deux « moniteurs » remorquent
ou plutôt poussent un ponton gigantesque
de 6OO pieds sur 30 de large (180
m sur 9m env.) avec un tirage très limité et peu adéquat
pour s’adapter à aborder la plage ! Chaque ponton était capable de transporter une brigade d’infanterie
avec armes et équipement et possédaient, pour débarquer,
une issue de 3 m
de large. Sous le couvert de l’obscurité, il était prévu que six moniteurs remorquent les trois pontons jusqu’aux plages désignées comme objectif. Les soldats étaient
entraînés pour franchir les obstacles éventuels qu’ils trouveraient sur les
plages comme un mur de béton haut de 9 mètres (30 feet
high) ou comme un niveau incliné à franchir !
Dans une tente, soigneusement gardée par des
sentinelles, un modèle envisagé de plage avait été reproduit sur base de
l’observation de puissants
télescopes ; d’anciennes cartes postales ou encore de prises de vue
aériennes. Tenant compte de tous ces éléments rassemblés, différents exercices avaient été conçus pour transformer les fantassins en véritables commandos
de marine et cela dans un lieu
d’entraînement qui devait ressembler le plus possible à celui que ces hommes allaient bientôt devoir affronter en réalité.
Qu’en
est-il de cette fameuse menace des
sous-marins allemands basés sur la côte belge et qu’il fallait selon la
doctrine Haig absolument éliminer ?
Parmi les
renseignements que nous avons pu glaner, grâce, entre autres, à un ami
très cher : JP.Duperroy,
ancien de la force navale belge qui m’a beaucoup aidé et orienté dans mes recherches de documentations
concernant cette « fameuse menace », nous pouvons tenter de répondre
à cette question.
Les sous-marins allemands, basés à Zeebrugge et à
Ostende sur la côte belge, en empruntant le « Channel »,
raccourcissaient de 300
miles le voyage vers l’Atlantique par rapport à un parcours classique lorsque quittant bases en Allemagne, ils devaient longer
les côtes d’Ecosse !
Les
bases en Belgique : avaient pu être installées très facilement car les
ports belges avaient été tombés intacts aux mains des Allemands. C’est ce qui
permit au premier sous-marin allemand
d’accoster à Zeebrugge sans problème dés novembre 1914.
En 1908 les Belges avaient construit à Zeebrugge un
port artificiel connectant Bruges à la
Mer du Nord par un canal de huit miles (un autre canal plus
modeste à Ostende)
L’entrée du canal était protégée des
tempêtes de la Mer
du Nord par une digue s’enfonçant de
plus de deux kilomètres dans la
mer.
La base était abritée par une couverture (toiture) de béton
qui la protégeait contre les bombardements des canons à longue portée de la
marine britannique dont les tirs ne purent l’endommager. Cette dernière base
aux docks flottants avec grues abritait les munitions, la maintenance, les
dépôts d’approvisionnement, les réparations en cours.
Nombre,
types et rôles des unités de la marine allemande opérant à partir des bases de
la côte belge :
En 1915, les bases de la marine allemande en Belgique comptaient
plus d’une quinzaine de bâtiments dont de nouveaux types comme des mouilleurs
de mines pouvant larguer jusqu’à douze mines. D’autres étaient armés de
lance-torpilles. Une fois arraisonné, le bateau allié n’avait qu’à se soumettre
et être pillé s’il voulait éviter d’être coulé. De nouvelles petites unités de
sous-marins se glissaient entre les barrages à différentes profondeurs et
parvenaient à les éviter.
En 1916 Zeebrugge et Ostende .comptaient deux
flottilles de bateaux dont certains plus performants pour des missions plus
longues. Fin 1916, les bases comptaient jusqu’à 38 sous-marins, dont une trentaine
constamment en opérations et 25
torpilleurs et destroyers.
A partir de février 1917 plus de 400 bateaux alliés furent
envoyés par le fond, spécialement la
nuit. Ces navires coulés qui
transportaient des tonnes de
vivres destinées à la population mettaient en question la survie même du pays en guerre. L’amirauté
allemande avait alors la conviction que la guerre allait se terminer grâce
à cette stratégie ! A la mi 1917
cependant les choses commencèrent à changer et en 1918, devant faire face
à plusieurs pertes de sous-marins et d’équipages expérimentés, instruction fut
donnée pour les unités de classe d’emprunter seulement des routes plus longues
en longeant les côtes d’Ecosse pour gagner l’Atlantique.
Les alliés trouvèrent au fil du temps des parades de plus en plus efficaces contre
les sous-marins !
Afin d’ empêcher les
sous-marins d’approcher les côtes anglaises, et de franchir le
« Channel », un barrage composé de filets d’acier, ainsi que des
mines avaient été déposés en mer à différentes profondeurs pour servir de
rempart. Des patrouilles côtières
nouvellement créées complétaient le dispositif sous le nom de « Dover Patrol ».
Il s’agissait à l’origine de chalutiers de pêche
bientôt convertis en bateaux intégrés à la Royal Navy
dont la mission très dangereuse
consistait à « repêcher » les
mines posées par les sous-marins
ennemis dans le Channel et le long des côtes anglaises. Plus de deux mille de ces
hommes (beaucoup d’anciens pêcheurs) perdirent la vie en effectuant cette
pénible tâche. Ces patrouilles prirent progressivement de l’ampleur avec des unités très importantes et un rayon d’action très large.
Elles accompagnaient et protégeaient les
convois de ravitaillement, les navires transporteurs de relèves de troupes, les
évacuations des blessés Elles participèrent progressivement avec d’autres
navires de guerre équipés de canons de marine à longue portée de la Royal Navy
aux bombardements des côtes (bases allemandes de la côte belge.)
Déjà le 7
septembre 1915 des croiseurs légers (monitors en anglais), malgré la défense
côtière allemande très active, atteignaient de leurs tirs les docks puis le 22
septembre 1917 endommageaient encore
quelque peu des installations d’entrée du port de Zeebrugge.
Plus sérieusement deux raids couplant les bases d’Ostende et de Zeebrugge furent
exécutés.
L’un le 23 avril 1918 se révéla peu concluant, le second eut lieu quelques
semaines plus tard le 9 mai. Leurs buts consistaient à rendre impossible tout mouvement des bâtiments ennemis :
25 destroyers et 18 sous-marins auraient
été ainsi dénombrés « prisonniers ». Pour y parvenir les alliés
amenaient avec eux plusieurs vieilles
unités qui, en se sabordant,
bloquaient l’entrée de la rade de
Zeebrugge. Notre ami Jean-Pierre Duperroy m’écrit à
ce propos :
« Lorsque
j’étais jeune navigateur, l’épave du Thélis (un des
bateaux coulés) était encore renseignée sur le cartes marines (il a fallu les
travaux de dragage préalable à l’extension du port de Zeebrugge pour faire
disparaître toute trace) »
Considéré
alors comme une réussite, empêchant l’accès aux grosses unités de la « Kaiserliches Marinekorps »
de se déplacer, et donnant suite à
l’attribution des plus hautes décorations pour les rescapés, ce second raid fut par la suite
l’objet de commentaires moins élogieux qui parlèrent d’opération frôlant l’échec ! On attribua
alors le manque de succès de l’opération au mauvais temps, à la forte et
inattendue résistance rencontrée ou encore au manque
de balises dont beaucoup avaient été retirées peu de temps avant par les Allemands.
Les convois de navires marchands
dorénavant escortés par des navires de guerre et survolés par des avions
de l’aéronavale virent leurs pertes diminuer fortement.
Fin
septembre1918 avec
l’offensive finale des Alliés, ordre fut donné au commandant de la base de
retourner en Allemagne. Le dernier sous-marin allemand quittait Zeebrugge le 5
octobre 1918 après avoir détruit toutes
les installations et leur matériel
Conclusion : le
débarquement projeté n’eut pas lieu… le carnage du saillant d’Ypres se
serait-il terminé ou prolongé si les
plans du Field marshal Earl Douglas Haig
avaient été suivis jusqu’au bout ? Quoiqu’il en soit le blocage naval par
les alliés, maîtres des Mers,
rendra impossible toute ressource
de survie à l’Allemagne impériale de 1918.
Un quart de siècle plus tard….ce fût le débarquement
réussi de Normandie mais aussi les
convois escortés par la toujours « Dover Patrol » :
une bien mince similitude il est vrai…..
Août 2009
Maurice Huberland
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