Monsieur Dauphin : la Grande Guerre lui valut d’être décoré de la Légion d’Honneur en 2011

Monsieur Jean Dauphin chevalier de la Légion d'honneur

       J’ai énormément de respect pour monsieur Dauphin (né le 12 octobre 1924). J’ai rencontré cet ancien instituteur  il y a une dizaine d’années dans son  musée de Latour[1] près de Virton. Ce passionné de l’histoire de la Grande Guerre et particulièrement de la Bataille des frontières a passé quasi toute sa vie à entretenir la mémoire des milliers de soldats français qui tombèrent sur notre sol gaumais et ardennais. Que de temps et d’énergie  consacrés à accueillir les très nombreuses familles françaises qui recherchaient la tombe de leur ancêtre ou simplement un récit ou un témoignage permettant de mieux comprendre les derniers moments de leur « Pantalon Rouge ». Et tout cela avec une modestie incroyable tellement peu courante de nos jours ! Quand je pense à Monsieur Dauphin, je perçois un vénérable personnage uniquement  façonné par le désir de servir son prochain, par la persévérance et par l’humilité. Il est vraiment le digne représentant de ces centaines de milliers de soldats qui  donnèrent leur vie sans  rien escompter en retour. Des exemples de ces soldats du temps passé, on peut en citer des innombrables, en voici deux  qui m’impressionnèrent particulièrement

Monsieur Dauphin (photo journal Vers l’avenir)

       Dans la bataille pour la butte de Vauquois  périt Henri Collignon (1856-1915) préfet et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, engagé volontaire à 58 ans au 46^ème R.I. comme simple soldat !! Inimaginable n’est-ce pas ? Un homme politique s’engageant comme simple soldat à un âge avancé ! Quelle leçon pour nous, qui sommes devenus si individualistes, que ces hommes extraordinaires !  Je vous livre mon deuxième exemple : les médecins de l’an 14 furent impressionnés par l’humilité et l’acceptation du sacrifice manifestés  par les poilus. Voici un des témoignages poignants du docteur  Georges Duhamel :

Monument du village de Vauquois dédié à Henri Collignon (photo : wikipedia)

       Il a mis deux jours à mourir. On lui disait : « Veux-tu quelque chose ? ». Et il répondait de ses lèvres blanches : « Je vous remercie ». On s’inquiétait : « Comment vas-tu ». Et il était toujours satisfait : « Ça va fort bien ». Il mourrait avec une discrétion, une espèce de modestie, un oubli de soi-même qui rachetait tout l’égoïsme du monde. (« La vie des Martyrs »)

       Cette  modestie des poilus nous la retrouvons donc à l’état pur chez Monsieur Dauphin ! Quelle surprise dût être  pour ce cœur  taillé en forme de diamant d’apprendre en 2011, âgé alors de 87 ans, qu’on lui avait accordé la Légion d’honneur !! Cette décoration,  il la mérite si  bien et je ne doute pas un instant qu’il ait pensé,  en recevant sa médaille, qu’à  travers lui,  ce sont  tous les poilus  lui ressemblant,  qui, une nouvelle fois,  sont  honorés.

Dr Loodts