Médecins de la Grande Guerre
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Comment Jeanne Bourguignon fit de ses gamins des héros[1] Jeanne Bourguignon, 8-11-1880 au 16-04-1952. (collection Jeanine Van Damme) Jeanne
Bourguignon lia son sort à celui du grand peintre Frans Van Damme Robert Van Damme a navigué toute sa vie. Il décéda en
1991 et laissa à ses enfants le récit de sa vie… Un récit passionnant qui
relate sa vie de marin mais aussi les évènements qui marquèrent sa jeunesse et parmi lesquels on
retrouve Jeanne
Bourguignon se met au service du réseau de renseignements de l’abbé Moons Avant la guerre dans la maison de la place Masui, vivait
aussi Virginie Bogemans qui était la grand-mère de Jeanne Bourguignon, Madame
Stasse, veuve d'un diplomate qui veillait à l'éducation des enfants, deux
servantes, une cuisinière et un domestique du nom de Vincent Vermeir et qui
était un ancien cuirassier français qui avait chargé l'ennemi à Forbach et à
Reichoffen. Quand la guerre éclata il fallut faire face aux difficultés
financières. Madame Stasse retourna dans sa chère Angleterre où elle termina sa
vie comme gouvernante du Général Lord Talbot tandis que Vincent Vermeir fut
renvoyé dans son foyer où sans plus de revenus il mourut misérable peu de temps
après! De retour à Bruxelles à la fin de
l'année 1915, la famille Van Damme
quitta la maison de la place Masui pour une demeure plus modeste à la rue Vilain
XIV, Né à Diest en 1869, il avait été ordonné prêtre en 1896. Dès le début
de la guerre, il se consacra à l'espionnage. En 1915, traqué par les Allemands,
il fut obligé de quitter sa paroisse et se cacha sous de faux passeports et
sous les déguisements les plus divers: marchand
de bestiaux, colporteur, fermier, vieillard, domestique! Au milieu d'une nuée de détectives allemands,
il organisa sur une grande échelle un service de renseignements au service des
anglais qu’il inspectait sous le pseudonyme de « Marc ».
Toute son organisation fut malheureusement trahie par un agent double d'Anvers
(l'agent de police Wauters) qui offrait son service aux deux parties! Le 2 août
1917, la plupart des membres du réseau furent arrêtés et parmi eux tous les
membres de la famille Van Damme à l’exception du petit Robert ! Le sort funeste
de l’abbé Moons L’abbé Moons fut
enfermé à la prison d'Anvers d'où il ne
sortit que pour être fusillé. Pour lui
arracher des aveux, on le priva plus d'une fois de nourriture, on lui donna
comme compagnon de cellule des espions, on mêle à ses aliments des ingrédients
pour provoquer le délire. Après cinq mois de ce régime, voyant qu'il ne proférait
ni plaintes ni aveux, on le laissa tranquille! Vers la fin de février 18, une soixantaine d'inculpés
comparurent devant le tribunal militaire. 24 furent condamnés à mort, un grand
nombre aux travaux forcés. Moons fut condamné à la peine capitale 4 fois. A la
demande du président, s'il n'avait rien à faire remarquer, le vaillant curé
répondit: "Si vous voulez me faire fusiller une cinquième fois, je suis à
votre disposition". Après trois semaines d'attente, la sentence fut
confirmée pour six d'entre eux. C'étaient l'abbé Moons, le chevalier van
Bergen, conseiller de délégation, le fonctionnaire des chemins de fer Wattiez
de Braine-le-Comte, l'encaisseur Leroy, l'orfèvre Naelerts et l'aubergiste
Jespers, tous trois d'Anvers. Le 16 mars, au matin, au fort
d'Edeghem-lez-Anvers, après la dernière messe de l'abbé Moons, ils marchèrent
fièrement à la mort comme les martyrs et les héros de l'antiquité. Ils
refusèrent de se laisser bander les yeux. Regardant le peloton bien en face, le
prêtre commanda le feu en criant: "Pour Dieu et "Wat'n
genade de goede Gog mij schenkt, het stervensuur vooruit te kenen. Het is niet
sterven dat ik doe, het is slechts overgaan van 't Aardse in 't Hemelse
leven". ("De Diestenaar, n°8 van mei 1918) Jeanne
Bourguignon emprisonnée avec son mari et son fils aîné fut obligée d’abandonner
à son sort un gamin de 11 ans à Bruxelles Toute la famille Van Damme fut donc aussi arrêtée le 2
août. Seul le petit Robert fut laissé libre mais en résidence surveillée dans la
maison parentale : sans la protection
d’un adulte, interdit d'école, il dut se débrouiller dans la plus complète des
solitudes pour survivre ! En janvier 1918 après six mois de ce régime
incroyable, il obtint en janvier 1918 la permission de visiter sa famille à la
prison d'Anvers! "Un
matin glacial de janvier 1918, avec la permission des Allemands et mon maigre
sac à provisions, je me mis en route, comme un petit soldat, avec un pas
régulier, et en une heure, j'étais presque hors de la ville. Dans ma besace, il
y avait trois parts de pain, une pour maman, une pour mon papa, et une pour René.
Malheureusement, la route était si longue et j'avais faim si bien qu'avant
Anvers le pain fut partiellement entamé. A la tombée de la nuit, je traversais
le pont de Malines, la ville, et je passais le reste de la nuit dans une cabane
de jardinier, près d'un petit bois qui existe toujours. Je grelottais, et de ce
fait, je me mis en route bien avant le jour. Après une demi-heure de marche,
une ménagère me demanda ma destination,
je lui racontai mon histoire, elle m'a pris par la main et m'a conduit chez
elle où elle me donna deux belles tranches de pain et du café au lait. Il
faisait chaud chez ces braves gens, et comme son mari se rendait à son travail,
une fabrique située sur la route d'Anvers, il me prit sur le cadre de son vélo,
ce qui me fit gagner La
sentinelle était un vieux soldat à la barbe grise. Je lui fis comprendre que je
venais de Bruxelles à pied pour voir mes parents. Il me regarda, demanda mon
âge, il y avait dans ses yeux une larme. Il dit en Allemand "Pauvre
enfant" et me conduit devant la poterne, où après avoir parlé au
sous-officier de garde, on me fit entrer dans le corps du bâtiment, et là une
gardienne allemande me conduisit dans une sorte de parloir, où une religieuse
belge me fit savoir que ma mère était condamnée à mort, que mon frère en était
quitte pour dix ans de travaux forcés, mais que fautes de preuves, mon père
allait être libéré d'ici quelques jours.
Enfin la porte de ce parloir s'ouvrit et ma mère entra, la tête haute,
dominant ses larmes. Elle me demanda doucement si j'étais au courant du verdict
du conseil de guerre. Je lui ai répondit que Oui. Elle me dit qu'il y avait une
possibilité d'un recours en grâce, et quoi qu'il advienne, il fallait toujours
avoir du courage, que j'étais plus malheureux qu'elle. Ce noble cœur fut gracié
par l'intervention du Marquis de Villalobar, Ambassadeur d'Espagne. Elle fut
alors incarcérée à la prison de Vilvoorde, ancienne correction désaffectée bien
avant la guerre de Un peu plus tard, Robert fit le déplacement pour apercevoir sa mère arrivant d'Anvers avec
le convoi de prisonnières politiques en gare de Vilvorde avant de rejoindre à
pied la sinistre prison : "Derrière
les barbelés, je pouvais faire des signes à ma mère, toujours aussi courageuse.
Lorsque le convoi des prisonnières se mit en route à pied en formation militaire,
avec les gardes allemandes et des chiens policiers, ma mère en tête marchait en
chantant "Vers l'Avenir" et la "Marseillaise"! Par le témoignage de Robert, l'on perçoit avec émotion le caractère héroïque de Jeanne et la
situation tragique de toute une famille. Que de douleurs pour cette mère qui
contient ses larmes en pensant à ses deux gamins! L'un seulement âgé de 11 ans
et qui doit se débrouiller seul et un autre de 14 ans, capturé la "main
dans le sac"' alors qu'il remettait un message chiffré à un courrier dans
l'église de Comment Robert
survécut seul dans Bruxelles occupé Mais revenons au petit Robert! Après l'arrestation de toute sa famille,
Robert vécut seul dans la maison familiale sans feu, sans argent, sans charbon!
Des fonctionnaires allemands qui occupaient une maison voisine eurent
finalement pitié de lui et par-dessus le mur il reçut régulièrement emballé
dans un journal des restes de nourriture! Après sept semaines d'interdiction de
sortie de la maison, les Allemands lui donnèrent la permission de se rendre à,
la soupe communale située dans l'avenue Louise. Le gamin de dix ans reçut alors
journellement sa cruche de soupe chaude! Parfois il recevait un petit supplément:
"Lorsque, je prenais mon tour dans
la longue file, car il y avait aussi malheureux que moi, tout le monde avait
pitié de moi, alors l'une ou l'autre dame, avait pour moi un peu de pain avec
du miel. Vers Comment Robert
sauva le sceau de la ville de Bruxelles Robert vécut une aventure toute particulière alors qu'il vivait
seul dans sa maison. Les Allemands avaient découvert que le sceau de la ville
de Bruxelles employé pour réaliser de fausses cartes d'identité se trouvait
caché chez lui. Lors des interrogatoires à Vers
la fin de décembre 1917, alors que j'étais toujours sous surveillance, très
souple, rare que je voyais un policier allemand, je reçu un matin la visite
d'une très élégante jeune femme. Elle parlait le français et me remit une
courte lettre de ma mère ainsi que du chocolat, chose rare à l'époque! Emme me
fit savoir qu'elle avait été en cellule avec ma mère, mais avait purgé sa peine
et était de retour chez elle depuis deux jours. Que ma mère lui avait demandé
que je lui remette le sceau de la ville de Bruxelles dont je connaissais la
cachette. Je ne comprenais pas comment la police allemande aurait laissé passer
la visiteuse! Malgré le charme de la belle dame qui me tenait tendrement contre
elle, je fus pris de doute et elle ne tira pas grand-chose de moi. J'avais la
consigne de garder le silence. Les privations, le froid de ce rude hiver sans
feu, la grippe espagnole et le chagrin m'avaient rendu encore plus patriote. La
jolie dame n'était autre qu'Anna Marie Lesser dite "Fraulein doktor",
figure de proue de l'espionnage allemand pendant la guerre. Les
prisonniers Van Damme sont libérés enfin le 11 novembre 18 Au Printemps 1918, Robert reçu la permission de quitter
la maison pour trouver refuge chez Madame Lepage, l'ancienne servante de la
famille qui habitait sur la place communale de Laeken. La vie redevint normale
pour le garçon qui fut mis à l'école
communale. A l'armistice, la prison de Vilvorde s'ouvrit enfin et la famille se
retrouva réunie. Frans était cependant irrémédiablement marqué par son séjour en prison qui l'avait amaigri,
épuisé, rendu malade! Il se remit cependant
à la peinture. Le "HMS Thetis" un de ces fameux navire anglais qui
bloqua le port de Zeebrugge et empêcha les U-boot de sortir en mer fut
son dernier tableau. L’acquéreur ne fut autre que le prince régent Charles ! Quelques temps après l'armistice, Frans se sépara de son épouse. Sans doute n’avait-il
pas supporté l'aventure dans laquelle son épouse
l'avait impliqué! En très mauvaise santé à cause de sa captivité, il mourut
quelques années plus tard en 1925 dans un grand dénuement à l'Hospice Pacheco. Jeanne
Bourguignon mourut le 16 avril 1952. Elle reçut les honneurs militaires et
repose dans la pelouse d'honneur du cimetière de Verrewinkel! Conclusion Je ne sais pas le sort qui fut réservé au sceau de la
ville de Bruxelles qui fut sauvé par Robert Van Damme! Sans doute a-t-il
rejoint les archives de la ville de Bruxelles sans aucune considération envers
son glorieux passé car peu de personnes furent au courant de son histoire!
Puisse cet article faire ressortir de
son anonymat le sceau sauvé par un de nos gamin et qu’il devienne ainsi le symbole de la jeunesse
bruxelloise ! Dr Loodts P, ce 18 juin 2008 [1] Sources: 1) Mémoires (non éditées) du Capitaine Robert Van Damme, terminée à
Sangate, Kent 1974. 2) Nos Héros, nos martyrs de Remerciements à Madame Hardcastle-VanDamme qui a bien voulu me confier
l' histoire émouvante de la famille Van Damme-Bourguignon [2] René Van Damme peut être considéré comme le plus jeune prisonnier politique
belge de [3] Robert Van Damme devint aussi un
héros anonyme de la seconde guerre. Robert eut une brillante carrière d'officier de Pendant la deuxième guerre mondiale, son
navire le S/S Julia fut désigné comme navire de ravitaillement devant faire partie de la flotte du
débarquement de Normandie! Le navire
belge fut chargé de 500 tonnes de munitions et d'explosifs et de 100 tonnes de benzine pour les chars. Le
navire débarquera tout cela après s'être
échoué sur la plage devant St Laurent
sur Mer. Le capitaine de la marine marchande Robert Van Damme, le 7 juin 44
profitera d'un "D.U. K.W", camion amphibie pour enfreindre la
consigne de rester sur le navire. Il évoquera plus tard son émotion en foulant
la côte normande libérée: A Saint Laurent sur Mer, les batteries allemandes sont
silencieuses, leurs servants sont morts, il y en a partout. D'autre part, sur
la plage, alignés comme à l'exercice, couverts d'une couverture, les soldats
d'Amérique attendent une sépulture. Près d'un canon de 88, éclaboussés de sang,
se trouvent les restes d'un petit mur de ferme, avec un rosier, de belles roses
rouges. Avec précaution, je cueille une belle rose, que je place dans la poche
de mon "battle-dress". Cette rose sera la première "rose de
France" à franchir Dommage que robert n'ai jamais reçu
sa croix de guerre! Et pourtant, il la méritait comme d'innombrables marins
Belges qui firent leur devoir sur les bateaux de la marine marchande belge au
service des alliés. Un devoir impressionnant : 71 navires belges sur les
101 que comptait la flotte belge furent coulés et plus de 2.000 marins belges
perdirent la vie! |