Le camembert a-t-il participé à la victoire des poilus[1] ?

Chaque poilu s’en est nourri grâce aux producteurs normands qui décidèrent d’offrir une journée de leur production à l’armée française. Cette initiative en vue de soutenir le moral des troupes remporta un immense succès et fut à l’origine, après la guerre, de la diffusion fulgurante du camembert dans tous les foyers de l’hexagone ! Tombé dans le domaine public en 1926, il devint la proie des fabricants de pâtes molles en tout genres : comme le « camembert pasteurisé » produit n’importe où dans le monde ou le  « camembert de Normandie », uniquement d’origine normande comme son nom l’indique, mais lui aussi pasteurisé. Il faut attendre 1983 pour que le véritable camembert de  Normandie – celui au lait cru – bénéficie de la protection d’une appellation d’origine contrôlée » le distinguant de ses concurrents ! Aujourd’hui seuls une dizaine de producteurs sont autorisés à s’en réclamer car les règles sont strictes : chaque fromage, moulé à la louche ou non, ne peut être réalisé qu’à partir du lait de vaches élevées exclusivement en Normandie. D’un diamètre oscillant entre 10 et 11 cm, son poids ne doit pas excéder 350 gr. Il faut l’acheter souple au toucher (« fait à cœur »), une croûte naturellement blanche et fleurie protégeant sa pâte onctueuse, jaune et bien lisse.

Dr P. Loodts