Médecins de la Grande Guerre
Accueil - Intro - Conférences - Articles
Photos - M'écrire - Livre d'Or - Liens - Mises à jour - Statistiques
Florian, brancardier
dans un train sanitaire, retrouva à Calais l'amour de sa jeunesse Michel Auverdin, petit fils Florian-Joseph Auverdin naît le 15 juin
1889 à Pommeroeul (Hainaut), où son père Paul est instituteur. Toute sa
famille, tant du côté paternel que maternel est originaire de Blaton, commune
voisine. A sa naissance, il a une sœur, Paula. Une autre fille, Adrienne, viendra
agrandir la famille quelques années plus tard. Florian dans la classe de son père, il est face à l’instituteur qui lui pose la main sur l’épaule. Au moment du choix professionnel,
Florian suit les traces familiales, sa sœur aînée est aussi devenue
institutrice primaire. Il fréquente ainsi l’Ecole Normale primaire de l’Etat à
Mons, où il y est interne. Florian à l’Ecole Normale primaire de l’Etat à Mons, il au 3ème rang, le 3ème en commençant par la droite. A sa sortie d’école, Florian est désigné sous-instituteur à Blaton. A la recherche d’un poste d’instituteur, le jeune diplômé obtient un remplacement à Grandglise, commune voisine de Blaton. Si l’été, le midi, Florian peut rentrer chez lui en vélo ; l’hiver, c’est le receveur communal de la commune, Edouard Defernez, artisan cordonnier, qui invite le nouvel instituteur à manger son casse-croûte chez lui. Nul doute que son épouse Marie lui offrira un grand bol de soupe chaude! Le jeune homme mange ainsi en compagnie de la famille Defernez et, s’il aime le potage, il apprécie aussi beaucoup le charme des deux jeunes filles de la maison, Lucienne et Germaine. L’aînée, Lucienne, née le 31 janvier 1890, éprouve aussi quelques attirances pour le visiteur... Pour quelques sourires échangés, elle cherche à croiser Florian sur un chemin de campagne. Elle prétexte alors une sortie, et parcourt le sentier derrière le château des Duchateau au moment même où Florian l’empruntera. Viendras-tu au bal de Grandglise ? lui demande-t-elle. Edouard, trompettiste dans l’orchestre, a en effet autorisé ses filles, Lucienne et Germaine, à l’accompagner lors de cette fête du village. Ce soir-là, Florian n’a dansé qu’avec Lucienne, et Germaine a fait tapisserie... Lucienne Defernez, jeune fille. Les semaines et les mois s’égrènent... Florian a-t-il évoqué sa rencontre à son
père ? Dans le même temps, la vie de Germaine a
entraîné celle de Lucienne... La gare centrale et le Central Hôtel à Calais Le 4 août 1914, l’Allemagne envahit la
Belgique. Florian connaît ainsi de près tous les
épisodes de cette période de guerre, jusqu’au retrait de l’armée derrière
l’Yser. Il évoque notamment, dans une lettre retrouvée dans son dossier
militaire et datée du 22 novembre 1920, des faits de guerre auxquels il a
participé. « Or, lorsque les fusiliers marins sont arrivés en 1914 sur les bords de l’Yser, près du cimetière de Dixmude, avec le Docteur Vander Ghinst, alors Commandant, nous avons relevé le soir de l’attaque un grand nombre de fusiliers marins que nous avons transportés et soignés toute la nuit dans l’hôpital Saint Jean.(…) Le lendemain, à l’aube, accompagnant toujours le Docteur Vander Ghinst, nous avons découvert cachées derrières des meules, des mitrailleuses allemandes. C’est moi-même qui ai averti, par un ordre que le Docteur écrivit sur une page de son block-notes, et le Commandant du 11ème de ligne, Hart je crois qui se trouvait à droite face à l’ennemi et le Commandant des fusiliers marins qui se trouvait à gauche. Avec le Docteur Bruyère, actuellement docteur au Corps de Gendarmerie, nous avons soigné quantité de soldats des troupes coloniales françaises, alors que le Docteur Français venait d’être tué à nos côtés par des Allemands qui avaient passés l’Yser et que les noirs et les fusiliers marins embrochaient en face de la porte de notre poste de secours. » Quelques temps après ces faits évoqués… A Calais, à la gare centrale, un train
sanitaire entre en gare et les militaires s’affairent pour le décharger... Est-ce
un manque de nourriture, un froid trop grand ou une chaleur trop forte, voici
que sur le quai un jeune militaire tombe inconscient. Florian est brancardier
et de service à ce moment-là, il est auprès de l’homme inanimé. Il réclame une
bouteille d’éther à l’assistance. Germaine est là, venue du buffet de la gare,
elle a reconnu celui qui a fait chavirer le cœur de sa chère sœur. Elle appelle
Lucienne et lui confie le flacon d’éther avant de la prier de se dépêcher
auprès de l’homme au malaise. Florian, brancardier est photographié avec son brassard. Au verso de cette carte postale envoyée à Lucienne à Calais, il écrit : « Encore un souvenir de guerre de ton Florian » Le 5 septembre 1915, Florian est évacué
sur l’hôpital maritime de Cherbourg pour une carie dentaire étendue contractée
par intoxication. Florian
écrit un poème le 28 août 1916, qu’il dédie à son ami Stan. Le Brancardier « Le Champ couvert de morts sur qui
tombait la nuit Et dans la morne plaine où le canon
s’est tu La fusée lumineuse jetée par l’ennemi Où est-il ce blessé qu’il recherche
vainement ? Et la fusée lumineuse jetée par l’ennemi Le garrot bientôt mis, la bande déroulée Et les fusées lumineuses aux lueurs
vacillantes
Le 25 septembre 1916, Florian est attaché à la Compagnie des subsistants
de Calais. Le 18 novembre 1916, Florian épouse
Lucienne à Calais. Aucun des parents des mariés n’est présent à la cérémonie. Florian et Lucienne, Germaine derrière eux. Aucune photo de ce mariage d’amour. De longues années, Lucienne conservera précieusement dans une armoire ses bottillons de mariage en moiré et, à l’occasion, elle les montrera fièrement à ses enfants. Ils avaient été confectionnés sur mesure par son père cordonnier, pour l’évènement. Seul, le menu du repas de mariage est arrivé jusqu’à nous. Le menu du mariage de Lucienne et Florian au Central Hôtel de Calais Incontestablement, le chef de la cuisine du Central Hôtel a montré tout son savoir-faire à l’occasion du mariage de la sœur de la gérante. Une courte parenthèse de bonheur dans cette époque si troublée. Pour vivre les débuts de leur vie de jeunes mariés, Florian et Lucienne emménagent un petit appartement dans le centre de Calais. La vie de militaire reprend et avec elle, des petits billets doux envoyés que l’on conserve, pliés et repliés encore, toute une vie, au fond d’un portefeuille pour vivre plus fort et se sentir aimé. Deux billets envoyés à Florian par Lucienne peu de temps après leur mariage Le 15 juin 1917, il passe A.F.N. avec le matricule 8127. Le bracelet militaire de Florian à partir du 15 juin 1917. Le 16 décembre 1918, les bureaux pour
lesquels il travaille sont transférés à Anvers. Florian a obtenu plusieurs décorations
de guerre : Croix de guerre avec palmes, Médaille de Liège, Médaille de
l’Yser, Médaille commémorative et médaille de la Victoire. Pour tous ceux qui ont connu Florian, il
était un homme sensible, profondément humain, bon mais aussi farceur et aimant
rire. Tout comme son père, il s’est beaucoup investi dans la vie associative du
village, Callenelle, où il a fait sa carrière d’instituteur. Il est décédé inopinément d’un malaise cardiaque le 12 novembre 1956, au lendemain d’un anniversaire de l’armistice. [1] Merckx, J., 1876-1976 Cent ans au service du Peuple, l’Ecole Normale Primaire de l’Etat à Mons, Mons, 1978. |