Médecins de la Grande Guerre
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Le
brancardier Camille Estienne Né le 21 octobre 1893 à Feluy, Camille Estienne est l’aîné d’une famille de 6 enfants. Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Bonne Espérance, près de Binche. Lorsque la guerre éclate, il est séminariste,
c’est-à-dire qu’il suit les cours d’une
section de philosophie préparatoire au
grand séminaire de Tournai. Voici
comment il relate les événements du 1er août 14 : « A 8 heures, nous sommes tous à la
salle d’étude ; les feuilles blanches sont prêtes pour l’examen. Monsieur Lecouvet a ses questions en mains… On sonne, la prière est
dite… mais voici que, du fond du corridor, le sonneur accourt, annonçant
l’arrivée de Monsieur le Président ; en effet, très émotionné, il entre
« messieurs, vu les circonstances assez graves, vous pouvez partir tout de
suite, au premier train ; montez au dortoir pour faire vos malles ».
A pareille nouvelle, suit un mouvement bien instinctif de Joie, pas d’examen,
on retourne !!! » Il a 20 ans et, en tant que séminariste, il est mobilisé comme brancardier dès le 3 août. Il va donc vivre la désorganisation des services médicaux au début de la guerre, la retraite vers Anvers et puis vers l’Yser, les conditions de vie dans les tranchées, la boue, le froid, les rats et les poux. Il est confronté à la souffrance et à la mort de proches, notamment de son cousin Grégoire Jurion, 18 ans, blessé par un éclat d’obus à Steenstraat lors de la première attaque aux gaz allemande. Il correspond régulièrement avec lui et ils se rencontrent lorsqu’ils sont en repos. Ce dernier était, avant la guerre, comme Camille, élève à Bonne-Espérance et il a aussi rédigé, jusqu’à la fin, un carnet de guerre moins soigné mais fourmillant de détails intéressants comme les fraternisations de Noël 1914. Camille (1er en haut à gauche) en repos à Alveringhem avec d’autres brancardiers chez « Mademoiselle Elodie » Camille relate tous ces événements dans
des carnets qui sont exceptionnels. En effet non seulement il possède une
écriture très agréable, mais, de plus, il illustre son récit de récapitulatifs,
de photos, de plans précis, de dessins remarquables qui rendent son texte
passionnant. Carnets du jeune séminariste
de Feluy). Il les destine à ses parents et les met
en forme à partir du 30 mars 1915,
vraisemblablement, vu la précision des données, à partir de notes prises
au vol. Ils couvrent la période du 1er août jusqu’à fin juillet
1915. Pourquoi pas plus tard ? On
peut supposer que ce travail lui demandait trop de temps ou tout simplement
que, le front se stabilisant, il y avait moins d’événements à relater.
Notre brancardier survit à la guerre, étudie au Grand Séminaire de Tournai, est ordonné prêtre en
1922 et revient au collège de Bonne Espérance en tant que professeur. En 1929,
il devient directeur de l’Institut Saint-Victor de Fleurus et il sera nommé
doyen d’Ath en 1941.
En avril 1944, il est arrêté et subit l’horreur des camps de
concentration. Il mourra en mars 1945 lors des marches d’extermination
organisées par les Nazis à la fin de la guerre. Jean Warnon |