Médecins de la Grande Guerre
Accueil - Intro - Conférences - Articles
Photos - M'écrire - Livre d'Or - Liens - Mises à jour - Statistiques
Arthur-Isidore Dumas, une
destinée semblable à celle de Papa Merx ! Nous ne possédons malheureusement que cette photo d’Arthur-Isidore
Dumas en uniforme de Zouave pontifical. Engagé au service du pape en 1867
durant trois ans, il reçut lors de la bataille de Mentana (cette bataille vit
la défaite de Garibaldi face aux forces pontificales) sa première blessure. Photographie d’un zouave pontifical vers 1865, par Fratelli D'Alessandri, Rome. Source : collection d’histoire lombarde. Le Français Arthur-Isidore Dumas, né en
1850 à Saint-Etienne fut de la même génération et de la même trempe que notre
héros belge Papa Merx, né en 1849. Tous les deux
devinrent célèbres par leur pugnacité à vouloir combattre alors qu’ils
approchaient des septante ans ! Curieusement, ces deux combattants se
côtoyèrent en 1870 alors qu’ils étaient des jeunes gens. Durant la bataille de
Sedan, alors que le sergent Papa Merx patrouillait à
cheval le long de la frontière française pour désarmer les blessés français qui
pénétraient en Belgique pour s’y faire soigner, le sous-lieutenant Dumas
participait, à quelques kilomètres de là, à la charge de cavalerie du général
Marguerite contre les carrés prussiens. Décimés à plusieurs reprises par les
canons et fusils Dreyse (les premiers fusils qui se
chargeaient par la culasse), les cavaliers se reformèrent plusieurs fois pour
se jeter de nouveau à l’ennemi. Le général Marguerite, les joues transpercées
par une balle continua par gestes de commander ses cavaliers mais mourut cinq
jours plus tard de ses blessures en Belgique, à Beauraing. Il est fort possible
qu’à la frontière, le sergent Merx ait contrôlé le
convoi transportant le général blessé. Le général blessé indiquant du doigt l’ennemi à affronter dans une nouvelle charge. Tableau de James Alexander Walker Le sous-lieutenant Arthur-Isidore Dumas
fut aussi blessé lors de ces charges meurtrières. Fait prisonnier des Prussiens,
il réussit cependant à s’échapper et rallia les siens. Plein de vaillance, il
restera dans les rangs de l’armée et on le retrouvera en Tunisie, au Gabon, à
la Côte d‘Ivoire et au Soudan ! Quand l’âge de la retraite sonne à
soixante ans, l’intrépide officier quitte l’armée française pour se porter
volontaire pour, avec les Boers, combattre les Anglais au Transvaal ! Il
est fait prisonnier mais s’échappe et, via la colonie portugaise, rejoint la
France. Il se marie en 1901 mais son épouse décède le 27 avril 1914. Enfin,
quand la guerre de 1914 éclate, rien ne le retient et il se porte volontaire pour rejoindre ses
frères d’armes mais on le refuse ! N’est-il pas âgé de 64 ans ? Qu’à cela ne tienne, il parvint
à se faire engager en Belgique, fait le coup de feu mais, est fait prisonnier à
Charleroi. Il s’échappe pour rejoindre
l’armée française qui cette fois ne fait plus la fine bouche pour le reprendre
avec son grade de capitaine. Il arrive à temps pour combattre sur la Marne
avec le 1er de marche d’Afrique. Il y reçoit six blessures puis,
guéri, part aux Dardanelles. Quand il rentre en France, il est capitaine au 44ème
d’Infanterie et participe aux débuts de la bataille de Verdun, le 26 et 27
février, en défendant le village de Bezonvaux attaqué
par les Allemands. Environ de Verdun - Bezonvaux, une rue du village en ruines La chapelle commémorative du village disparu de Bezonvaux Le commandant Kah
est blessé et c’est Dumas qui prend le commandement du bataillon. Alors qu’il
est sur un mur, une balle lui traverse les deux fesses ! On veut
l’emporter mais il refuse. L’ennemi se rue sur lui mais il se dégage et, sous
le feu des mitrailleuses, parvient à rejoindre les positions qui résistent
encore. Le village, finalement investi totalement par les allemands, le
bataillon fait retraite. Cependant, la nuit, le capitaine Dumas profite de
l’obscurité et d’une tempête de neige pour réaliser un nouvel exploit : il
pénètre à travers les avant-postes allemands et parvint à retrouver le commandant
Kah qu’il ramène dans ses lignes. Dumas peut maintenant se faire soigner à
son tour. Il guérira de cette blessure comme des autres. A ce propos, notons l’amusante
anecdote sur son état de borgne acquis auparavant sur un de ses nombreux champs
de bataille. Il était connu qu’Arthur-Isidore disait disposer de deux tenues
pour son œil manquant : la « tenue de combat » montre l’orbite vide, la « tenue de
sortie » est son œil de verre. Un jour, il vint rechercher chez un
horloger sa montre en réparation. L’artisan ne le reconnait pas et refuse de la
lui rendre. « Je comprends, explique l’officier, j’avais ce matin ma tenue
de combat et je vais la reprendre ». Arthur-Isidore enlève alors son œil de verre et l’horloger très étonné
reconnaît enfin son client ! Le capitaine, à nouveau rétabli, se
retrouvera sur le champ de bataille de la Somme pour un dernier combat. Clery (Somme) - Le village en ruines Clery (Somme) - Le village en ruines Le 12 août 1916, alors que son régiment doit
monter à l’assaut à Cléry, Dumas « avait son sourire
des jours de bataille… », ont raconté des témoins.
Deux minutes avant l’attaque, il a tiré de sa musette une bouteille et crié « A
la santé de la France… », avant de s’élancer hors de
la tranchée sous les balles. Il s’affaisse, frappé par une balle de
mitrailleuse, tandis qu’il mène l’assaut. Ses soldats l’adorent et quatre d’entre
eux se précipitent pour l’évacuer mais, au moment où ils l’emportent, une balle
lui fracasse la tête. Ainsi mourut ce guerrier de 68 ans qui eut moins de
chance que Papa Merx ! Si Dumas avait survécu à
la guerre, nul doute que ces deux « vénérables anciens » se seraient rencontrés
lors de l’une ou l’autre commémoration ! Le capitaine Dumas est officier de la
Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre 14-18, de médailles
coloniales avec agrafes Algérie et Côte d'Ivoire, de la croix d’officier dans
l’Ordre tunisien du Nicham Iftikhar. Dans les Pyrénées, à Lons-le-Saunier,
ville de garnison qui hébergea le 44ème d’Infanterie, le stade
municipal porte le nom d’Arthur-Isidore Dumas. Soldats et drapeaux du 44ème RI à Paris le 14 juillet 1917. Dr
Loodts P. |